C’est la vie !

« Ça commence plutôt bien. Quand vous avez faim, vous criez, vous pleurez et la nourriture arrive. Quand vous avez sommeil, vous dormez. »

« Après il faut apprendre les règles que les autres ont inventé : manger proprement, dire bonjour à la dame, sourire, la table de 9, le théorème de Thalès, ne pas dire n’importe quoi, débarrasser la table… »

« Apprendre oui, mais en prison. Au moins 6 ou 7 heures par jour, en compagnie d’autres prisonniers qui apprennent aussi.  Certains mieux et plus vite que les autres. »

« Si vous n’apprenez pas bien les règles, les autres vous regardent de haut en se demandant ce qu’ils vont faire de vous. Et – forcément – vous vous posez aussi la question. »

« Parfois, mais rarement, il arrive un moment – le plus souvent en hiver – où vous recevez des cadeaux, même quand vous n’avez rien fait pour ça. Il faut quand même acheter un calendrier au facteur, avec des photos de chat. Ou alors de chien. Juste après il faut crier : bonne année ! »

« Plus tard, il faut échanger une partie de son temps contre un salaire avec des gens qui vous donnent des ordres pour faire des trucs qui servent aux autres. »

« Quelquefois, vous ne trouvez personne qui veuille prendre votre temps libre pour vous donner des ordres. Alors, vous êtes payé quand même par l’Etat et vous devez vous sentir coupable. »

« Des fois, il vous reste un petit bout de temps libre, alors vous êtes fatigué et vous cherchez un truc qui vous occupe l’esprit, pour ne pas penser que vous êtes fatigué. »

« Il arrive souvent un moment où une autre personne arrive dans votre maison pour partager votre vie. Tant que vous supportez sa présence tout va bien, après ça vous énerve un peu et il ou elle part. Ou alors vous. Ou les deux. »

« De temps à autre, vous avez des enfants. Ce n’est pas obligé, car ça vous donne beaucoup de travail. Mais vous êtes content au début parce que c’est mignon et que ça ne s’attend pas à tout ce qui va suivre. »

« Il est tellement presser d’avoir des ennuis qu’un jour l’enfant quitte votre maison, alors vous êtes un peu triste. »

« Heureusement, il y a la télé pour vous montrer des gens qui sont contents de passer devant les caméras pour raconter qu’ils sont contents de faire un tas de choses qui les intéressent et vous vous intéressez aux choses qui les intéressent. »

« Et puis, dans un coin du paysage, il y a des gens qui croient que, lorsqu’on est mort, quelqu’un nous attend pour nous féliciter parce qu’on a été sympa avec les autres et nous attribuer une bonne place pour assister au déroulement de l’éternité. »

« De temps à autre, quelqu’un de votre famille décède, alors vous pleurez un peu, vous allez peut-être à la messe où il fait souvent froid, au cimetière et vous regardez la cavité dans laquelle s’enfonce le cercueil. »

 « Revient périodiquement le moment où tout le monde se fait des cadeaux et où vous vous en foutez complètement parce que vous ne voulez plus de cadeaux. »

« Après, on ne vous donne plus d’ordres et vous attendez bien tranquillement que ça se termine. »

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