Les délices de la vie
« Moi, j’adore bien manger. Des plats bien de chez nous : une bonne choucroute, une grosse potée, un bon cassoulet… »
« Vous êtes fou. Vous voulez-vous suicider au cassoulet ? Je parie, en plus, que vous vous enfilez des pâtisseries crémeuses sans vergogne. »
« Oui, je n’hésite pas sur les desserts. »
« Eh bien, ça ne va pas du tout. Vous allez être malade, c’est sûr : obésité, cholestérol, diabète et tout ce qui s’en suit…. Je n’ai pas le temps d’aller vous rendre visite au cimetière, moi ! Reprenez-vous en mains. »
« Alors je fais quoi ? »
« Pas de sel, pas de sucre, pas de chocolat, pas de graisse, pas de plats préparés… »
« Je vois ce que c’est : pour vous, vivre c’est se priver. Et comment je fais moi pour gouter aux délices de la vie. »
« QUOI ? Les délices de la vie ? Et encore quoi ? La vie n’est pas délicieuse. Je parie que vous êtes du genre à vouloir goûter une bonne grasse matinée, le dimanche matin sous vos couvertures ! »
« C’est sympa, en effet. »
« Eh bien, non ! Ça n’a pas à être sympa ! Vous devez chausser vos baskets t souffrir en courant pendant trois kilomètres. Ou alors aller au marché et trainer votre peine entre les étals des marchands. Et pour les vacances vous faites quoi ? »
« Je me choisis un lieu agréable. Je peux me reposer, gouter aux joies de la mer ou aux plaisirs de la montagne. »
« Ça ne m’étonne pas ! Et va-z-y que je me la coule douce ! Non, d’abord pour gagner votre lieu de vacanaces en été, vous devez passer toute une journée à suer comme un bœuf sur l’autoroute. En hiver, il y aura trop de neige, donc vous devez passer au moins une nuit dans un centre d’hébergement, comme un SDF. »
« Et sur place, je peux quand même jouir des plaisirs… »
« Vous rigolez. Vous devez visiter des vieilles pierres dont vous vous fichez complètement. Ou alors prendre des coups de soleil très douloureux. Ou alors des champignons sur la plage. Au ski, une entorse du genou serait du meilleur effet. Vous avez le choix. »
« Qu’est-ce que vous me conseillez pour pouvoir aimer la vie ? »
« L’ascétisme. Refuser tous les prétendus plaisirs que les autres s’autorisent. Vous pourrez dans votre infinie sagesse, toiser de votre regard méprisant leur vaine agitation pour bénéficier d’un instant fugitif d’un contentement dérisoire et misérable. »
« En gros, je vais m’emmerder… »
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