Archive pour mars, 2018

C’est une histoire piquante

31 mars, 2018

Un pickpocket,

Un peu pique-assiette,

Coiffé à l’as de pique,

S’invite à notre pique-nique.

Il picole

Notre picrate,

Puis pique une tête

Et s’en va en nous piquant

Notre pique-feu.

La parole à l’opposition.

30 mars, 2018

« Je m’oppose. »

« Vous vous opposez à quoi, à qui ? »

« Je m’oppose à tout et à tout le monde. Au gouvernement, à mon patron, à ma femme, à mon voisin, au facteur… A tout le monde, je vous dis ! »

« Qu’est-ce qui vous prend ? Vous ne pourriez pas être plus constructif ?»

« Non. C’est dangereux. Dès qu’on avance une idée, on a forcément une bonne chance d’avoir tort. »

« Imaginez que j’ai une idée et qu’elle s’avère bonne. Si vous vous opposez à moi, vous pouvez avoir tort aussi. »

« Non, je peux toujours dire que vous n’êtes allé assez loin, ou alors que la réussite de votre idée a été favorisée par la conjoncture internationale, ou encore que votre succès est éphémère parce que vous n’avez pas dialogué avec vos partenaires. »

« Si je comprends bien, vous avez raison dans tous les cas de figure. »

« C’est tout l’intérêt de s’opposer. L’opposant ne prend jamais le risque de faire quelque chose. Il se contente d’apporter une critique destructrice, comme ça, il est tranquille. Il peut dormir tranquille sans maux d’estomac. C’est aussi un acte de prévention de santé. »

« Mais enfin… Admettons que je prenne des décisions politiques, il faut beaucoup d’arguments pour s’opposer. »

« J’en ai des tonnes : c’est trop tôt ou c’est trop tard, ça coute trop cher, ce n’est pas financé, ce sont les plus pauvres qui vont payer, l’Union européenne est contre, vous n’avez pas concerté les partenaires sociaux, etc… »

« Et si votre épouse décide d’aller passer les vacances à Palavas… »

« J’ai des raisons aussi pour m’opposer : il y fait trop chaud, il y a trop de monde, ta mère y est allée l’an dernier et elle n’a pas aimé, il n’y a aucun évènement culturel alors qu’on devrait profiter des vacances pour s’instruire, le toubib m’a plutôt conseillé des vacances à la campagne, etc… etc… »

« Impressionnant. Et quand votre patron vous confie un dossier dont vous ne voulez pas ? »

« C’est pareil. J’ai ce qu’il faut en réserve. Il y a le célèbre : je suis surbooké. Ou alors, le non moins légendaire : je n’ai pas les moyens. Je peux aussi glisser le fantastique : ce n’est pas dans ma fiche de poste, voyez donc plutôt celle de Dugenou… Quand j’ai le dos au mur, je dis : on va le droit dans le mur ! Comme la dernière fois ! »

« Superbe ! Vous devriez ouvrir un cabinet de consultant pour opposant ! »

« Oui, d’autant plus, que s’opposer ça nécessite des postures physiques finement étudiées. Il faut avoir l’air résolu, tout en ayant l’air désolé de perdre du temps à s’opposer à la médiocrité des propositions qu’on vous fait, alors qu’il y a tant de solutions de rechanges. »

Entretien d’embauche

29 mars, 2018

« Il faut persévérer. »

« Qu’est-ce à dire ? »

« Une fois que vous avez commencé quelque chose, il faut aller jusqu’au bout, quelle que soit les difficultés ou votre douleur. »

« Ce n’est guère motivant. Moi, j’arrête dès que ça devient trop dur. »

« Ce n’est pas courageux ! »

« Moi, de toute façon, je n’ai pas envie d’être courageux. Quand je n’ai pas envie de faire quelque chose, je ne le fais pas et en plus je persévère dans l’idée de ne pas le faire. »

« Je parie que vous le faites faire. Eventuellement, vous payez quelqu‘un pour le faire. »

« Evidemment, nous ne sommes plus au temps de l’esclavage. Je ne vais tout de même pas laver mes vitres moi-même ! Vous devriez faire comme moi : penser à dynamiser le secteur de l’artisanat ! »

« Et vous trouvez votre attitude noble ? »

