Jouer aux petits chevaux
10 mai, 2018« Vous avez vu ? Vous avez encore fini dernier du Grand Prix ! »
« Oui, je sais, mais je ne suis pas très à l’aise sur terrain lourd. »
« La dernière fois, votre excuse c’était que vous n’aviez pas pu déjeuner tranquillement. »
« Oui, ma digestion avait été sérieusement troublée. Vous croyez que c’est facile de courir dans ces conditions ? »
« Moi, je cours ce dimanche. J’ai une chance très sérieuse. »
« Vous ? J’en doute ! Vous n’avez pas fini votre dernière course. »
« Ça n’en valait pas la peine. Les autres m’avaient gêné. Et puis, il fallait que je me réserve pour dimanche prochain. Je vais tenter un gros coup. »
« Moi, je serai là aussi. J’ai élaboré une tactique imparable. Je m’excuse d’avance de vous dominer. »
« Alors là, je ris. Votre tactique, tout le monde la connait. Vous vous emparez de la corde et vous ne la lâchez plus. »
« C’est la seule méthode pour couvrir moins de terrain. »
« Si vous voulez ! Moi je m’en fous ! Je vais vous déborder dans la dernière ligne droite en venant du diable vauvert et le tour sera joué. »
« Vous ne tiendrez pas le coup, tandis que moi, avec mon air de rien, je vais en garder sous le sabot et je remettrai la gomme à 100 mètres de la ligne. Qui c’est qui va être bien surpris de se trouver distancé alors qu’il croyait gagner ? »
« Mon pauvre, vous allez être balayé par votre excès de confiance. La dernière fois que vous avez fini une course, j’ai eu le temps de boire un coup avant votre arrivée. Tout le monde se demandait où vous étiez passé. »
« Et vous, la dernière fois, vous avez refusé de prendre le départ. »
« Le niveau de la course n’était pas assez relevé. Je ne vais pas me mesurer à des tocards. Je risquerai d’y perdre ma pointe de vitesse. »
« D’après les derniers potins d’entrainement, il parait que vous n’êtes pas très en forme. Vos chronos ne sont pas bons. »
« Parce mes entraineurs n’ont pas encore compris que je n’étais pas du matin. Mais, je vous rappelle que le Grand Prix se court à 15 heures. C’est justement à cette heure-là que je peux me donner à fond. »
« Moi, je suis bon à toutes les heures de la journée. C’est ce qu’on appelle la régularité. Vous allez voir, je ne paie pas de mine, mais ça va rapporter ! Mon jockey qui n’a pas l’habitude va être surpris ! »
« A propos de payer, il parait que votre propriétaire est en faillite. »
« Dimanche, je vais gagner pour le renflouer. Et puis assez parler ! Aller manger dans votre râtelier et au lit ! Vous aurez besoin de forces pour me résister. »