Archive pour août, 2018

Des couleurs

21 août, 2018

« Ma couleur préférée, c’est le bleu. »

« Allons bon, voilà une nouvelle intéressante. Et pourquoi donc ? »

« Le bleu c’est le ciel, la mer… Bref, des choses inspirantes… Des trucs qui permettent la poésie… De s’élever au-dessus de la grisaille du quotidien ! »

« Je vois, mais dans le genre naturel, il y a aussi le vert des prés et de la forêt. Il y a de quoi s’évader aussi ! »

« Certes, mais dans le bleu, il y a une sorte d’équilibre entre l’éclat du jaune et la tempérance du vert. C’est un résumé de ma personnalité, je suis un mélange de brillance et de modération, de scintillement et de modestie. »

« Ah bon, vous êtes donc bleue ! »

« Exactement. En plus, il y a une sorte de noblesse dans le bleu. Quand vous êtes de sang bleu, ça veut dire que vous êtes d’origine royale ou impérial. »

« On parle aussi du bleu de travail. »

« Voilà, vous avez vu juste : je suis à la fois d’une grande noblesse, mais je n’oublie pas la valeur du travail ! »

« C’est complet ! C’est vrai qu’être jaune, ça n’a pas l’air de grand-chose. Ça rappelle un air maladif, tout au plus. »

« Et je ne vous ai pas parler du cordon-bleu que je suis. A-t-on jamais vu un cordon-marron ? Ou un cordon-vert ? »

« Pourtant, la couleur bleue peut être connoté négativement : on dit ‘bleu de colère’ ! »

« Certes, mais ce n’est pas négatif. C’est une sorte d’avertissement. Si je deviens bleue, c’est pour vous prévenir que je ne vais pas tarder à vous casser la figure. »

« Remarquez que, dans cette circonstance, vous avez le choix entre être ‘bleue de colère’ ou ‘blanche de rage’ »

« Non, le blanc ne me va pas. Et vous c’est quoi votre couleur ? »

« Le marron qu’il ne faut pas confondre avec le brun, évidemment. »

« Mais alors comment vous faites pour faire de la poésie à partir du marron. »

« Euh… je n’en fais pas. Je suis un être viril. Je suis plutôt du genre à mettre un marron à des gens qui m’importunent ! »

« Vous devriez essayer le gris, ça vous adoucirait le caractère. »

« Je ne vois pas l’utilité du gris. En plus, il a très mauvaise réputation. Je ne bois pas d’alcool, je ne vois pas comment je pourrais être gris. Et puis comment le gris ne se prête pas plus à la poésie que le marron. »

« Mais ça peut rappeler aussi votre intelligence, vous avez beaucoup de matière grise. »

Popopopopopo !

20 août, 2018

A Pau

Où ne passe pas le Pô,

Je n’ai pas de pot.

Les Peaux-Rouges

Autour d’un pot-au-feu

Chantent un pot-pourri,

En buvant un pot

Et en jouant du pipeau.

Chapeau !

Prévisions

19 août, 2018

« Je suis infaillible. »

« Vous vous prenez pour le pape ? »

« Non, mais le fait est que je ne me trompe jamais. »

« Vous devez être sollicité ? »

« Oui, tout le monde me demande mon avis sur tout. C’est assez fatigant. »

« Vous n’avez qu’à faire des erreurs, ça découragera les importuns. »

« Je ne sais pas faire. Et puis c’est très mal. Comment voulez-vous que je dise qu’il va faire beau, alors que je sais qu’il va pleuvoir. Un homme si attentionné aux autres comme moi ! Vous n’y pensez pas. »

« D’où vous viens ce talent, Maître ? »

« Dès l’enfance, je réussissais à faire des prévisions. Par exemple, je prédisais qu’il y aurait du poisson à la cantine du collège, tous les vendredis. »

« En effet, c’est très fort. Comment expliquez-vous le succès de vos prévisions ? »

« En fait, ce que je dis est d’une telle force que la réalité est obligée de se plier à mes discours. C’est pour ça que je ne veux pas pronostiquer les résultats des prochaines élections pour ne pas rendre inutile le vote. »

