Archive pour mai, 2018

Savoir-Vivre

4 mai, 2018

« Revenons au savoir-vivre. »

« Ah bon, il faut un savoir pour vivre ? »

« Oui, sinon c’est le règne de la sauvagerie entre humains. Il y a même un cursus. Au niveau le plus bas, nous avons l’homme rustre, celui qui n’a aucune éducation. Au-dessus, on a l’homme tout-juste-poli. Le tout-juste-poli dit bonjour, mais ne tient pas la porte aux dames. Après nous trouvons l’homme courtois. Le courtois est presque parfait, mais il lui manque une touche de raffinement. Enfin, nous arrivons au stade sublime de l’homme du monde qui connait le manuel de savoir-vivre par cœur et qui – en plus – sait l’appliquer sans avoir l’air de l’appliquer. »

« Effectivement, j’ai du chemin à parcourir. »

« C’est à table qu’on repère le mieux le niveau d’études de chacun. Pour être à côté de la maîtresse de maison, il faut être important et homme du monde. C’est pour ça que vous êtes en bout de table. Vous avez de la chance parce que les rustres ne sont même pas admis à table, ils mangent à la cuisine. »

« C’est que j’ai un petit niveau ! »

« Je vois ça : vous parlez la bouche pleine, ce qui a pour effet que vous envoyez de la nourriture dans le décolleté de votre voisine. »

« Ah bon, mais il fallait bien que je dise quelque chose ! »

« Il y a des priorités. Quand vous êtes invité à dîner, le plus important, c’est de parler, pas de manger, encore moins d’avoir l’air de bouffer en se jetant sur votre assiette. Les hommes du monde, savent parler tout en mangeant et en ne faisant pas les deux à la fois ! »

« C’est un vrai métier ! »

« Tout à fait ! Si vous pouviez aussi poser votre couteau pour parler, vous risquez d’attenter à la vie de votre autre voisine. »

« Bon, je vais encore bosser un peu pour accéder au niveau tout-juste-poli. »

« Un exemple classique à connaitre pour passer ce premier examen. Vous allez avec une femme au restaurant qu’est-ce que vous faites ? »

« Je lui tiens la porte. »

« Pas du tout, vous entrez le premier pour vérifier que le lieu n’est pas mal famé et indigne d’elle. »

« Ah bon, il ne faut pas tenir la porte ? »

« Il faut faire les deux. Un homme du monde sait faire. Il tient la porte, puis se faufile devant la femme au prix d’un bel effort de souplesse. »

« J’ai besoin d’un rattrapage rapide pour recevoir mon patron et sa femme. Quelle galère ! »

« Pour un tout-juste-poli, c’est un peu compliqué, la première des choses quand on reçoit quelqu’un, c’est d’avoir l’air ravi de le recevoir. »

« Oui, mais là, je ne suis pas ravi, je suis plutôt obligé »

« Pfff …. »

De toute mon âme

3 mai, 2018

Madame,

A Bergame,

Des femmes

S’enflamment

Et acclament

Un polygame.

Je le proclame

Et je m’exclame :

Quel drame !

Montagnes russes

2 mai, 2018

A Monte-Carlo

Il n’y a pas de remonte-pente

Mais des monte-en-l’air

Qui volent des démonte-pneus

Et des descentes de lit.

La police a fait une descente

Sans en faire un plat.

La moutarde leur est montée au nez.

Car les voleurs ont marché sur leurs plates-bandes.

Il y a 50 ans …

1 mai, 2018

« C’est le cinquantenaire de mai 68. Je vais boire un petit coup pour fêter ça. Et puis j’irai déposer une fleur devant mon four à micro-ondes. »

« Qu’est-ce que vous vouliez faire, pépé, à cette époque ? »

« On voulait changer la vie. Briser les carcans et les tabous. Faire comme les parents, ça nous gonflait un petit peu. »

« Euh… c’est un peu raté, votre truc. Vous n’avez pas changé grand-chose. Il y a toujours des pauvres et des riches, des salariés et des patrons, des jeunes et des vieux, ceux qui restent et ceux qui partent en vacances… »

« Oui, peut-être qu’il y a eu un peu de récupération… mais ça ne fait rien. L’important pour une jeunesse, c’est de ne pas accepter l’ordre établi. »

« Le résultat, c’est que tout le monde a eu le bac, cette année-là. »

« Soit-dit en passant, ceux qui ont eu le bac en 68 ne se sont pas révélés plus bêtes que les autres et peut-être moins. Une bonne petite révolution, ça forme les esprits. »

« On peut aussi s’éduquer et se former sans lancer des pavés sur les CRS. »

« Il faut que les rancœurs s’expriment à un moment donné ! Sinon, vous allez former des générations de déçus et de gens blasés. Tu sais… dans le genre : de toute façon, quoiqu’on fasse, ça ne sert à rien, c’est toujours les mêmes qui commandent. »

« Si je comprends bien, pépé, tu voudrais un mai 68, chaque année. »

« Bof ! On en est plus là. Et puis, ça ne produira plus beaucoup d’effet. Un seul mai 68, ça permet d’en parler longtemps avec des trémolos dans la voie. Les anciens combattants ont besoin d’entretenir le souvenir de leur combat. De quoi vous souviendrez-vous avec nostalgie vous ? Je vous plains… »

« Si ! Dans cinquante ans, nous pourrons honorer l’arrivée de Neymar au PSG, ou alors la fin du tabac, ou bien les bonnes vannes qu’on s’envoyait sur Twitter ! »

« Euh …. Si je peux me permettre une critique, ça manque un peu de romantisme. Tandis que nos barricades, nos belles charges de CRS, c’était autre chose … »

« Autrement dit, tu crois que la paix sociale est ennuyeuse… »

« On pourrait dire que l’homme est un animal combatif par nature, il lui faut des motifs de révoltes. Heureusement, il reste le foot ! On va encore essayer de lever l’étendard de la révolte contre les allemands, les anglais ou les brésiliens. »

« Tu trouves ça bien de déchainer la haine des supporters ! »

« Non, tu as raison. Il faut faire des formations pour démontrer qu’on peut être combattant, mais un combattant distingué. »

« Bon… Enfin moi, je ne vois pas pourquoi il faudrait que je me batte contre quelqu’un. Je suis un non-combattant. Mais un non-combattant distingué. »

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