Archive pour septembre, 2017

Voisin, voisine

10 septembre, 2017

« Bonjour ! Comment allez-vous ? »

« Bonjour ! »

« On se croise tous les matins dans le bus, on peut se dire bonjour ! Vous ne trouvez pas ? Nous ne sommes plus des inconnus ! On pourrait même se faire la bise ! »

« Euh… non ! »

« Vous ne me trouvez pas sympathique ? »

« Si… mais enfin, j’ai un rendez-vous là de travail ! Je suis un peu en retard ! »

« Je vois que vous avez des soucis de boulot.  Je pourrais vous accompagner à votre rendez-vous ! Je suis très convaincant. Je suis sûr que je pourrai vous aider dans vos négociations. A deux on s’en sort mieux. »

« Je préfère me débrouiller toute seule. »

« Bon, comme vous voulez. Etes-vous heureuse dans la vie ? »

« Comme si j’avais le temps d’être heureuse. Vous voyez bien que je suis surbookée ! »

« C’est dommage, on mérite tous d’être heureux. Vous partez bientôt en vacances ? C’est indispensable les vacances. »

« Non, enfin peut-être deux jours par ci, deux jours par là. Vous comprenez avec les responsabilités que j’ai, je ne peux pas m’absenter trop longtemps. »

« Vous ne me demandez pas qui je suis ? D’où je viens ? Si je suis heureux ? Si j’ai des soucis ? »

« Non, à vrai dire, je m’en fous un petit peu. Pour ce qui est des soucis, j’ai ce qu’il me faut. Vous pouvez garder les vôtres. »

« Mais ça pourrait être intéressant de les partager. Enfin… bref ! Vous lisez ? Qu’est-ce que vous lisez en ce moment. »

« Mon hebdomadaire de télé pour savoir ce qu’il va falloir se cogner le soir en rentrant à la maison. Comme il vont nous mettre le même film que d’habitude, je sens que je vais aller me coucher. »

« C’est dommage : nous pourrions parler du film demain. »

« Parce que vous allez encore me parler demain ? »

« C’est assez vraisemblable, parce que maintenant qu’on se connait, on ne va tout de même pas se côtoyer comme deux étrangers ! »

« Vous n’envisagez pas de changer de trajet, par hasard ? »

« Non, ça ne m’arrange pas vraiment. Et puis comme on va au même endroit …. »

« Comment ça au même endroit ? »

« C’est-à-dire que je suis dans le bureau à côté du vôtre, mais comme il est obligatoire de communiquer seulement par mail pour optimiser le temps de travail, on n’était pas près de se connaître. »

L’histoire de deux Lillois sur le Nil

9 septembre, 2017

Sur le Nil

Bill

Et Gilles

Vils

Et virils

Ne bougent pas d’un cil.

Ils

Sont sur le gril

Et sur le fil.

Il est midi pile

Dans leur ville

De Lille.

L’épicier espion

8 septembre, 2017

C’est épique !

A l’Epiphanie

L’épicier

Et ses épithètes :

Epilé

Et Epicurien,

Epie

Mes épinards

Qui viennent d’Epinal.

L’histoire du rhinocéros joueur

6 septembre, 2017

En Ecosse

Le rhinocéros

Colosse

Se cabosse

Contre le carrosse

De ces gosses.

Il a une bosse.

C’est rosse.

Un menteur

5 septembre, 2017

« Je suis un menteur. »

« Vous n’avez pas honte ? »

« Ou, mais attention, je suis un fieffé menteur. C’est le haut de gamme. C’est comme un menteur qui serait décoré de la Grand-Croix du Mensonge. Je ne suis pas un vulgaire mythomane qui invente des histoires à dormir debout.

« Mes respects, Monseigneur ! »

« En plus, je suis un menteur invétéré, ce qui veut dire que ça me tient depuis longtemps. D’ailleurs papa et maman était de sacrés menteurs. ‘Sacrés’ ne voulant pas dire dans ce contexte qu’ils ont été bénis par la religion. Bien au contraire. »

« Vous avez une belle réputation ! »

« Absolument. Tout le monde me reconnait comme menteur. C’est un fait indiscutable, validé par les meilleurs spécialistes. Je suis un menteur patenté. »

« Comment se fait-il que vous vous vantiez d’être menteur. D’habitude, ils se cachent. Vous vous rendez compte que vous êtes immoral ? »

« Je dirais plutôt que je suis éhonté. Je ne ressens aucune honte à mentir. Je mens comme vous vous respirez. »

« C’est grave ! »

« Non, je ne suis pas un menteur pathologique. J’essaie de mentir efficacement. Et puis d’abord qu’est-ce que mentir ? C’est dire le contraire de ce que je sais être vrai. Mais je peux très bien me tromper sur la véracité d’un fait, donc ce que je sais vrai peut être faux, donc au final je ne mens pas toujours. Je suis un menteur de bonne foi. »

« En plus vous êtes un peu manipulateur. Vous vous arrangez avec la vérité. »

