Archive pour novembre, 2017

Retour de soirée

30 novembre, 2017

« Vous pourriez me ramener chez moi en brouette ? »

« C’est-à-dire qu’à cette heure-ci de la nuit, il n’y a pas de brouettes qui passent. »

« Vous n’avez qu’à vous débrouiller. Ne me ramenez pas en voiture si vous tenez à vos coussins. Elle me donne le mal de mer, votre voiture. »

« C’est vrai qu’en matière de suspension, les constructeurs ont fait beaucoup de progrès. Ce sera tout ? »

« Non, il faudra me coucher dans mon lit. Certains soirs, j’ai tendance à le confondre avec ma baignoire. Demain matin, il faudra me faire un café. »

« Parce que je vais rester chez vous ? »

« Oui, il vaut mieux. Comme ça, vous ne vous ferez pas de soucis pour ma santé. »

« Vous ne croyez pas que je pourrais rentrer chez moi ? »

« Non. D’autant plus que je vais me réveiller tard. Il faudra m’expliquer comment s’est déroulée la soirée parce que je ne vais sûrement pas m’en souvenir. »

« Ce sera dommage en effet. »

« C’est vrai, je ne sais même plus ce que je suis venue faire ici. »

« C’est toujours la même histoire. On ne connait personne. On boit. Et puis après, on ne se souvient plus pourquoi on est venu. »

« Pendant que je cuve, vous pourriez mener l’enquête : je voudrais bien savoir qui m’a invitée dans cette soirée pourrie. »

« Vous êtes sûre d’avoir été invitée ? »

« Bien entendu. Une belle fille comme moi est invitée de partout. On s’arrache ma présence. Vous n’avez pas remarqué ? »

« Si, si. Mais je m’étonne qu’aucun homme ne se dévoue pour vous ramener chez vous ? »

« C’est vrai, ça. Je suis obligée de désigner un volontaire. Ça doit être parce que je les impressionne, ça m’arrive souvent. Il n’y a plus moyen d’être draguée outrageusement. »

« Les hommes manquent de goût. »

« Ce n’est pas très grave. A partir de deux heures du matin, moi aussi. »

« « Je suis désolé. »

« Ah… j’ai oublié ! En rentrant, il faudra que vous sortiez Amédée, mon caniche. Il doit commencer à se faire du souci Amédée. Bon ! On y va ? Ne roulez pas trop vite. Ce serait dommage que vous preniez un PV. »

« En brouette, ça m’étonnerait. »

« Vous êtes sobre au moins ? J’ai horreur des alcooliques ! »

Bras de fer

29 novembre, 2017

Ne restons pas les bras croisés,

Tombons sur ce fier-à-bras

En bras de chemise,

A bras raccourcis,

Même s’il a le bras long.

Les bras m’en tombent :

Il nous fait un bras d’honneur.

Ça va lui coûter un bras.

Moi, ça ne me fait pas une belle jambe.

Vive les émoticônes !

28 novembre, 2017

« Si vous pouviez éviter de terminer mes phrases… »

« Vous ne parlez pas assez vite. Et puis, moi, je suis pressé de placer les miennes alors j’essaie de vous aider à terminer les vôtres. »

« On n’a pas le droit de parler lentement ? »

« Non, ça fait pépère. Les jeunes abrègent leurs mots, ça va plus vite et ça fait sympa. Comme un nouveau langage qui soude leur collectivité. »

« Oui, mais moi je parle français avec des phrases construites, des noms, des verbes, des compléments, tout ce qu’il faut… »

« C’est trop long. On n’est pas à l’académie française… »

« D’abord, comment savez-vous ce que je vais dire quand je commence mes phrases ? »

« C’est-à-dire que c’est tellement banal que ce n’est pas très compliqué de terminer. »

« Je m’insurge ! Parfois, j’ai des idées originales et comme vous terminez en disant le contraire de ce que je pense plus personne n’y comprend rien. »

« Moi, je suis un homme dynamique, je n’ai pas le temps d’attendre que vous ayez fini vos discours oiseux. Le mieux serait peut-être qu’on parle en même temps. »

« C’est ce qui se pratique couramment en effet, mais c’est encore pire. Tout le monde sort son monologue au même moment, on ne comprend rien de ce que dit l’autre et finalement ça n’a pas d’importance puisqu’on ne cherche pas à comprendre. »

« Je vous vois venir, vous allez me faire le coup du manque de communication dans un monde hyper connecté. »

« Le coup du manque de communication verbale, en effet. La preuve, c’est que lorsqu’on communique par Internet, on est obligé d’employer des petits bonhommes pour dire dans quel état d’esprit on dit ce qu’on dit. »

« Par exemple ? »

« Par exemple, lorsque je vous écris en maniant finement l’ironie ou l’humour au second degré, je suis obligé d’utiliser un petit bonhomme qui fait un clin d’œil. Sinon, vous allez tout prendre au premier degré et vous énervez ! »

« C’est vrai, on ne se rend pas assez compte de tout ce qu’on doit aux émoticônes. D’autant plus que la semaine dernière, vous vous êtes sûrement trompé : vous m’avez envoyé un émoticône qui me tire la langue. »

« Non, non, je ne me suis pas trompé. »

« Ah bon ? Dans ce cas, je me sens outragé. C’est un propos très déplacé de votre part. Attendez que je retrouve l’émoticône en furie. »

« Je vous préviens, l’émoticône qui me casse la figure n’existe pas. »

Nuit et jour

27 novembre, 2017

Bonjour,

Jour après jour,

Rien ne nuit

Au séjour

De la belle-de-nuit

Dans sa boite de nuit,

De minuit

Au lever du jour.

