Trop bon !
13 avril, 2017« Je vous complimente. »
« Ah bon, pourquoi ? »
« Je n’en sais rien, mais vous avez surement des qualités qui suscitent l’admiration, comme tout le monde. »
« Vous flagornez. Qu’est-ce que vous attendez de moi, en échange de vos flatteries. Ne seriez-vos pas en train de me rejouer la scène du corbeau et du renard ? »
« Je n’attends rien. Promis. C’est étonnant comme les gens n’aiment pas qu’on dise du bien d’eux. Voilà qui montre bien que nous sommes dans une société où la règle, c’est l’agression entre les individus. »
« Peut-être, mais là vous me mettez dans la situation où je vais être obligé de vous trouver des qualités et de les énoncer alors que je n’en ai pas tellement envie. »
« Vous allez me gêner. »
« Alors qu’est-ce que je fais de vos compliments ? Je dis qu’ils sont bien trop élogieux et que je ne les ai pas mérités. »
« Non, si vous faites ça, je vais être obligé d’en rajouter une couche en disant qu’en plus vous êtes d’une très grande modestie qui vous honore. »
« Vous avez raison, ça ferait beaucoup. Je vais dire qu’en effet je suis doté de toutes les qualités que vous me reconnaissez. »
« C’est mieux. Il faut savoir s’assumer, même quand on est un être merveilleux. »
« Vous êtes sûr que je ne peux pas vous complimenter aussi ? »
« Non. D’autant plus qu’à côté de vos mérites, les miens sont peu de choses. »
« Vous voyez… Déjà, on peut dire que vous êtes modeste ! »
« Ah oui ! Mince ! Je n’ai pas fait exprès. Le mieux serait que vous me détestiez. »
« … Ce qui ne va pas tarder ! On ne déballe aux gens leurs qualités comme vous le faites ! C’est très malséant. »
« Je suis désolé, je n’ai pas été très bien élevé par mes parents. C’est vrai, ils auraient pu m’apprendre la méchanceté gratuit en dénigrant tout le monde ! »
« Vous avez l’air d’avoir eu une enfance difficile. »
«Oui. Dès l’âge de 3 ans, j’ai dû apprendre à respecter mes camarades de bac à sable. A 6 ans, je protégerais les plus faibles dans la cour de récréation. A 10 ans, j’organisais une caisse de secours pour les enfants sans Noël. »
« Je comprends mieux votre obsession d’être bon pour les autres. »
« Le corps médical ne m’a pas laissé beaucoup d’espoir d’en sortir. »