« Evidemment. Vous ne trouvez pas qu’il y a une sorte d’arrogance à se croire tout le temps détenteur de la vérité. Le menteur lui est modeste. Il prend une distance raisonnée avec le Vrai. »

« Le résultat, c’est qu’on ne peut pas se fier à ce que vous dites. »

« Pas forcément, ça dépend de ce que je dis. Si je dis :’je mens’, vous pouvez comprendre que je dis la vérité, puisque je suis un menteur et par conséquent que je suis bien un menteur. Si je dis la vérité, je confirme que je suis un menteur. Vous pouvez donc en être sûr puisque je vous le confirme tout en étant un menteur. Nous sommes tout proche du célèbre paradoxe du menteur. Vous me suivez ? « 

« Vaguement. Mais si vous me dites qu’il pleut, je peux sortir sans parapluie. »

« Oui, si je mens pour vous tromper. Auquel cas je serais un ‘sale menteur’. Mais moi, je mens propre. Je ne tiens pas à vous jouer un vilain tour. »

« Je vous en remercie. »

De l’eau encore de l’eau !

4 septembre, 2017

Allo !

C’est moi, le socialo

Un peu mégalo.

Je suis à Saint-Malo,

A la pêche au cachalot

Avec un métallo,

Un ballot

Pâlot.

Je n’ai pas tiré le gros lot.

Vive le ON

3 septembre, 2017

« Qui c’est ce ‘on’, dont tout le monde parle ? »

« Je n’en sais rien. En fait, j’oserai dire qu’en général, ‘on’ ne sait pas qui est le ‘on’. Si je le savais, j’emploierais un autre pronom personnel. »

« Pourtant, ‘on’ fait quelque chose : on dit, on pense que… C’est donc quelqu’un qui agit, mais ‘on’ (celui qu’on ne connait pas) ne sait pas qui est ce ‘on’ (c’est-à-dire lui-même). Vous me suivez ? »

« Tout à fait, Georges. Mais quand je vous dis ‘on y va ?’, je pense à nous deux. Evidemment si je dis ça alors que nous sommes 50, je ne sais plus à qui je m’adresse et c’est la pagaille. Il faut faire attention avant de dire ‘on’ ! »

« Remarquez, ce serait plus simple si vous me disiez ‘nous y allons ?’ au lieu de ‘on y va ?’. »

« Vous avez raison, mais si je dis ‘nous y allons’, j’ai l’air de vous donner un ordre ce qui n’est pas mon genre ! Si j’emploie le ‘on’, c’est pareil, sauf que je me réfugie derrière une entité inconnue qui nous donnerait un ordre à tous les deux. »

« Nous y voilà. Le ‘on’ permet de dire n’importe quoi en attribuant le n’importe quoi à n’importe qui ! »

« Absolument, moi quand je suis gêné, je dis ‘on’ pour ne pas voir d’histoire. C’est plus pratique ! Par exemple, quand j’affirme une opinion, je dis ‘on sait bien que’. Je fais comme si tout le monde savait ce que je suis en train de dire, alors que je n’ai aucune idée du nombre de gens qui le savent ! »

« C’est un peu tordu comme raisonnement. »

« Oui, sur le plan intellectuel, c’est nul. Mas enfin c’est pratique. »

« Si je comprends bien quand j’emploie le ‘on’, je commets une petite lâcheté. Ou alors une hypocrisie ce qui ne vaut pas mieux. »

« Pas forcément. Si vous dites ‘on a frappé’ à la porte, vous avouez votre ignorance sur l’identité de la personne qui cogne. Le ‘on’ est légitime. »

« Est-il possible d’évoquer un mouvement de foule avec le ‘on’ ? »

« Oui, le ‘on’ permet d’évoquer un groupe aux contours indéfinis de personnes. Exemple : dans ce salon, ‘on fume’, ‘on boit’, ‘on discute’… Il est souvent nécessaire d‘évoquer une atmosphère, je trouve que c’est la meilleure utilisation du pronom impersonnelle puisque c’est bien d’un groupe de gens dont on parle et non d’un individu. »

« Oui, ça n’empêche pas que ‘on’ n’emploie le ‘on’ quand on n’a pas envie de se fatiguer. Par exemple, si je dis ‘on dirait qu’il va pleuvoir’, c’est pour éviter d’avoir à dire ‘je pense qu’il va pleuvoir’, ce qui pourrait m’être reproché si je me trompe. Pour être parfait, il faudrait dire : « je pronostique qu’il va pleuvoir, mais il existe une probabilité non nulle pour que ma proposition soit fausse. »

« C’est un peu tarabiscoté. Finalement, ‘on’ aime bien le ‘on’ pour sa capacité à simplifier. »

Mot à mot

2 septembre, 2017

Au dimanche des Rameaux

Momo

Avec son marmot

Et son jumeau

Vend des émaux

Dans son hameau

Près de Meaux,

Sans un mot

Et sans maux.

Un père Perse

1 septembre, 2017

Chez les Perses

Il y a une personne,

Un père, c’est sûr.

Il a les yeux pers,

Perspicaces

Qui percent

A travers les persiennes.

C’est un persifleur

Qui mange du persil

Avec ses pairs.

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