Archive pour juillet, 2017
Bouchons les trous
30 juillet, 2017« Chers téléspectateurs, ce soir Ernest Baldinguet est notre envoyé spécial sur la plage de Trou-les-Bains et nous rapporte un reportage spécial sur les vacances d’une famille de français moyens, au plus près des réalités de terrain ! »
« Alors, en vacances sur la plage ? »
« Oui, oui… enfin ! On travaille toute l’année. On est contents de se reposer un peu. C’est bien mérité ! »
« Remarquez, en maillot de bain sous un parasol, je me doute bien que vous n’êtes pas en plein boulot ? Pas trop chaud ? Comment luttez-vous contre la chaleur ? »
« On se baigne, on met de la crème, on met une casquette aux petits. Parce que les petits sont fragiles ! Et puis on mange des glaces ! Ouh… on adore les glaces ! »
« C’est bien ça ! Et l’eau ? »
« Elle est bonne. Un peu froide en entrant, mais une fois qu’on y est, elle est bonne… »
« Et les problèmes de budget ? »
« En vacances, on ne compte pas, mais enfin on fait attention tout de même. A midi, c’est sandwich. Et puis, un petit resto à la fin… »
« Et pour les loisirs ? »
« Oh, nous on n’est pas du genre à rester allongés toute la journée. On va se balader … Partout, sur la jetée, sur le port pour voir des bateaux… On va au marché … Ce soir, il y a l’élection de Miss Plage …. «
« C’est bientôt la rentrée, pas de regrets ? »
« Si un peu, toujours trop courtes ces vacances. On va retrouver le boulot, le métro, les copains à la cantine, le patron … Vous voyez, quoi ? »
« Et le moral ? Pas trop déprimé ?… Vous êtes en train de plier la tente, ça vous fait quoi ? Fondamentalement ? »
« On est tout beaux, tout bronzés. On pense déjà aux prochaines vacances. Alors, il ne faut pas trop se plaindre. Hein ? »
« Vous ne craignez pas les bouchons pour rentrer ? »
« On va prendre son temps, sans stresser, s’arrêter pour se rafraîchir ! »
« En effet, il faut boire. Et les enfants, pas trop pénibles en route ? »
« Un peu, mais il faut savoir les occuper. Et puis, il va falloir pensée à préparer la rentrée. Les cartables, les habits. Ils veulent tous de la marque ! »
« Mais c’est le même reportage que l’an dernier ? Les questions et les réponses sont complètement nulles ! »
« Oui le sujet aussi, mais on ne sait pas de quoi parler. »
C’est l’heure.
29 juillet, 2017Jouons !
28 juillet, 2017Le cannibale Hannibal ouvre le bal avec Annie.
Chez les inuits, il fait nuit.
Si belle, Sybille, quand elle lit des libelles.
Les limaces grimacent.
Je me marre dans la mare.
Un homme, d’âge mur, sur le mur, murmure.
Avec son carquois, il est narquois, Bernard, quoi !
Demain, la main de la Maintenon, ou maintenant ?
Un velléitaire
27 juillet, 2017« Je suis un gros nul… »
« Mais non, mais non… »
« Si, si, n’essayez pas de me faire plaisir. Je ne suis pas capable d’aller au bout des choses. Ça a commencé très tôt : je n’ai jamais pu terminer un cahier de devoir de vacances ! C’est vous dire ! »
« Remarquez, moi non plus. A 10 ans, on est un peu coquin. On s’imagine que les vacances, c’est fait pour ne pas travailler. »
« Ensuite, j’ai été pris de l’envie de faire une collection de timbres, ça n’a pas été très loin. Je n’ose même pas vous parler de mon ambition d’apprendre le piano. Je me suis énervé au bout de deux leçons. C’est lamentable. »
« Bof … on peut vivre sans album de timbres ou sans savoir le piano. »
« Ce n’est pas tout. Chaque fois que je m’inscris dans un club de sport, je ne dépasse jamais 1 ou 2 séances ! »
« C’est classique. Dites-vous que vous participez à l’économie de ce secteur, en achetant très cher un service que vous n’utilisez pas. C’est comme une subvention ! »
« Le résultat, c’est que je me sens toujours boudiné du ventre. Je ne vous parle pas des régimes que je n’ai jamais été capable de suivre jusqu’au bout. »
« Il faut dire que personne n’est sûr que ça marche ! Vous êtes pardonné. »
« Et tous les livres que j’ai achetés sans les lire. C’est trop ardu de lire un livre. Quand j’atteins la page 10, je suis content. »
« Ne vous en faites pas, on en est tous là. Laissez trainer vos bouquins au salon pour faire croire que vous êtes cultivé. C’est toujours ça de gagner. »
« J’avais dit aussi à Josiane que j’allais ranger le garage. Je suis crevé rien que d’y penser. Je fais comment là ? »
« Rien. Vous vivez très bien avec votre garage en pagaille. N’allez pas chercher les complications. »
« Et au bureau ! Vous croyez que je range mes fichiers informatiques correctement. Bin… non ! Je retrouve tout au pif… enfin quand je retrouve ce que je cherche. »
« Ce n’est pas grave, maintenant on vend des logiciels de recherche qui marchent très bien. D’ailleurs, il y a des entreprises qui se développent en exploitant la paresse des gens. Je connais même des gens que vous payez pour ranger vos placards. »
« Et pour cirer mes souliers ? »
« Oui, mais là, ça s’appelle des domestiques. Cependant il ne faut pas compter sur un domestique pour lire ou faire du sport à votre place. »
« Je vois. On n’est pas très loin d’un système où je suis obligé de tout faire moi-même. »
Relevons le gant
26 juillet, 2017J’ai été jeune !
