Complications conjugales
6 mai, 2018« Madame, je vous offre cette rivière de diamants. »
« Vous êtes fou, mon ami ! C’est beaucoup trop, je ne puis accepter. »
« Ah bon ! Et pourquoi donc ? »
« Mon mari va voir ce cadeau ! Que vais-je lui dire ? Il va me faire un tas d’histoires ! Que je prenne un amant, il ne le supporte pas, mais qu’il me couvre de cadeau le plongerait dans une profonde affliction ! Je ne peux l’humilier davantage ! »
« Ah bon ! Il est donc pauvre ? »
« C’est-à-dire qu’Armand… comment dirais-je ? … suit attentivement les dépenses du ménage. »
« Un mari pingre ! Ce sont les plus terribles pour les amants ! Bon, j’ai là un petit collier en matière plastique. Vous pourriez dire que vous l’avez acheté à Monoprix en faisant vos courses de la semaine. Des fois, après avoir mis une botte de poireaux et un camembert dans son caddy, on s’achète des babioles sans trop savoir pourquoi ! »
« Certes mon ami, voilà une bien belle attention, mais … comment dire… j’aurais préféré la rivière de diamants. Vous comprenez… pour me faire oublier les liens sacrés du mariage, il me faudrait un cadeau qui me fasse perdre la tête ! »
« Vous ne pouvez pas être ma maîtresse, tout en gardant votre tête ! »
« Mon ami ! Les femmes ont besoin de rêver ! Un cadeau acheté à Monoprix, vous plaisantez ! »
« Bon, alors, abandonnons le collier. Un voyage à Vladivostok dans le transsibérien, ça fait perdre la tête, ça ? Vous pourrez toujours lui faire le coup du séminaire d’entreprise à Armand. A la Baule, par exemple. »
« Georges, vous voulez donc me perdre. Si je dis que je suis à la Baule, Armand va s’empresser de m’appeler pour vérifier… »
« Et alors ? »
« A Vladivostok, il n’y a pas de réseau. Et puis, il fait froid. Et puis c’est un cadeau trop cher pour que j’accepte. Si on en est là, je prends la rivière de diamants. »
« C’est-à-dire que tout compte fait, je le verrai mieux au cou de Marie-Alexandra. Elle, elle ne va jamais à Monoprix. Et puis, elle n’a pas un mari radin. Il ne va pas lui chercher des complications, il en a assez avec Marie-Micheline Poulard, sa nouvelle maitresse ! »
« Vous ne comptez pas sérieusement me faire porter un collier en plastique alors que le baron de la Moutardière vient de m’offrir un cabriolet Audi A3. »
« Et votre mari a accepté ? »
« Bien sûr, puisqu’il courtise la baronne. Si j’avais refusé la voiture, le baron aurait pleurniché dans les jupes de la baronne, laquelle l’aurait repris dans son lit, puisqu’elle en a marre de l’avarice de mon mari, qui fait toutes ses courses à Monoprix. »