Archive pour mars, 2017

Steak tartare

11 mars, 2017

Il est tard.

Qui a lancé ce pétard ?

Un fêtard ?

Non, c’est ce moutard,

Motard,

En costard.

C’est un vantard

Toujours en retard.

Vive le V !

10 mars, 2017

Viviane,

Une veuve,

Vivace,

Vivote,

Dans le Vivarais,

Avec Vivaldi.

C’est vivifiant.

Vivat, Viviane !

 

Quelle mauvaise éducation !

9 mars, 2017

« Je suis assez désinvolte. »

« Ah bon ? Pourquoi ? »

« Je n’en sais rien. Je fais comme si j’étais chez moi, partout. Je n’aime pas me laisser impressionner par les bonnes manières. »

« Les autres ne trouvent peut-être pas vos façons très agréables. Après tout, les bonnes manières ont été inventées pour mieux vivre ensemble. »

« On s’en fout ! Un peu de naturel dans cette société d’hypocrites ! »

« Et en quoi consiste votre désinvolture ? »

« Par exemple, quand je vais chez les gens, je n’apporte rien. Je viens les mains vides. Puisque je suis invité, je ne vois pas bien pour quoi je devrais payer quelque chose. Apporter une bouteille ou un bouquet, ce n’est plus une invitation, c’est un échange ! »

« Non, vous ne payez rien. Si vous achetez un bouquet de fleurs, ce n’est pas une contribution, c’est pour marquer votre gratitude à l’égard de la maîtresse de maison qui a pris soin de vous convier parce qu’elle apprécie votre présence. »

« Pff…En fait, c’est elle qui a de la chance que j’accepte son invitation. Je pourrais très bien ne pas apprécier sa présence.»

« Si je comprends bien, vous avez éliminé tout savoir-vivre de votre comportement. »

« Oui. Je veux agir selon mon savoir-vivre, à moi ! »

« Si chacun a son savoir-vivre, nous voilà de nouveau dans la loi de la jungle. Vous risquez d’être dévoré par plus fort que vous. Imaginez que vous grilliez la politesse à toute une file d’attente à la boulangerie et qu’un colosse vous casse la figure pour vous faire comprendre qu’il faut respecter la file. »

« C’est impossible ! D’abord, je jette un coup d’œil pour m’assurer qu’il n’y a pas de colosse ! Et puis, si je me fais matraquer, je porterai plainte à la police. On n’est pas entre sauvages, tout de même ! »

« Vous êtes un peu de mauvaise foi. »

« C’est possible, ça va avec ma désinvolture. Nous sommes dans une société où il faut toujours se justifier. Donc moi comme je suis désinvolte, je dois trouver des arguments qui sont nécessairement pourris. Si vous croyez que c’est facile ! Il me faut beaucoup d’imagination. »

« Je compatis. »

« Les gens comme vous ne me comprennent pas. Je suis le seul à respecter ma liberté. Et ma liberté doit être sans limite, sinon ce n’est plus ma liberté. »

« Bon, en attendant, je n’ai plus assez de sièges ! J’espère que je ne vais pas porter atteinte à votre liberté, mais il faudrait que vous vous asseyiez parterre puisque vous êtes le seul à être venu avec les mains vides. »

Une histoire de ouf !

8 mars, 2017

Le fou

Fourbe

Fouine

Dans la foule

Il fouille

Dans le fouillis

Avec fougue,

Sans être fourbu.

De l’usage des réseaux sociaux

7 mars, 2017

« Je prends du jus d’orange au petit déjeuner »

« Pourquoi vous nous dites ça ? On s’en fout un peu. Nous n’avons aucune intention de vous inviter à dormir chez nous. »

« Alors, comme ça, dans votre chronique, je ne peux même pas faire connaître mon mode de vie aux lecteurs ? »

« Bin… non, c’est sans intérêt ! »

« Encore de la discrimination. Quand Johny Halliday met deux sucres dans son café, toute la planète est au courant, tandis que si je détaille mon menu du matin, tout le monde s’en fiche ! »

« Le petit problème, c’est que vous n’êtes pas Johny Halliday. Donc vous n’êtes pas très intéressant au-delà de votre cercle familial. Et encore. »

« Heureusement qu’il y a Facebook. Enfin un endroit où je peux informer le monde entier. »

« Vous croyez que vos petites affaires quotidiennes vont intéresser les cinq continents ? »

