Archive pour avril, 2017

Arrestation stylée

30 avril, 2017

« Vous rouliez sur la voie centrale, alors que vous devez circuler à droite ! »

« Oui mais, circuler à droite, ça fait pépère. Ce n’est pas du tout mon style de conduite. »

« Circuler au milieu, ça oblige les autres à vous doubler par la droite, ce qui est interdit. Votre faute oblige les autres à faire une faute. Vous êtes donc doublement coupable ! »

« Peut-être, mais je suis un coupable avec du style. »

« C’est aussi ‘pépère’ de ne pas respecter les priorités. »

« Non, c’est mon orgueil qui parle. Il ne peut pas exister des activités plus prioritaires que les miennes. »

« Et les limitations de vitesse, ça vous parle ? »

« Moi, dans la vie, je suis un fonceur. Je ne connais pas de limites. Je n’en dirais pas autant de tout le monde. »

« Et je suppose que l’importance de votre situation professionnelle nécessite que vous téléphoniez fébrilement au volant. »

« Evidemment. Si vous croyez que ça m’amuse. Je préfèrerais regarder le paysage comme n’importe qui. Je vous fais remarquer tout de même que je ne regarde plus un film sur mon PC en conduisant depuis qu’un de vos collègues m’a fait des remarques acerbes à ce sujet. »

« C’est bien ça. On progresse. »

« Et les piétons aux passages cloutés ? Nous avons eu des plaintes de gens qui ont eu la peur de leur vie. »

« Alors là, ça dépend. Ceux qui me regarde avec un air supérieur, en semblant me dire que c’est à eux de passer, je ne leur accorde pas le passage. Pour que je m’arrête, il faut me jeter un coup d’œil soumis. Vous comprenez ? »

« Non pas tellement. Vous avez remarqué que vous n’avez plus de points sur votre permis ? On pourrait même dire que vous avez des points négatifs.»

« Et voilà ! J’en étais sûr : des points comme à l’école. Vous m’infantilisez ! »

« Vous envisagez de repasser votre permis ?»

« Pas du tout. Moi, je suis un vrai rebelle. Je me dresse contre les conventions sociales superflues. Et ma liberté qu’est-ce que vous en faites ? »

« On s’en fiche un peu. Vous êtes un danger public. Vous n’êtes plus autorisé à conduire, même en état d’ébriété comme hier. »

« On a pourtant passé une bonne soirée. Y’avait Paula, Juliette, Paméla, Ludovic, Bouboule, qu’est-ce qu’on s’est marré. Vous connaissez Bouboule ? »

« Non pas vraiment. Pour vos 20 000 euros d’amende, vous payez tout de suite ? Sinon, c’est le double. Une petite saisie sur salaire, ça vous arrangerait ? »

Histoire romantique

28 avril, 2017

Le cœur

D’un beur

Majeur

Pleure

Pour ma sœur

Qui bat le beurre

Dans l’Eure

Sans peur

Comme une fleur.

Sujet d’inquiétude

27 avril, 2017

« Je suis inquiet. »

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Je n’en sais rien, c’est justement pour ça que je suis inquiet. »

« Vous êtes menacé ? »

« Non, pas spécialement. »

« Vous passez un examen ? »

« Non plus. »

« Alors ? »

« Alors, vous trouvez normal de vous réveiller et de ne pas avoir de soucis ? »

« C’est plutôt bien, non ? Aujourd’hui, vous n’avez rien craindre. Profitez-en, ce n’est pas toujours le cas.»

« Ce n’est pas parce que je ne vois pas venir les ennuis qu’ils ne se cachent pas quelque part pour me sauter à la gorge. Donc je suis inquiet. »

« Mais puisque je vous dis que personne ne vous en veut. »

« Si. Par exemple, le fait que vous vous intéressiez à moi, c’est parfaitement inquiétant. D’habitude tout le monde est indifférent à mon humeur. »

« Il est vrai que d’habitude, vous avez toujours l’air inquiet, donc nous nous y sommes habitués. Mais comme vous n’avez pas de soucis aujourd’hui, nous sommes inquiets de vous savoir inquiet. »

« Si je comprends bien, dans le cas où je n’aurais pas eu l’air inquiet aujourd’hui, vous aurez trouvé ça normal et m’auriez côtoyé sans trouver mon attitude inquiétante. Vous vous fichez donc complètement des gens à l’aspect tranquille. »

« Euh… ça commence à devenir un peu compliqué votre affaire.  Vous pouvez résumer ? »

« D’accord. Le point important, c’est qu’il faut que j’aie tout le temps l’air inquiet. Ainsi, j’ai une chance qu’on se préoccupe de moi, même le jour où je n’ai aucun motif d’inquiétude. »