« Oui, ce ne serait pas très démocratique. »

« Ne jamais se tromper, c’est assez démoralisant. Par exemple, je savais très bien que Dugenou allait être absent le vendredi de Pentecôte pour se payer un week-end de 4 jours. »

« Et alors ? »

« Alors, je lui ai rédigé moi-même son arrêt maladie pour aller plus vite. C’est comme le rapport que Mollard devait me rendre demain. Je suis tellement sûr qu’il va être en retard que j’ai rédigé le rapport moi-même. Je me le remettrai à moi-même demain, en présence de Mollard évidemment. »

« Si vous anticipez toutes les insuffisances des autres, je comprends votre fatigue. » 

« Il n’y a pas que ça. Parfois, je vais au collège pour m’excuser des frasques de ma gamine. La directrice est un peu étonnée parce qu’elle n’a encore rien fait. Je suis obligé de lui dire que ça ne va pas tarder. Huit jours plus tard, j’ai raison, mais comme je me suis déjà excusé, je suis tranquille. »

« Et ça marche avec le tirage du loto ? »

« Oui, ça pourrait marcher, mais j’ai de la moralité. Pour qui me prenez-vous ? Avouez que ce serait de l’argent bien mal gagné ».

« Euh… moi je n’ai pas tellement de moralité…. Confiez- moi les numéros gagnants. Tout ça restera entre nous. »

On fait comme je dis !

18 août, 2018

« Moi, je dis les choses comme je les pense. Je suis donc vachement courageux. Par exemple, j’ai dit à Dugenou qu’il parlait trop fort dans le bureau ce qui m’empêchait de me concentrer, j’aime autant vous dire que je n’ai pas hésité. »

« Donc, maintenant, il parle moins fort. »

« Non. Mais je lui ai dis ce que j’en pensais. »

« Vous auriez pu vous amener avec des écouteurs sur les oreilles pour insinuer que vous aimeriez mieux entendre autre chose que sa grosse voix. »

« Je vois ce que c’est : c’est moi qui doit faire des efforts. »

« Ben non… mais comme lui n’en a fait aucun, on est toujours au même point. Même si vous êtes très courageux. »

« Tout ça, c’est du baratin. Moi, je suis plus simple. Quand j’entends que Ginette passe trois heures au téléphone, je lui dis : Ginette, tu passes trop de temps au téléphone. »

« Et, elle vous a dit qu’elle allait réduire sa consommation téléphonique. »

« Non, elle m’a répondu : je fais ce que je veux ! »

« Vous auriez pu lui glisser sous les yeux votre facture téléphonique. »

« J’vous jure. Si les gens n’étaient pas aussi susceptibles, la vie en collectivité se passeraient beaucoup mieux. »

« Et oui ! Le problème c’est qu’un être humain ne se limite pas à son enveloppe corporelle, il a un truc qui s’appelle l’amour-propre qui lui interdit de se laisser dévaloriser par quiconque. Chaque fois que vous ne tenez pas compte de ce truc, vous risquez d’obtenir un effet contraire à celui que vous espérez. »

« C’est bien trop compliqué ces salamalecs. Quand je dis quelque chose, on doit faire comme je dis. C’est comme ça que ça doit être et puis c’est tout. »

« Si on vous dit qu’avec vos manières péremptoires, vous cassez les pieds à tout le monde ? Moi aussi, j’ai le courage de vous le dire.»

« Ah ! Ah ! Je vois ce que c’est, monsieur prend la défense de tous les pétochards. »

« Vous vous rendez compte que tous les apprentis dictateurs ont très mal fini ? »

« Je ne suis pas un dictateur, je veux qu’on fasse ce que je dis. »

« Bon, alors, je vais prendre les choses autrement : je suis le leader de la Révolution Populaire et je vais vous enfermer dans le placard à balais ! »

« Je m’insurge contre l’emploi de la violence ! Je compte sur les forces de l’ordre pour rétablir le calme démocratique. »

« Vous refusez la négociation. »

« Non, on peut discuter, mais au final, on doit faire comme je dis. »

Récré

17 août, 2018

Cré nom de nom !