Mon ego et moi

26 novembre, 2017

Moi :   Qu’est-ce qui ne va pas, encore ? Tu n’arrêtes pas de râler !

Ego :    Je trouve que tu ne t’occupes pas assez de moi. Je ne me sens pas assez valorisé.

Moi :   Parce que tu crois que j’ai le temps ? J’ai autre chose à faire que de valoriser mon ego.

Ego :    Tu te rends compte qu’un ego qui ne se sent pas valorisé, ce n’est plus un ego.

Moi :   Bon, alors dis-moi ce que je dois faire pour que tu te sentes flatté ?

Ego :    Par exemple, si ta femme pouvait dire du bien de toi à ses copines, je me sentirais déjà un peu plus intéressant.

Moi :   Comment tu sais ce qu’elle dit ?

Ego :    Entre elles, elles se racontent toujours des horreurs sur leur mecs. Josiane pourrait dire que tu es exceptionnel, ça changerait.

Moi :   C’est-à-dire que je ne suis peut-être pas exceptionnel. Et puis, les copines de Josiane, on s’en fout. Ne t’intéresse donc pas à ce que dit n’importe qui sur toi.

Ego :    Et ta carrière ?

Moi :   Quoi, qu’est-ce qu’elle a ma carrière ?

Ego :    Tu stagnes.

Moi :   J’en étais sûr ! Dès qu’on se donne à son travail avec abnégation sans forcément penser à être récompensé, l’ego souffre. On n’est pas à l’école maternelle !

Ego :    Qu’est-ce que tu veux que je te dise ! Si tu avais une petite promotion, je pourrais faire mon malin ! C’est normal pour un ego.

Moi :   Mon souci prioritaire, c’est de quoi faire manger ma famille et un toit pour l’abriter.

Ego :    Eh voilà ! Tu ne vise que minimum vital ! Mais moi j’ai besoin d’être admiré ! Y compris par Josiane, qui elle, s’occupe de son ego !

Moi :   Josiane a un ego ?

Ego :    Oui, et il souffre si ton ego souffre.

Moi :   Bon, c’est tout pour les revendications ?

Ego :    Non. Tu pourrais être aussi excellent en un domaine. Pour le moment, à part prendre le métro pour aller au boulot, tu n’es pas bon à grand-chose. Prendre le métro n’a jamais été une spécialité artistique ou sportive.

Moi :   Tu crois que j’ai le temps de me mettre au sport ?

Ego :    Je n’en sais rien, mais j’ai envie d’être admiré pour ton corps irréprochable alors qu’actuellement tes chemises te boudinent.

Moi :   Je ne sais pas pourquoi je te parle, ça se termine toujours par des vexations.

Ego :    C’est bon signe, ça veut dire que tu es toujours conscient que tu as un ego.

Dieu et diable

25 novembre, 2017

Pardieu !

Il est odieux,

Ce diable !

C’est irrémédiable !

Il est peigné à la diable.

Il n’est ni radieux

Ni studieux.

Ce n’est pas Dieu possible :

Ce récit est fastidieux.

Celle qui n’a rien à dire

24 novembre, 2017

A Tignes,

Il n’y a pas de vignes.

Je le souligne,

Et je gagne trois lignes.

Ce n’est pas digne,

Mais je suis une maligne.

J’élève un cygne

Qui ne me porte pas la guigne.

Controverse élégante

23 novembre, 2017

« Monsieur, il faut savoir rester courtois en cas de désaccord. »

« Tout à fait, Monsieur. C’est pourquoi je vous prie de considérer que j’ai le plus grand respect pour vos misérables arguments au regard des miens. »

« Je vous remercie de votre amabilité. J’ai moi-même la plus haute considération pour le ramassis de contre-vérités que vous jugez bon de m’asséner. »

« Je vois que j’ai affaire à un homme délicat et bien éduqué. Recevez donc mes plus vives félicitations pour le tissu d’affirmations infondées que vous jugez bon d’opposer à mon implacable réquisitoire ! »

« Veuillez accepter, Monsieur, l’expression de mon plus vif intérêt pour la faiblesse de votre démonstration qui donne d’autant plus de lustre à la mienne. »

« C’est un plaisir de discuter avec vous, Monsieur. Je trouve dans notre échange la confirmation de l’excellence de mon point de vue, et l’étroitesse du vôtre. »

