L’artiste

« Il parait que vous allez quitter Ludmilla Grospierre pour votre boulangère, madame Piprelin ? »

« Pas du tout ! Qu’est-ce que c‘est que ces histoires. D’abord, je n’ai jamais été avec Ludmilla, ensuite, je ne vois madame Piprelin que pour lui acheter des croissants chaque matin. »

« On vous a vu en train de rigoler avec elle pourtant ! Même votre ex, Véronique Boudingrin en a été scandalisée. »

« Bon ! Je ne suis ni avec Ludmilla, ni avec Véronique, ni avec la boulangère. »

« Alors, vous êtes très malade. Allez-vous mieux ? »

« Un petit rhume la semaine dernière, je vous remercie de votre attention. »

« Vous ne pouvez pas faire mieux ? Comment voulez-vous que je sorte un article titré : Xavier Boulichon est enrhumé ? »

« Désolé, la santé est excellente. »

« J’y suis ! Vous êtes ruiné ! Rattrapé par les huissiers, vous ne savez plus où coucher ! »

« Non, j’ai du fric. Je pars en congé prochainement si ça vous intéresse. ‘Les vacances de Xavier Poulichon à Narbonne-Plage’, ça ne pourrait pas faire un article ça ? »

« Pas du tout. A la rigueur… si vous pouviez courir tout nu sur la plage. Mais appelez-nos avant ! Pendant qu’on y est, vous pourriez vous convertir au bouddhisme, ça m’arrangerait. »

« Eh bien, pas moi. »

« Tant pis ! Et votre situation fiscale ? Vous n’allez pas me dire qu’elle est nette ! Dans votre position, tout le monde a planqué du fric à l’étranger. Alors ? La Suisse, Singapour, les Bermudes peut-être… »

« Pas du tout, je paie tout en France, rubis sur l’ongle. »

« Vous le faites exprès ou quoi ! Il faut que vous compreniez que votre succès dépend des histoires bien pourries que je vais raconter sur vous ! Vous n’auriez pas assassiné quelqu’un par hasard ? Même un petit peu… »

« Je m’excuse d’avoir un casier judiciaire vierge. »

« Bon d’accord. Alors révélez-moi quelque chose sur votre enfance malheureuse. Votre père buvait, votre mère s’est barré, votre sœur faisait le trottoir… »

« Toujours pas. J’ai une famille aussi honorable que la vôtre. »

« Alors, vous avez des opinions politiques extrémistes. Je vous ai vu défiler contre je ne sais plus quoi ! Et en plus, vous jetiez des pavés sur les forces de l’ordre… »

« Vous avez du confondre. J’ai des opinions très classiques. »

« Ne me dites pas qu’un artiste comme vous ne ressent pas la nécessité de se révolter contre l’ordre établi ! »

« Bin… C’est-à-dire que tout va bien pour moi… »

« J’y suis ! Vous avez rencontré le président…. et il vous a séduit ! »

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