Ces crétins

De créanciers

Crétois,

Aux cheveux crépus,

Riches comme Crésus

Me parlent de leur créance,

Au crépuscule,

A ma crémaillère.

Encouragements et félicitations

16 août, 2018

« Recevez mes félicitations ! »

« Oh, je n’ai pas fait grand-chose, vous savez ! »

« Je sais, je sais ! Mais je félicite tout le monde pour le cas où vous auriez fait quelque chose de bien qui m’aurait échappé. »

« C’est-à-dire que je n’ai pas fait grand-chose de bien récemment. »

« Cherchez bien. Parfois, on fait des choses correctes sans s’en apercevoir. Vous n’auriez pas manger 5 fruits et légumes par jour, par exemple ? »

« Non, c’est bien trop astreignant. »

« Bon, alors … quand je ne vous félicite pas, je vous encourage… »

« Vous m’encouragez à quoi ? »

« A faire quelque chose de bien. »

« Pourquoi faites-vous tout ça ? »

« Il y a tellement de gens qui s’autorisent à critiquer leurs voisins, voire même à mépriser leurs modes de vie. Moi, j’ai décidé de délivrer des messages positifs. »

« C’est sympa. Vous ne critiquez même pas les barbecues des Dugenou qui enfument tout le quartier ? »

« Non, je ne critique pas, sinon ils ne m’inviteront plus. Je les encourage au contraire à suivre des cours de barbecues. »

« Et pour mon mariage, vous ne m’avez pas félicité. Pourtant ça se fait ! »

« Oui, mais là, j’ai un problème … Je préférerai délivrer des encouragements. Je vous féliciterai quand vous aurez tenu le coup au moins 10 ans. C’est comme le coureur au pied du Galibier, on l’encourage d’abord et on le félicite au sommet. »

« Vous pourriez aussi me couvrir de louanges pour ma récente promotion professionnelle. »

« Non, là, ce serait un peu exagéré. Vous avez bassement intrigué pour l’obtenir, il n’y a pas de quoi vous féliciter, à la limite je peux vous congratuler pour le caractère sournois et la bassesse de vos manœuvres. »

« Vous croyez que ça me fait plaisir d’être sournois ? C’est là que j’aurais besoin d’un message positif. »

« Bon d’accord ! Je vous félicite vivement, j’ai rarement vu une promotion aussi peu méritée, arrachée grâce à de magnifiques flatteries de la direction ! Félicitations ! »

« Je vous remercie, arrêtez ! Je suis très ému ! »

« Ce n’est rien mon ami, je vous encourage à être encore plus obséquieux. Une belle carrière vous attend ! »

Le vendeur de gants de Gand

15 août, 2018

A Gand

Sur un banc,

Je vends

Tant

De gants !

Mais … pan !

Je fiche le camp :

J’ai du sang

Sur les dents.

Encouragements et félicitations

14 août, 2018

« Recevez mes félicitations ! »

« Oh, je n’ai pas fait grand-chose, vous savez ! »

« Je sais, je sais ! Mais je félicite tout le monde pour le cas où vous auriez fait quelque chose de bien qui m’aurait échappé. »

« C’est-à-dire que je n’ai pas fait grand-chose de bien récemment. »

« Cherchez bien. Parfois, on fait des choses correctes sans s’en apercevoir. Vous n’auriez pas manger 5 fruits et légumes par jour, par exemple ? »

« Non, c’est bien trop astreignant. »

« Bon, alors … quand je ne vous félicite pas, je vous encourage… »

« Vous m’encouragez à quoi ? »

« A faire quelque chose de bien. »

« Pourquoi faites-vous tout ça ? »

« Il y a tellement de gens qui s’autorisent à critiquer leurs voisins, voire même à mépriser leurs modes de vie. Moi, j’ai décidé de délivrer des messages positifs. »

« C’est sympa. Vous ne critiquez même pas les barbecues des Dugenou qui enfument tout le quartier ? »

« Non, je ne critique pas, sinon ils ne m’inviteront plus. Je les encourage au contraire à suivre des cours de barbecues. »