« Je vois : vous souffrez de l’indifférence de vos contemporains. Mais vous-même faites-vous attention à leur humeur ? »

« Non, je n’ai pas trop envie de m’inquiéter pour eux, puisqu’ils ne s’inquiètent pas beaucoup pour moi. Sauf les jours où je n’ai pas de raison de m’inquiéter. »

« Je commence à m’inquiéter pour votre état mental. »

« Tout ça parce que je m’inquiète aujourd’hui du fait que je n’ai pas de sujet d’inquiétude ! C’est moi qui suis inquiet pour vous. Vous n’avez rien compris : ne pas avoir de sujet d’inquiétude est en soi un sujet d’inquiétude ! »

Revoilà l’archiduchesse

26 avril, 2017

L’archiduchesse

Cherche

Ses chaussettes

Qui sont sèches

Puis joue à cache-cache

Avec Eustache

Son chouchou

Que je sache.

Chiche !

Un monde parrallèle

25 avril, 2017

« Je suis dans un monde parallèle. »

« Ah bon ! C’est bien ? Depuis combien de temps ? »

« Questions nulles. Dans mon monde, le bien et le mal n’existent pas. Le temps non plus. D’ailleurs, toutes ces notions qui vous stressent sont absentes chez nous. »

« Vous devez vous ennuyer. »

« Non. Puisque le temps n’existe pas, nous ne pouvons pas le trouver long. »

« Vous êtes combien là-bas dedans ? »

« Un certain nombre indéfinissable puisque nous sommes des sortes de nuages qui vont et viennent, se déforment, se multiplient… »

« Vous êtes heureux ? »

« A vrai dire, je n’en sais rien, nous n’avons pas très bien compris ce que c’est que le bonheur. »

« Comment fait-on pour accéder à votre monde ? Il y a une billetterie en ligne ? »

« Non, vous ne pouvez pas y venir puisque c’est un monde parallèle et que deux parallèles ne peuvent pas se rencontrer. »

« Alors pourquoi me parlez-vous ? »

« Je n’en sais rien. Quelqu’un a dû tracer une perpendiculaire et faire un trou dans notre parallèle.  Du coup, notre droite coupe la vôtre et avec la chance que j’ai, c’est moi qui me suis trouvé au point de rencontre. »

« Il existerait donc un monde perpendiculaire !»

« Oui, c’est inquiétant. Je n’aime pas tellement leurs manières. Quand on constitue un monde à part, on s’arrange pour être parallèle aux autres. »

« Bon, moi je veux bien vous aider, mais je n’ai pas tellement envie de me transformer en nuages. J’aime bien mon monde, le temps que je n’ai pas, le bonheur qui me fuit… »

« Si vous voyez des gens du monde perpendiculaire, pourriez-vous au moins leur dire de se redresser ? Moi, je n’aime pas tellement atterrir chez vous. »

« Et pourquoi ? Certes, nous ne sommes pas très zen, mais nous on a la télé, les matches de Ligue des champions, le mariage, le Pacs, les vacances à la mer… »

« Si vous croyez que ça me fait planer… »

« En attendant, je ne vois pas bien ce que je vais faire d’un nuage qui est tombé dans mon jardin. Je ne vais pas faire le tour du quartier pour présenter mon nuage. »

« Ne vous inquiétez pas. Le service de maintenance est alerté, ils vont me repêcher, colmater le trou dans notre parallèle et la redresser. »

C’est le hic et le hoc !

24 avril, 2017

Pendant que je joue au trictrac

Chez le grec.

Mon bric-à-brac

Subit un fric-frac.

Du coup, je suis ric-rac.

Pour le fric,

J’ai le trac.

Je fais du troc

Pour récupérer ma brique.

Leçon de courtisanerie

23 avril, 2017

« Je pourrais vous courtiser ? »

« Pourquoi voulez-vous me courtiser, Dugenou ? »

« Quelle question ! Pour obtenir une promotion évidemment ! »

« Euh… Dugenou, je vous signale que lorsqu’on a projeté de fayoter avec son patron, on ne le lui annonce pas. »

« A bon ? On fait comment alors ? »

« On fayote sans le dire. Il faut qu’il s’en aperçoive, mais que ce ne soit pas trop outrancier quand même, sinon ça tourne au ridicule et ça devient contreproductif. »

« D’accord ! Je vous apporte votre café tout de suite ! Combien de sucres ? »

« Dugenou, le coup du café est réservé à ma secrétaire. Vous pourriez être porteur de café-adjoint pour la suppléer pendant ses congés, mais il ne faut pas m’incommoder avec des questions bas de gamme. Vous devez vous débrouiller pour connaitre le nombre de sucres que je prends et ne pas l’oublier. »

