Je vais arrêter de réfléchir
19 octobre, 2017« Je réfléchis trop. »
« C’est vrai. Faites comme moi : passer directement à l’action. Vous avez l’intelligence encombrante. Soyez plus simple. »
« Mais… quand même… Quand vous passez à l’action, vous êtes bien obligé de vous fixer des objectifs et de programmer vos moyens en fonction des objectifs. »
« Et mon instinct animal qu’est-ce que vous en faites ? La recette, c’est de briser les chaînes, de se laisser aller et vous saurez tout de suite ce que vous devez faire. Si vous y tenez, vous pourrez toujours réfléchir après… »
« Euh … c’est sympa, mais êtes-sûr d’adopter la meilleure solution d’instinct ? »
« Je vous vois venir. Vous voulez établir les différentes solutions, en examinant chaque fois les avantages et les inconvénients et les risques. Le problème, c’est que vous ne connaissez pas tous les risques. En sortant d’ici, vous pouvez avoir un accident qui mettra à bas tous vos projets. Il faut assumer la possibilité de n’être plus sur Terre demain. »
« Bon… Certes, mais on peut au moins tenir compte des risques connus. »
« Comme il y a des risques dans chaque solution, le résultat c’est qu’au bout du compte, vous ne ferez rien. Vous resterez sous vos couvertures. »
« Reconnaissez que c’est le meilleur moyen de minimiser les prises de risques.»
« C’est aussi le meilleur moyen de s’ennuyer. Et quand vous vous ennuyez vous n’avez pas une très haute opinion de vous-même. »
« Au total, je ne crois pas qu’on puisse séparer la réflexion et l’action. Même quand vous agissez, vous ne pouvez pas vous empêcher de réfléchir. Au fait que vous êtes en train de faire une bêtise, par exemple. »
« Mieux vaut une bêtise qui vous apprendra quelque chose, que rien qui ne vous apprendra rien. »
« Moi, je crois qu’on ne peut dissocier pas réflexion et action, de la même manière que c’est une erreur d’opposer concret et abstrait. Ou alors théorie et pratique pendant qu’on y est. »
« Ah bon ? Vous avez des exemples ? »
« Oui, prenez le stylo à bille. Il n’y a rien de plus concret. Eh bien, ce n’est qu’une exploitation ingénieuse de la loi de la gravité, qui – elle- est une production intellectuelle donc particulièrement abstraite. Et les étoiles découvertes par les astronomes simplement par le calcul, sans que personne ne les ait vues ? »
« Je reconnais que moi, je suis un esprit simple : je ne peux pas découvrir un truc que je n’ai jamais vu ! »
« Nous voilà revenu à Saint-Thomas ! Pourtant un homme d’église dit un jour : et mon c**, vous l’avez vu ? Pourtant il existe ! »