« Je suis ravi que nous ayons eu cet aparté. J’ai pu apporter une rectification sans ambiguïté à votre opinion complètement erronée. Ne me remerciez pas, c’était un devoir de vous montrer le droit chemin. »

« Je dois dire qu’après avoir goûté l’amusement que vos interventions suscitent, j’espère que le sérieux de mon discours ne vous a pas trop importuné. »

« Notre controverse a été d’une belle facture, Monsieur. Grâce à la hauteur de vue de mes avis, j’ai pu lui donner une tenue qui lui manquait légèrement après votre prise de parole. »

« Sachez que je considère votre point de vue comme tout à fait divertissant et que je ne manquerai pas d’en faire part dans des réunions importantes, lorsque l’ennui le dispute à la monotonie. »

« Je dois vous prodiguer mes plus sincères remerciements, Monsieur. La modeste intelligence de vos développements m’a permis de mieux apprécier la puissance de mes thèses. »

« Il est vrai que vous faites preuve d’une bonne volonté louable et d’un courage obstiné en administrant l’expression de la faible qualité de votre prestation, Monsieur. J’espère ne pas vous avoir découragé en vous montrant le chemin à parcourir pour égaler mon niveau d’appréhension des problèmes. »

« Je dois vous reconnaître, Monsieur, une remarquable obstination à proférer des observations marquées du sceau de votre ignorance. Je constate que vous assumez admirablement votre entêtement dans la médiocrité. »

« La modestie du niveau culturel de votre exposé vous ouvre une très belle marge de progrès, Monsieur. Nous pourrions en reparler gaiement lorsque vous dominerez votre sujet. »

« Je suis à votre disposition, Monsieur. Maîtriser avec aisance un adversaire dans un débat, est une activité particulièrement gratifiante. »

« Bon ! On peut s’engueuler normalement, maintenant ? »

Voilà le N !

22 novembre, 2017

Ninon

N’est pas une nonne

Ni une nunuche.

Cette nana

Est une nounou

Qui aime

Les nénuphars,

Les paninis,

Et l’ananas

D’Antananarivo .

L’artiste

21 novembre, 2017

« Il parait que vous allez quitter Ludmilla Grospierre pour votre boulangère, madame Piprelin ? »

« Pas du tout ! Qu’est-ce que c‘est que ces histoires. D’abord, je n’ai jamais été avec Ludmilla, ensuite, je ne vois madame Piprelin que pour lui acheter des croissants chaque matin. »

« On vous a vu en train de rigoler avec elle pourtant ! Même votre ex, Véronique Boudingrin en a été scandalisée. »

« Bon ! Je ne suis ni avec Ludmilla, ni avec Véronique, ni avec la boulangère. »

« Alors, vous êtes très malade. Allez-vous mieux ? »

« Un petit rhume la semaine dernière, je vous remercie de votre attention. »

« Vous ne pouvez pas faire mieux ? Comment voulez-vous que je sorte un article titré : Xavier Boulichon est enrhumé ? »

« Désolé, la santé est excellente. »

« J’y suis ! Vous êtes ruiné ! Rattrapé par les huissiers, vous ne savez plus où coucher ! »

« Non, j’ai du fric. Je pars en congé prochainement si ça vous intéresse. ‘Les vacances de Xavier Poulichon à Narbonne-Plage’, ça ne pourrait pas faire un article ça ? »

« Pas du tout. A la rigueur… si vous pouviez courir tout nu sur la plage. Mais appelez-nos avant ! Pendant qu’on y est, vous pourriez vous convertir au bouddhisme, ça m’arrangerait. »

« Eh bien, pas moi. »

« Tant pis ! Et votre situation fiscale ? Vous n’allez pas me dire qu’elle est nette ! Dans votre position, tout le monde a planqué du fric à l’étranger. Alors ? La Suisse, Singapour, les Bermudes peut-être… »

« Pas du tout, je paie tout en France, rubis sur l’ongle. »

« Vous le faites exprès ou quoi ! Il faut que vous compreniez que votre succès dépend des histoires bien pourries que je vais raconter sur vous ! Vous n’auriez pas assassiné quelqu’un par hasard ? Même un petit peu… »

« Je m’excuse d’avoir un casier judiciaire vierge. »

« Bon d’accord. Alors révélez-moi quelque chose sur votre enfance malheureuse. Votre père buvait, votre mère s’est barré, votre sœur faisait le trottoir… »

« Toujours pas. J’ai une famille aussi honorable que la vôtre. »

« Alors, vous avez des opinions politiques extrémistes. Je vous ai vu défiler contre je ne sais plus quoi ! Et en plus, vous jetiez des pavés sur les forces de l’ordre… »

« Vous avez du confondre. J’ai des opinions très classiques. »

« Ne me dites pas qu’un artiste comme vous ne ressent pas la nécessité de se révolter contre l’ordre établi ! »

« Bin… C’est-à-dire que tout va bien pour moi… »

« J’y suis ! Vous avez rencontré le président…. et il vous a séduit ! »

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