Un pleurnichard

« Tu m’as traité de pleurnichard !»

« Oui, tu te plains de tout »

« C’est vrai, je n’arrête pas. Mais aussi rien ne va comme je veux : le boulot, le temps, les impôts, mes gamins… »

« Eh bien, au lieu de pleurnicher, il faut te retrousser les manches et attaquer les problèmes les uns après les autres. »

« Si les autres arrêtaient de me poser des problèmes, ce serait tout de même bien plus facile pour moi. »

« Tu te rends compte que les autres ont peut-être plus de raisons que toi de se plaindre. Et pourtant, ils se taisent et affrontent leurs difficultés. »

« Ils devraient pleurnicher aussi, ça fait du bien. »

« Ton attitude est d’autant plus idiote que tu pleurniches pour des problèmes qui sont incontournables. Par exemple le temps. »

« Si on ne peut plus pleurer sur le mauvais temps ou alors sur la canicule, la moitié de la relation sociale disparait. Et je suis sûr qu’il y a quelque part quelqu’un qui rigole de moi quand j’ai trop chaud ou trop froid. »

« Bon, prenons ta feuille d’impôts. Certes, il y a des fonctionnaires qui font tout pour la compliquer. Mais de toute façon, tu es obligé de la remplir, alors c’est inutile de t’énerver. »

« S’énerver contre le temps ou les fonctionnaires est une obligation citoyenne. »

« Bon, alors prenons tes gamins qui font des bêtises à l’école. Ce n’est pas forcément de la faute des profs qui sont incompétents, c’est peut-être de la tienne. »

« J’en étais sûr. C’est moi qui suis complètement nul en maths ? Ou alors qui vend de l’herbe en cours de récréation. »

« Non, mais tu pourrais inculquer des valeurs positives aux enfants au lieu de t’en ficher complètement. »

« Mais je leur fais la leçon, figure-toi. Selon moi, on n’accepte pas un zéro en maths sans avoir protesté. On n’hésite pas à dénoncer les copains sous n‘importe quel prétexte. Si on a été pris en possession de drogue … on insiste sur les vertus thérapeutiques du cannabis. Bref, on ne se laisse pas marcher sur les pieds. »

« Si je comprends bien, quand ça ne va pas, c’est de la faute des autres. »

« Bien entendu ! Tu ne crois tout de même pas que je vais reconnaître mes torts. Les autres s’en réjouiraient sûrement et chercheraient à en profiter. »

« Et si les autres se déchargent sur toi de tous leurs soucis ? »

« Alors là, ce serait beaucoup de mauvaise foi. Je me plaindrai amèrement de leur partialité. Voilà qui démontrerait une fois de plus que le monde entier s’acharne sur moi ! »

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