Pilosité
Le barbu dit qu’il appartient à une famille d’hommes célèbres. De Charlemagne à Sébastien Chabal en passant par Victor Hugo et le père Noël, les barbus sont des hommes qui ont un grand destin.
La barbe est un outil qui requiert beaucoup de soins, mais c’est la marque des hommes qui laissent une trace dans l’Histoire. Attention toutefois, il est d’usage aujourd’hui de porter une barbe faussement négligée de 3 jours : ça ne compte pas. A partir de 10 jours, il y a débat. Imagine-t-on ce qu’aurait pu écrire Karl Marx avec une barbe de 48 heures ?
En outre, la barbe agrémentée d’une pipe de bruyère confère à l’intéressé l’air d’un vieux sage qui dit des choses sensées qu’on a intérêt à écouter parce qu’elles viennent d’un homme pondéré qui a beaucoup vécu.
Bon… certes, les barbus comptent Landru dans leurs rangs, mais il était chauve.
Le moustachu réplique que la moustache est beaucoup plus amusante que la barbe. Elle donne au porteur un petit look canaille qui plait beaucoup aux femmes. De Georges Brassens à Salvador Dali, le moustachu est un rebelle.
Entre moustache en guidon de vélo (très amusante) et moustache en fer à cheval (énigmatique), cet accessoire capillaire permet à l’intéressé d’exprimer sa créativité. De plus, la possibilité lui est offerte de friser d’un geste élégant les extrémités de sa moustache, ce qui en fait un convive particulièrement attrayant dans les réunions mondaines.
Certes, des dictateurs et autres tyrans infâme se sont inclus dans le cercle glorieux des moustachus. Chassons-les.
L’homme aux sourcils fournis les fronce. On a toujours tendance à l’oublier quand on parle de virilité capillaire. Pourtant le sourcil fournit toutes sortes d’opportunités pour moduler à bon escient l’expression du regard.
L’intéressé peut tout à loisir faire part de sa colère, se montrer particulièrement sévère, ou au contraire – par un jeu subtil d’élévation – accentuer son admiration. De plus un regard malicieux ou coquin qui filtre sous un sourcil broussailleux peut faire plus facilement frissonner dans une assemblée féminine.
Les hommes aux gros sourcils souffrent de ne pas être affublés d’un qualificatif simple qui permettrait de distinguer facilement leur population comme les barbus ou les moustachus. Ils pâtissent également de compter moins de vedettes dans leur rang, d’autant plus que l’expressivité de cet attribut capillaire est parfois utilisée par les femmes.
Tout cela est bien beau, mais l’homme glabre s’énerve et n’entend pas en rester là. Certes, il n’est orné ni par une barbe, ni par une moustache, ni par des sourcils monstrueux, mais il se considère également charmant par la simplicité de son apparence. L’homme glabre a beaucoup d’ambition. Tel Jules César, il est de la race des séducteurs de reine, des guerriers glorieux et des grands vainqueurs.
Bon… Et puis nous n’oublions pas celui qui se fiche complètement de l’aspect de sa pilosité ou de son absence et qui ne dit rien dans son coin.
Ah! Mais attention! La barbe eut le privilège certain, à compter de l’an 68 d’exciter les porteurs de képis comme le drapeau rouge excite les taureaux!
Je parle ici d’expérience: jusqu’à trois contrôles par soir, pendant quarante ans de ma vie
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