Un ami Facebook
10 octobre, 2017« Je ne sais pas si je vais vous conserver comme ami sur Facebook. Après tout, je ne vous aime pas beaucoup. »
« Oh, s’il vous plait, conservez-moi. Sinon, de qui vais-je pouvoir dire du mal ? Ou alors me moquer cruellement ? »
« Il est vrai que vos commentaires sont assez désobligeants. »
« N’est-ce pas ? Vous avez lu mes remarques sur vos photos de vacances ? C’était particulièrement cinglant ! »
« Oui, ça m’a bien énervé ! »
« Eh bien, restons bons amis sur Facebook ! Si vous me virez, je ne pourrais plus savoir ce que vous faites et je ne pourrais donc plus vous critiquer. »
« C’est vrai, mais si je vous conserve, couvrez moi de louanges ! »
« Tous vos contacts ne font que ça. Il vous faut un troublion qui dise du mal de vos projets ou alors qui fasse des astuces pourries sur votre dos, sinon vous allez vous ennuyer. »
« Le mieux serait qu’on dispose d’une modalité ‘ennemi’ sur Facebook. Vous pourriez vous déchainer contre moi. Mais faites attention, ce n’est pas donné à tout le monde d’être un bon ennemi. »
« Pendant qu’on y est, on pourrait avoir une troisième catégorie : ‘indifférent’. Vous seriez mon ‘indifférent’ sur Facebook, c’est-à-dire le mec dont je me fiche complètement ! »
« Ce n’est pas très sympathique, moi j’étais prêt à vous accueillir dans mes ennemis. »
« Méfiez-vous, si nous sommes ennemis, mes remarques acerbes sur vos passe-temps préférés – par exemple – vont vous atteindre durement, tandis que si nous sommes ‘indifférents’, vous pourrez vous en foutre autant que moi, je me fiche de vos affaires. »
« Tout bien réfléchi, restons amis. C’est plus simple pour s’envoyer des vacheries. Si vous êtes mon ennemi, je craindrais pour vous. »
« Ah bon ? »
« Oui, si vous êtes mon ennemi, personne ne voudra être votre ami, parce que j’ai très bonne réputation et très bon goût pour choisir mes amis. »
« Ah oui ! Je vous remercie. Il est vrai qu’être l’ennemi de tout le monde, ce serait assez consternant. Je pourrais me dire que je suis insupportable. C’est mieux d’avoir des amis avec qui je peux être désagréable, ça entretient le lien social. »
« Eh bien voilà une bonne chose de résolue ! Nous sommes amis Facebook, c’est-à-dire que nous nous rendons le service de nous détester. Je vais pouvoir vous critiquer et vous insulter sans crainte. »
« Comment ? Utiliser lâchement les nouveaux moyens de communication pour me critiquer ! Vous me décevez ! »