25 juillet, 2017« Moi aussi, j’ai été jeune. Je sais ce que c’est. »
« Bon, alors tu finissais toujours tes cahiers de devoir de vacances ! »
« Euh… bien entendu, je faisais ça correctement. »
« Et puis, tu allais te coucher de bonne heure de façon à être frais et dispos, le lendemain matin, pour prendre le chemin de l’école. »
« Evidemment ! Voilà qui tombe sous le sens ! »
« D’accord. Et tu ne faisais pas tes devoirs au dernier moment. »
« Je n’ai jamais eu ce genre de mauvaise habitude. Allons ! Allons ! »
« Et tu n’as jamais calculé la probabilité que tu avais d’être interrogé au tableau par tes professeurs, ce qui permet de ne pas toujours apprendre ses leçons ? »
« Comment une telle pratique peut-elle exister ? Quelle honte ! »
« Je suis bien d’accord ! Et bien entendu, tu n’as jamais été malade un jour de composition ? »
« Qu’est-ce que tu vas chercher ? Même très atteint par le mal, je me précipitais au lycée ou au collège pour me battre comme un lion avec ma copie. »
« Bon, je vois. Je n’ose pas te poser la question, mais tu n’as jamais été tenté de soudoyer un élève qui a eu le même professeur que toi l’année précédente, pour qu’il te file les corrigés des exercices donnés par le dit professeur ? »
« Jonathan, je suis outré par le simple fait que tu puisses avoir ce genre d’idées dans la tête. Une manipulation comme celle-ci devrait mériter le cachot. »
« Au minimum. Nous sommes bien d’accord. Et les jours de grève ? Ils sont nombreux à l’Education Nationale. Tu n’as jamais séché un cours de maths en prétextant que tu pensais que le prof était gréviste. »
« Si tu crois que mon père aurait supporté untel mensonge… »
« Et les cours de gym ? Tu étais assidu évidemment. Tu n’as jamais prétendu avoir oublié tes affaires de sport dans le but de pouvoir aller tranquillement buller en permanence ? »
« Je n’ai même jamais pensé qu’une telle vilénie puisse se pratiquer. »
« Et lorsque le professeur demandait un volontaire pour être chef de classe, tu te précipitais le premier. »
« J’ai toujours eu le sens des responsabilités. Tout le monde ne peut pas en dire autant. »
« Et au moment de la signature du bulletin de note, aucune tentative de grattage ou de falsification, bien sûr ? »
« Non mais, pour qui tu me prends ! De telles errements forment de futurs repris de justice. »
« Bon… bin… papa, tu n’as pas dû te marrer souvent quand tu étais jeune. »
Ouah ! Ouah !
24 juillet, 2017Lapin crétin
23 juillet, 2017« Mon psychologue m’a dit que je devais m’affirmer. Qu’est-ce que ça veut dire, à votre avis ? Hein ? »
« Cela veut dire que vous devez vous battre pour donner votre avis et ne pas hésiter à faire preuve de détermination en imposant votre présence. »
« Donc, si vous n’êtes pas du même avis que moi, je peux vous casser la figure ? »
« Non, ce n’est pas ça. Vous devez donner votre opinion en paraissant si certain d’avoir raison que j’en serai impressionné et garderai mon avis pour moi. »
« C’est-à-dire que votre opinion m’intéresse. Ne la gardez pas. Et puis à un problème donné, je ne suis pas certain qu’il n’y ait qu’une solution. »
« La question, ce n’est pas qu’il y ait plusieurs solutions, c’est de donner l’impression par votre comportement autoritaire que la vôtre est la meilleure. »
« Pourtant, la philosophie enseigne qu’il n’y a rarement qu’une vérité. »
« Vous croyez sérieusement qu’on a le temps de faire de la philosophie aujourd’hui. De toute façon, les philosophes ont dit tout et le contraire, personne n’y comprend rien. Et puis, aujourd’hui, tout le monde est dans l’action. La réflexion est supposée ne servir à rien. »
« C’est de l’activisme ! Une vraie maladie ! »
« Oui, mais c’est comme ça que la dictature des comportements exige de se comporter. Déterminé et dynamique. »
« Je n’ai jamais compris ce que veut dire dynamique, mais enfin… »
« Moi non plus, mais ce n’est pas important puisqu’on est dans une civilisation du paraitre. Il faut que votre attitude donne une impression de vitesse et de volontarisme. Ah… pendant que j’y pense : il faut que vous parliez toujours de choses « concrètes » ! Développer des discours abstraits, c’est aujourd’hui un péché. »
« Pourtant la théorie a toujours précédé la pratique. La loi de la gravité est à l’origine de nombreuses applications concrètes… »
« Et voilà, vous recommencez à ratiociner. On s’en fout de la théorie. C’est un mot à ne pas prononcer. Comment voulez-vous vous affirmer si vous discutaillez à la moindre occasion ? Il faut dire quelque chose en ayant l’air sûr de ce que vous avancez, c’est tout ce qu’on vous demande. »
« Et si quelqu’un dit le contraire de moi ? »
« Vous lui jetez un coup d’œil méprisant. Si c’est bien fait, votre interlocuteur en restera coi. Au pire, vous faites comme s’il n’avait pas parler, c’est encore plus agressif. Et puis en cas de difficultés, sortez une phrase ou deux sur lesquelles on ne peut être que d’accord. Personne ne vous contrariera, et vous passerez pour un cador. »
« J’ai pigé. Il s’agit d’être un peu plus crétin que les autres. »
« Euh… ce n’est pas tout à fait ce que j’ai dit. »