Restons modestes
24 octobre, 2017« La notoriété ne m’intéresse pas tellement. »
« Comment ? Vous ne voudriez pas connaître la gloire ? »
« Pour que les gens m’interpellent dans la rue, en poussant des cris hystériques ! Merci bien ! »
« C’est pourtant très gratifiant d’être reconnu. »
« Pff… Il faudra que je parle à tous les journalistes avides d’interviews, en essayant de dire des choses intelligentes sur la vie. »
« C’est trop pour vous ?»
« Oui, en plus, il faudra que je fasse attention à mes tenues, que je sois propre, bien peigné et aimable avec tout le monde. Vous voyez un peu le boulot ! »
« Je vois. »
« Je suis déjà très populaire dans mon quartier et au bureau. Vous ne pouvez pas vous imaginer la vie que je mène. »
« A ce point ? »
« Oui, dans les boutiques, les gens m’attendent pour m’interroger sur le temps qu’il va faire ou la destination que j’envisage pour mes vacances. On ne me demande pas des autographes, mais enfin c’est tout juste… »
« En effet, c’est intolérable ! »
« Au bureau, c’est pire. Les gens se groupent autour de la machine à café lorsque j’arrive. On me questionne sur ce que je fais de mes journées RTT ou alors sur le temps que je mets pour venir de chez moi. Parfois, certains éprouvent le besoin de me payer un café. »
« Quelle popularité ! »
« Dans les couloirs de l’entreprise, je suis obligé de circuler avec des lunettes noires pour qu’on ne me reconnaisse pas ! »
« Ce serait dommage. »
« Je suis assailli de coups de téléphone. Au moins 3 par semaine. Mon cousin Albert, sous prétexte de faire un tennis avec moi, n’arrête pas de m’appeler. Il a du mal à comprendre que je dois observer une certaine réserve ! »
« Quel jeune insolent ! Et les femmes, elles se jettent sur vous ? »
« Oui, ma patronne, c’est tous les jours, en faisant comme si elle avait des consignes à me donner importantes pour l’avenir de l’entreprise. Quant à ma boulangère, elle fait bien attention de me choisir une baguette pas trop cuite pour me faire plaisir. Vous voyez ce que je veux dire… »
« Pas tellement. Mais dans ces conditions, je comprends votre volonté de rester modeste ! »