Archive pour le 1 avril, 2018

Problème d’ego

1 avril, 2018

« Je suis bureaucrate. »

« Vous êtes content de votre situation ?»

« Oui, plutôt. C’est intéressant. Je ne bouge pas de mon bureau depuis lequel j’exerce une autorité sans partage, ça ne me coûte pas grand-chose et ça flatte mon ego. »

« Il doit être bien bas votre ego. »

« Oui, c’est pour ça que je dois en prendre soin. Dès son enfance, il a été blessé. Personne ne le prenait au sérieux. Maintenant, il se sent mieux. Il se gonfle d’orgueil parfois, je suis obligé de modéré son ardeur. »

« Vous avez raison, parce qu’un jour, vous n’aurez plus de bureau pour dominer le monde et vous vous trouverez en tête-à-tête avec votre ego. »

« C’est un souci, en effet. J’ai peur qu’il ne s’apprécie plus et qu’il tombe en dépression. On devrait pouvoir changer d’ego quand ça ne va plus. Une sorte de divorce, comme dans un ménage où on ne s’entend plus. »

« Non, ça n’existe pas. Une fois que vous l’avez-vous le garder. Faites attention qu’il ne tombe pas de trop haut. »

« Parfois, il me semble qu’il essaie de prendre ma place. L’air de rien, il me conseille de ne pas me prendre pour ce que je ne suis pas. »

« Ça arrive souvent, c’est un cas d’ego usurpateur d’identité. Il faut faire attention, certains egos sont si démesurés qu’ils se prennent facilement pour quelqu’un. »

« Et alors ? Dans ce cas, c’est donc le propriétaire qui se retrouve à la place de l’ego ? »

« Oui, ça peut être douloureux pour lui et son entourage, puisqu’il ne fait que ce que commande son ego. Il pourrait très bien par exemple vous empêcher de regarder le foot à la télé en vous démontrant qu’il ne s’agit là que de 11 guignols qui courent après un ballon. »

« Vous avez raison. C’est une grave maladie. Dorénavant je vais faire preuve d’humilité et de modestie. »

« Ce serait bien. Tout ego normalement constitué a horreur de ça. C’est comme si vous l’obligiez à rentrer dans sa tanière. Mais méfiez-vous ! Il reste tapi dans l’ombre prête à resurgir à la moindre occasion. »

« Le mieux serait que vous m’infligiez une blessure d’amour-propre pour l’obliger à se taire définitivement. Ce serait sympa de votre part. »

« Vous n’y pensez pas ! Un ego blessé peut devenir furieux, vous renverser et vous commander des choses que vous pourriez regretter. »

« Alors je fais quoi, moi, avec mon ego ? »

« Il faut le manager en finesse. Faites comme avec votre patron, débrouillez-vous pour lui donner l’impression qu’il est important pour vous, alors que vous n’en avez rien à cirer, et il vous fichera la paix. »