« Et pour mon mariage, vous ne m’avez pas félicité. Pourtant ça se fait ! »

« Oui, mais là, j’ai un problème … Je préférerai délivrer des encouragements. Je vous féliciterai quand vous aurez tenu le coup au moins 10 ans. C’est comme le coureur au pied du Galibier, on l’encourage d’abord et on le félicite au sommet. »

« Vous pourriez aussi me couvrir de louanges pour ma récente promotion professionnelle. »

« Non, là, ce serait un peu exagéré. Vous avez bassement intrigué pour l’obtenir, il n’y a pas de quoi vous féliciter, à la limite je peux vous congratuler pour le caractère sournois et la bassesse de vos manœuvres. »

« Vous croyez que ça me fait plaisir d’être sournois ? C’est là que j’aurais besoin d’un message positif. »

« Bon d’accord ! Je vous félicite vivement, j’ai rarement vu une promotion aussi peu méritée, arrachée grâce à de magnifiques flatteries de la direction ! Félicitations ! »

« Je vous remercie, arrêtez ! Je suis très ému ! »

« Ce n’est rien mon ami, je vous encourage à être encore plus obséquieux. Une belle carrière vous attend ! »

Un, deux, trois…

13 août, 2018

A Autun,

Emile,

Ce gonze

Hideux,

Cette grande saucisse

A perdu ses chaussettes,

Dans un ravin

Etroit.

Il est indécent.

En retard

12 août, 2018

« Quoi ? Que me dites-vous là ? Il est 10 heures 30 ? »

« Et même 35 ! »

« C’est fou ! Le matin, je ne vois pas le temps passé ! »

« Remarquez avec vous, Dugenou, on a l’habitude : c’est toujours plus tard. Comme le rapport que j’attends depuis huit jours ! »

« Alors là, vous n’allez pas être déçu, patron ! J’épingle très sévèrement tous ces clients qui nous paient en retard ! »

« Oui, vous avez raison. J’aime bien qu’on soit à l’heure. Par exemple, vous, je ne vous aime pas beaucoup : vous avez une interprétation très personnelle des horaires de travail. »

« Il faudrait mettre en marche le régime des horaires variables, patron. Ça installerait nos rapports sur une base beaucoup plus saine. On apprendrait à mieux se connaître. »

« Oui, je vous signale que les horaires variables fonctionnent depuis six mois dans l’entreprise au cas où ça vous aurait échappé. »

« Ah oui ? Mince ! J’ai dû perdre mon badge. Maintenant avec toutes ces cartes pour ouvrir la porte de ceci ou de cela, on ne s’y retrouve plus. »

« Si je comprends bien vous pratiquez bien l’horaire variable, mais le vôtre ! »

« Oui, avouez quand même que c’est plus sympa de suivre son propre rythme plutôt que celui des autres ! »

« Et pour vos congés, vous êtes rentré aussi plus tard que prévu ! »

« Tout à fait ! Nous étions à la découverte de la Toscane, mais entre les massages de Georgette, les devoirs de vacances du petit, mon stage d’œnologie, je n’avais pas assez de jours pour faire tout ce que j’avais prévu, j’ai été obligé d’en rajouter. Vous comprenez ? »

« Tout à fait, Dugenou ! J’adore vos capacités d’initiative !  Il est 11 heures 30, j’espère que je ne vous retiens pas trop tard. Je sais que c’est à cette heure que commence votre passage quotidien à la cantine. »

« Ne vous inquiétez pas, patron. Je décalerai mon heure de reprise à 15 heures 30. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Mollard à la cafeteria pour discuter de la saison du PSG. Vous avez un avis ?»

« Pas vraiment, non. Et pour mon rapport ? »

« Celui prévu la semaine dernière ? »

« Lui-même. »

« Là, j’ai besoin d’un petit délai supplémentaire. C’est très technique. Il me faut réfléchir pour vous proposer une stratégie adéquate. Je vous le promets pour après les vacances de Noël ! Comme dit le dicton : mieux vaut tard que jamais ! Hein, patron ! »

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