Lieux communs
27 juin, 2017« Je vais dire un truc qui va prendre place dans le grand livre des lieux communs. »
« Allons-y. Je m‘attends à tout. »
« Le temps passe à la vitesse de l’éclair. »
« Effectivement, c’est du lourd ! »
« Vous en avez de bonnes. Les hommes ont inventé le langage pour se comprendre entre eux. Ensuite, ils ont créé les lieux communs pour non seulement se comprendre, mais aussi ne pas se surprendre mutuellement. »
« Pourtant, c’est agréable d’être surpris. »
« Si je vous dis que le temps passe à la vitesse du faucon pèlerin (l’un des animaux les plus rapides), vous allez en rester coi et me prendre pour un original, ce qui est très déplaisant pour moi. »
« Si je comprends bien, il vaut mieux se dire des banalités. »
« Sauf si j’ai envie de faire mon malin, mais alors, il faudrait que vous me demandiez quelle est la vitesse du faucon pèlerin. »
« D’accord. Quelle est sa vitesse ? »
« Quand il est en grande forme il peut atteindre 390 Kilomètres-heure. Le TGV est enfoncé ! Si vous partez en même temps de Lyon, c’est lui qui vous attendra à Paris ! »
« Allons bon, ça vaut le coup de vous parler. Je peux dire un autre lieu commun ? »
« Je vous en prie. »
« La vérité sort de la bouche des enfants. »
« On voit bien que vous n’avez pas les miens. Comme manipulateurs on ne fait pas mieux. C’est un lieu commun idiot, comme il en existe tellement. Il faudrait dire ‘menteur comme un sale gosse’. »
« Bon, je vais en dire un autre pour passer le temps : l’erreur est humaine. »
« Sûrement pas, elle peut très bien être animale. Le corbeau qui – bassement flatté par le renard – lâche son fromage ne commet-il pas une erreur ? »
« Le lieu commun rassure. Si je vous dis que l’erreur est humaine, c’est pour que vous ne vous sentiez pas seul quand vous vous gourrez. »
« C’est sympa, mais c’est faux. C’est une phrase qui met l’accent sur mes erreurs ! »
« Le mieux serait de se dispenser d’émettre des lieux communs. »
« Si on est obligés de dire des choses intelligentes et originales chaque fois qu’on ouvre la bouche, on ne va plus se dire grand-chose. »
« C’est vrai. Alors gardons les lieux communs qui ne prêtent pas à discussion. Par exemple : ‘il parle anglais comme une vache espagnole’. On peut prendre plusieurs nationalités pour caractériser la vache de façon à renouveler un peu la phrase, ce qui ne change rien au fait qu’elle est complètement nulle (la phrase… mais la vache aussi). »