C’est la crise !
« Je n’ai pas eu de crise d’adolescence. »
« Comment ça ? Pas de crise d’adolescence ! Vous n’avez jamais insulté vos parents ? Vous ne leur avez jamais interdit l’entrée de votre chambre en hurlant comme un imbécile ? Vous ne vous êtes jamais enfui de chez eux ? C’est possible, ça ? »
« Euh, juste une fois, je suis descendu dans la rue, mais comme il faisait froid, je suis vite remonté ! »
« C’est très ennuyeux ! Vous avez manqué quelque chose. Vous avez sûrement été surpris quand votre gamin vous a traité de vieux connard. »
« Oui, d’autant plus que lui, il est descendu avec son sac à dos et qu’il n’est pas remonté. »
« Il y en a comme ça… »
« Le pire, c’est que je n’ai pas connu la crise de la quarantaine non plus. »
« Comment ? Pas de crise de la quarantaine ? Vous n’avez pas connu ce moment délicieux où l’on se dit qu’on a lâchement abandonné ses rêves d’adolescence et qu’on n’est qu’un raté avec une petite vie bien rangée ! »
« C’est grave ? »
« Oui, un peu. Mais vous pourriez au moins vous débrouillez pour me faire une crise de la soixantaine. Ce moment où votre conjoint en a marre et se sauve, ce moment où les gamins vont s’installer ailleurs en se dispensant de votre avis… Vous ne pouvez pas rater ça, ce serait dommage, tout de même… »
« En effet, je vais faire un effort. »
« Faites tout de même attention, parce qu’il y a des conjoints et des gamins qui s’accrochent chez vous parce que c’est chauffé au lieu de vous larguer comme une vieille chaussette. »
« Si on ne peut même pas compter sur la crise de la soixantaine… »
« Si vous la manquez, je vous propose la crise des soixante-quinze ans. C’est l’instant où vous commencez à mettre en ordre vos papiers et à régler votre convention obsèques, sans oublier d’écrire une épitaphe originale sur votre tombe. »
« Moi, j’aimerais bien faire une crise marrante tout de même. Un moment où on fait une sorte de crise de rire devant les vicissitudes de la vie… Vous n’avez rien dans ce style-là ? »
« Alors là, c’est compliqué ! Vous êtes exigeant ! il me reste la crise du divorcé, la crise du licencié économique, la crise financière, la crise de nerfs fiscale, la crise du lumbago…. Mais la crise de rire, c’est très rare tout le monde en veut ! »
« Bon, eh bien tant pis, je vais continuer à vivre sereinement… »
« Je sais : vivre sans s’énerver c’est très dur. Si vous ne ressentez pas le besoin d’envoyer tout balader à un moment ou à un autre, vous êtes mal barré. Il faudrait que je vous fabrique une crise sur-mesure. »
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