Confiture de bégonias
17 décembre, 2017« Vous avez conscience de ce que vous faites ? »
« Euh …. A quel sujet ? »
« Au sujet du cynisme avec lequel vous parlez de la vie sur votre blog ! Comme si c’était une purge, alors que la vie est belle ! »
« C’est-à-dire que c’est une toute petite virgule à vivre dans l’espace de l’éternité ! Il n’y a pas de quoi se pâmer d’émotion ! »
« Et voilà, vous recommencez ! Soyez heureux de vivre ! »
« Bon d’accord… Mais enfin, j’ai remarqué que la vie est parfois un peu cruelle. »
« Evidemment, mais ça n’empêche pas que la vie est une belle cruelle. Vous n’êtes pas content de la vôtre ? »
« Si ! Mais c’est celle des autres qui m’inquiète ! »
« Le mieux, ce serait de faire comme tout le monde : ne vous en faites pas tant pour les autres. Vous mangez à votre faim, vous avez un toit, alors… bon ! »
« Pff… Oui, mais le chômage, la pauvreté…. Tout ça… on ne peut pas en parler ? »
« Mesurez donc un peu le chemin parcouru : la fin de l’esclavage, la démocratie, l’ordinateur, Internet, la téléréalité …. Ah non ! Peut-être pas la téléréalité… »
« Bon, vous m’avez convaincu. Je vais écrire sur la culture du bégonia. Savez qu’il existe près de 900 variétés de bégonias ? Savez-vous que ses fleurs sont comestibles ? Vous pourriez envisager d’excellentes confitures de bégonias pour votre petit déjeuner. »
« Ah, voilà, enfin un sujet convenable, c’est difficile de nous faire part de votre pessimiste sur le bégonia ! C’est bien ! Continuez ! De quoi voulez-vous nous parler encore ? »
« Un petit point d’histoire peut-être ! Savez-vous qu’on doit le principe de la chasse d’eau à la reine Elizabeth Ière qui fit imaginer un dispositif rudimentaire en 1595. »
« C’est intéressant, mais vous pourriez peut-être faire part de préoccupations plus élevées, ça changerait. »
« Bon d’accord, alors je vais vous parler du principe d’indétermination d’Heisenberg. »
« Euh… si vous pouviez éviter de faire le malin ? Soyez simple ! »
« Alors, le menu de la cantine à midi, peut-être ? Vous tombez bien, c’est le jour du couscous ! Il ne faut pas trop espérer beaucoup de productivité dans l’après-midi. Nos économistes ne se rendent pas compte des gains possibles de croissance économique, si on imposait des repas frugaux dans les cantines d’entreprise ! »
« Encore une vision négative de la vie en société ! »
« Ce n’est pas de ma faute, les gens s’intéressent plus aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes. Y’a qu’à écouter le journal télévisé pour s’en rendre compte. »
« Eh bien, faites un blog anti-journal télévisé avec le bégonia, le couscous, le principe de qui vous voulez… mais arrêtez avec le cynisme et la mauvaise humeur ! »