Humour

« C’est ici la formation en humour ?»

« Oui, mais c’est une formation qui exige des prérequis. Souriez un peu pour voir ! ….Je vois… C’est assez catastrophique en effet. »

« Il y a si longtemps que je n’ai pas rigolé. La dernière fois, c’était en 1972, je crois avec le sketch du défilé de Fernand Raynaud. »

« C’est vrai que c’était bien, mais on n’en est plus là. Vous avez un répertoire d’histoires drôles ou alors d’imitation amusantes ? »

« Je n’ai rien, je vous dis. Je n’arrive même pas à me faire rire moi-même. »

« Je vois ce que c’est. On ne se fait rire qu’au terme de la troisième année d’étude. Ne vous inquiétez pas c’est courant. Il va falloir tout reprendre à zéro, en année préparatoire. »

« On reçoit un diplôme ? »

« Non, il vaut mieux être discret. Si vous dites que vous êtes diplômé en humour, vous risquez de vous planter. L’idée, c’est d’être formé à la spontanéité. Vous devez sortir des vannes sans en avoir l’air. Le fin du fin, c’est d’arriver à faire marrer vos interlocuteurs rien qu’en demandant votre chemin. Mais là, il faut aller jusqu’en sixième année. C’est le niveau ingénieur ! »

« Moi, je ne suis pas très doué pour les études, il me suffirait d’un petit module de 6 mois, niveau ouvrir spécialisé. Juste de quoi passer pour un joyeux drille devant la machine à café. Aujourd’hui, personne ne fait attention à moi. Je suis obligé de renverser mon café sur quelqu’un pour qu’on prête attention à ma personne. »

« C’est qu’avec la tête que vous avez, ça ne va pas être facile. »

« Je pourrais peut-être faire dans le style pince-sans -rire. » 

« Ce serait le moins pire. Vous n’avez pas le rire communicatif. Je ne vous vois pas dans le style gros rigolard ou alors metteur d’ambiance… »

« C’est-à-dire que je ne sais même pas raconter des blagues. Je m’embrouille ou alors je ne vais pas jusqu’à la fin. Tout le monde me regarde avec un air gêné en se demandant d’où je sors pour être aussi nul. »

« C’est un début. Le mec nul qui sait qu’il est nul. Vous pouvez travailler dans ce sens. Si vous pouviez accentuer votre bafouillement ou raconter encore plus n’importe quoi… »

« Les gens vont me trouver bon à enfermer. »

« Non. Quand vous êtes mauvais et que vous annoncez que vous êtes mauvais, ça les rassure plutôt sur leur propre compte. Ils vont même finir par rire. »

« Ils vont me sortir un rire de commisération. »

« C’est un début. Souvent les humoristes ne soulèvent que des rires serviles. Ils arrivent à faire marrer une ou deux personnes. Les autres se marrent pour faire comme tout le monde. »

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