« Qu’est-ce à dire ? »

« Noble, c’est quand vous faites quelque chose de difficile de manière désintéressée, juste pour la beauté du geste. Par exemple quand vous auriez dû pardonner sa traitrise à votre collègue Dugenou qui vous a piqué le poste que vous convoitiez, alors qu’il a été tellement plus facile de lui casser la figure ! »

« Dugenou m’agaçait. Il fallait que ça se paie. Si je pardonnais à tous ceux qui m’ont volé, je serais sous les ponts. Je ne suis pas du genre à me laisser marcher dessus par des plus minables que moi et vous noterez que je persévère dans cette voie. »

« Est-ce que vous êtes généreux ? » 

« Donner sans contrepartie ? Houlà, vous n’y penser pas ! Tout ce que j’ai est à moi. Le prendre c’est me voler. Quand Dugenou a voulu me prendre l’armoire dont je n’avais nul besoin, j’ai encore été obligé de lui mettre mon poing dans la figure. Finalement, je lui ai rendu service, il faut qu’il apprenne à se contenter de ce qu’il a. Je trouve qu’il y a vraiment des gens qui manquent d’humilité. »

« Résumons-nous : vous n’êtes ni persévérant, ni courageux, ni noble, ni généreux. Vous n’avez rien d’humain. Vous n’avez pas peur de vous-même ? Vous aimez-vous ? Avez-vous envie de vous frapper ? »

« Vous n’êtes pas très juste. Je persévère dans ma médiocrité et mon arrogance. J’ai la noblesse et le courage de le reconnaître. En plus, j’ai la générosité de donner aux autres des arguments pour me détester sans aucune contrepartie ! »

« Bien votre dossier me parait parfait. Vous êtes parfaitement imbuvable. Je vous embauche donc dans un poste de direction. Vous commencez lundi. »

Tout passe, tout lasse.

28 mars, 2018

C’est mon passe-temps :

Je regarde le temps passer

Ainsi que cet homme qui passe partout

Avec  on passe-partout

Et son passe-montagne.

Par un tour de passe-passe

Il a eu un laissez-passer.

C’est un passe-droit !

Grosse ambiance !

27 mars, 2018

Le gondolier se gondole.

Il rigole dans la rigole.

A poil, il se poile.

Son bidon se bidonne,

Tandis que sa cane ricane

Et se marre dans la mare.

Son gosse se gausse

Et son frère  Henri rit

Quand sa pipe se fend.

L’histoire de la majorette coquine

26 mars, 2018

Pierrette,

La majorette

Proprette

Et guillerette

Achète de la vinaigrette

Et des barrettes.

Puis, elle grille une cigarette

Et se fait conter  fleurette.

Moi-même

25 mars, 2018

« Ça y est, j’ai mis mes lunettes, mon dentier, mon appareil auditif. »

« Vous seriez bien embêté sans toutes ces prothèses ! »

« C’est vrai. Bientôt, il faudra que je change complètement de tête. Chaque matin, je mettrai ma tête qui n’a aucun souci de vision, d’audition ou de dentition. Pendant que j’y suis, ce sera une belle tête avec de beaux yeux, un nez harmonieux, des oreilles finement dessinées… »

« Et pourquoi pas changer de corps ? »

« Pourquoi pas, en effet. Je me mettrai en me levant un corps qui marche parfaitement : musclé, bien proportionné. Pas de courbature, de bobos intempestifs. Le rêve, quoi ! »

« Si vous changez de tête et de corps, vous seriez un autre. »

« C’est vrai. Il faudrait aussi envisager le transfert de l’âme, de l’esprit, de l’intelligence, de la sensibilité. Bref de tout le bazar qui ne se voit pas. De ce point de vue, je suis assez bien doté, ce serait dommage de s’en priver. »

« Ce serait dommage, en effet. Au total, vous seriez le même homme dans deux. Un cabossé pas beau, et un autre complètement nickel. Vous allez assumer ? »

« Evidemment. Vous vous avez bien dans votre armoire des vêtements vilains que vous revêtez lorsque vous bricolez chez vous, et un très beau smoking que vous portez en soirée, pour essayer de paraitre beau ! En ayant un corps de rechange, je rénove un peu le concept, c’est tout. »