« Bon, alors, je vous aide à passer votre manteau et je porte votre serviette. »

« Considérez son patron come un handicapé, ce n’est pas terrible pour votre promotion, Dugenou !! »

« Alors, je fais comment pour me faire bien voir ? »

« Il faut faire ça plus finement. En réunion, hochez vigoureusement la tête pour montrer que vous êtes tout à fait d’accord avec moi. Faites des remarques qui mettent en valeur mes décisions et mes plans d’action. »

« Alors, il faut faire comme Mollard ? »

« Un peu plus adroitement. J’en ai marre de le voir arriver dans mon bureau à huit heures du soir pour me montrer qu’il travaille tard. »

« Avec moi, ça ne risque pas. Je pars à seize heures, seize heure trente au maximum. Josiane n’aime pas que je traîne trop tard dans les rues. »

« Vous pouvez fayoter, mais n’oubliez pas de travailler un peu quand même ! »

« Ah bon, il faut travailler aussi ? Je ne sais pas si je vais avoir le temps. Il faut que je prépare un plan pour honorer votre stratégie commerciale…  Mollard, lui, s’est spécialisé sur l’excellence de votre gestion financière. Il dit partout que vous êtes un as en matière boursière et que nous avons bien de la chance de vous avoir comme manager. »

« Ah bon, il dit ça, Mollard ? »

« Oui, et tout le monde le croit ! »

« Pendant que j’y suis, prenez sa place à la cantine, j’en ai un peu marre de déjeuner devant sa tête de faux-jeton. »

Ba, be, bi, bo, bu…

22 avril, 2017

Elle a un but !

D’un bond

Elle s’assied sur le banc

En bois,

Pour manger un bout

Et des baies,

A côté du beau

Blond et bi

Qui boite bas.

Echec et surtout mat !

21 avril, 2017

Mâtez-moi

Ce maton

Mature

Et matois.

Il a le teint mat.

Il est fort en maths.

Il se rend aux mâtines,

Avec son matou.

Un pessimiste

20 avril, 2017

« Je suis toujours très pessimiste sur mes projets. »

« Allons bon ! Qu’est-ce à dire ? »

« J’imagine toujours que je vais échouer, de telle sorte que je ne peux connaitre que des bonnes surprises. Si vous êtes toujours optimiste, vous vous exposez à toutes sortes de déceptions. »

« D’une certaine façon, vous êtes quand même optimiste puisque vous pensez qu’il existe encore des bonnes surprises possibles. »

« Je ne pourrais jamais être optimisme comme vous. Si vous réussissez tout ce que vous entreprenez, comment voulez-vous connaître la joie que vous procure un succès positif imprévu. Vous n’êtes pas frustré ? »

« Non, je suis assez content de croire à la réussite de ce que j’entreprends. Quand ça ne marche pas, je suis aussi content, d’une part ça montre que je suis humain et d’autre part, parce que grâce à mon échec, je vais pouvoir m’améliorer. Tandis que vous, vos échecs ne vous apprendront rien puisque vous les avez anticipés. »

« C’est vrai. Mais mes réussites, même si elles sont rares, peuvent m’apprendre quelque chose. »

« Bin… non, parce que vous penserez qu’elles sont dues au hasard ou à la chance et qu’il n’y a aucune raison pour qu’elles se reproduisent. »

« Bon, n’y aurait-il pas moyen de ne pas être pessimiste sans verser dans un optimisme béat ? »

« Je ne crois pas, parce qu’on a beau construire un projet de manière très rationnelle, on a forcément un petit pressentiment sur son issue. C’est humain. »

« Moi, mon pressentiment est toujours négatif. »

« C’est parce que vous n’avez pas confiance en vous. Il faut faire les choses avec enthousiasme, c’est un avantage supplémentaire que vous vous donnez. »

« Pfff… Si je mets de l’enthousiasme dans mes projets et que je me casse la figure, je serais doublement puni. D’abord par mon échec et ensuite parce que j’aurais fait mon malin devant les autres en disant que je vais réussir. Comme je connais Dugenou, mon voisin de bureau, il va bien rigoler. Tandis que si je dis que je vais me casser la figure et que je me casse effectivement la figure, il ne pourra pas se moquer. »

« Finalement, le mieux serait de faire ce que vous avez à faire sans faire de pronostic public sur votre échec ou votre réussite. Dans le premier cas, Dugenou ne pourra rien dire puisqu’il ignorait votre projet. Dans le second cas, il sera obligé de pousser des sifflements d’admiration. »

« J’ai déjà fait comme ça, mais Dugenou m’a reproché de ne pas communiquer sur mes projets, alors qu’il pourrait habilement me conseiller. »

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