« Tout ça, ça va vous couter cher ! Un smoking, ça se loue ! »

« Vous avez raison, mais louer un autre moi-même me pose problème. Je ne voudrais pas qu’une autre personne me loue pendant que je n’ai pas besoin d’un mon autre corps. »

« Ce serait embêtant, en effet. Imaginez que vous vous rencontriez dans une soirée, vous seriez embarrassé, comme une femme qui s’aperçoit qu’une autre invitée porte la même robe qu’elle. »

« Bon, finalement, je préfère acheter mon propre corps, en location longue durée comme ma voiture. »

« Peut-être pourriez-vous en acheter un second pour votre femme, qui pourrait passer ainsi du temps avec un Apollon, pendant que vous traineriez en robe de chambre et en savates effilochées chez vous ? »

« Très bonne idée, comme ça, je n’aurais plus de remarque sur un prétendu laisser-aller. »

« Il me vient une question : que se passe-t-il si vous décédez ? Que devient votre corps de rechange ? Quelqu’un pourrait se l’approprier ? »

« C’est vrai. Je ne veux pas devenir n’importe qui après moi. J’ai quand même bonne réputation et une certaine dignité. »

« J’ai une idée. Choisissez vous-même à qui vous vous donnez. Vous pourriez ainsi vous léguer par testament. »

Mon pupille qui roupille

24 mars, 2018

Il s’éparpille

Et se gaspille.

Quelques minutes, il grappille

Pour fermer ses pupilles.

Il roupille.

Il me pille

Et me torpille.

C’est mon pupille,

Je le houspille.

Coup de dés

23 mars, 2018

Dis donc,

Dédé !

Dedans

Le dédale

Didier,

Le dandy

Cherche son dindon

Dodu.

Un homme fort

22 mars, 2018

« Vous êtes un peu caractériel. »

« Parfaitement, j’ai du caractère ! Je ne me laisse pas faire par des casse-pieds, moi ! Si vous croyez que vous me faites peur. »

« Je n’ai pas l’intention de vous faire peur. »

« Si monsieur, vous m’agressez. »

« Non, je ne vous agresse pas. J’ai remarqué simplement que vous êtes un peu acariâtre. »

« Et voilà. Je suis sympa, je ne vous dis rien et vous m’insultez ! »

« Je ne vous insulte pas. Je note que vous prenez la mouche pour un oui ou un non. C’est difficile de discuter avec vous ! »

« Pardon, je suis un homme ouvert au dialogue, mais il ne faut pas me la faire ! Moi, on me respecte, cher monsieur ! Je ne suis pas un mou du genou, comme certains que je ne nommerai pas ! »

« Je n’ai pas dit le contraire. »

« Peut-être, mais je préviens qu’on ne me parle pas n’importe comment. »

« Vous ne seriez pas un peu névropathe. Ou alors un maso. Un type qui se croit agressé dès qu’on le regarde. »

« C’est ça, traitez-moi d’imbécile pendant que vous y êtes. La moutarde me monte au nez. Je vous casse la figure tout de suite ? »

« Bon, calmons-nous. Nous sommes au bord du débordement de la violence. »

« C’est vous qui avez commencé ! Vous ne comprenez rien ! Je suis un homme très doux, mais on ne doit pas m’énerver. »

« Bon d’accord ! Je vous offre un verre ? »

« Vous essayez de m’amadouer pour mieux me prendre à revers ! Je ne suis pas du genre à me laisser faire par la ruse. J’en ai vu d’autres ! »

« Bon, alors qu’est-ce qu’on fait ? »

« Vous devez reconnaître avec admiration ma force de caractère et dire partout que je suis un homme qui ne se laisse pas impressionner. »

« Oui, c’est ce que je constate. Quelle force ! Je me sens bien pusillanime à côté de vous. Il faut croiser des hommes comme vous pour se rendre compte de sa faiblesse. »

« Ce n’est rien mon vieux. Il suffit de savoir se révolter dès qu’on cherche à vous dominer. »

« Si, si, j’insiste. Vous êtes un exemple ! Il vaut mieux être de votre côté, on se sent tout de suite en sécurité ! »

« C’est mieux. Si vous pouviez louer mon esprit de finesse aussi ! »

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