« Pourquoi pas ? Bon d’accord, le fait que je boive un jus d’orange ne va bouleverser la marche du Monde, mais ça change ma vision de la journée. Il est important que j’en fasse part. Ce qui est écrit est supérieur à ce que je dis. Quand je vois ce que j’écris sur Facebook, je me sens devenir important, puisque ce que je fais est ECRIT ! Vous comprenez ? »

« Pas trop, non. »

« Je vois ce que c’est : vous snobez les pauvres hères comme moi qui se livrent sur Facebook. Vous préférez sans doute des conversations d’un autre niveau. »

« Pas spécialement, mais j’aime mieux ne pas passer mon temps à remplir des pages de Facebook avec des futilités. »

« Bon, d’accord, alors parlez de moi dans votre blog. »

« C’est-à-dire que mon blog est réservé à des réflexions profondes sur le sens de la vie. Remarquez que je pourrais vous citer pour illustrer les ravages de l’addiction aux réseaux sociaux ! »

« Et voilà, j’en étais sûr :  je suis un drogué, maintenant ! Figurez-vous que nous sommes tous des drogués, puisqu’on a tous le besoin d’exprimer ce que l’on est. Autrefois, on pouvait raconter sa vie au guichet de la poste ou de la banque, maintenant allez donc faire part de vos états d’âme aux guichets automatiques ! C’est comme ça, même pour vous qui faites votre malin. »

« Mais puisqu’on vous dit que votre petit déjeuner n’intéresse personne ! »

« Chacun existe avec les moyens à sa mesure. De toute façon, votre dédain aristocratique est dépassé. Supprimer Facebook, et vous allez avoir des hordes de frustrés qui vont vous tomber dessus avec leur menu du matin entre les dents. »

« Vous êtes en train de me dire que Facebook est un instrument de régulation de la colère populaire ? Un instrument de politique au service des conservateurs ? »

« Euh… je n’en sais rien. Puisque c’est comme ça, je vais écrire sur Facebook que j’ai rencontré un anti-facebook. J’aime autant vous prévenir que ça va remuer ! Vous allez être détesté ! Rappelez-moi votre nom ! »

Mauvaise passe

6 mars, 2017

Je suis dans la nasse.

Je bois la tasse.

Je suis lasse.

On me casse.

Marre de ces crasses.

Qu’on me masse !

Pour ôter ces traces.

De grâce !

Pause-café

5 mars, 2017

« De quoi pourrait-on se plaindre aujourd’hui ? »

« Hier, on s’est plaint du temps. Il faisait trop chaud. On ne va pas discuter sur le fait qu’il fait trop froid aujourd’hui ! »

« On pourrait fustiger les programmes de télé, toujours aussi nuls. »

« C’est bien, mais Mollard va encore nous répondre qu’on n’a qu’à ne pas les regarder. »

« Il en a de bonnes : comment peut-on savoir qu’ils sont nuls, si on ne les regarde pas ? »

« Bon, alors plaignons-nous de la direction ! Ils n’ont pas réparé la machine à café, c’est indiscutablement du mépris de classe ! »

« Oui, mais en même temps, ils nous en ont acheté une nouvelle. »

« Ils font vraiment tout pour nous casser les pieds. C’est comme cette façon de changer la moquette dans les bureaux. C’est vrai qu’elle était dans un état désastreux, mais ça nous prive d’un sujet de mécontentement. »

« Alors, nous pourrions nous indigner contre les politiciens qui s’en mettent plein les poches ? Il y a longtemps qu’on ne l’a pas fait celle-là ! »

« On l’a fait la semaine dernière, mais voilà huit jours qu’aucune nouvelle affaire n’est sortie dans les journaux. Le rythme baisse. Qu’est-ce que fait Le Canard ? »

« Alors, il ne nous reste pas grand-chose pour rouspéter. On ne va tout de même pas se féliciter de quelque chose dans nos pauses-café ! »

« Ce serait mal venu, en effet. Il faudrait faire venir, Josiane. Elle a toujours mal quelque part. Avec ses migraines ou ses rhumatismes, nous pourrions tenir une bonne demi-heure. »

« Si on lance Gérard sur sa femme et ses gosses, on peut gagner un quart d’heure supplémentaire. »

« Et si Mollard passe en nous faisant remarquer qu’on prend des pauses à rallonge. »

« On fait comme d’habitude. On lui fait remarquer qu’il s’oppose à la liberté d’expression des salariés. En général, ça culpabilise bien les chefs. »

« Il va nous dire qu’on se plaint vraiment de n’importe quoi et que les Chinois ne font pas de pauses-café pour se plaindre de leurs misérables conditions de travail. »

« Ce qui ne m’étonne pas de lui. Comme si c’était de notre faute, si la vie quotidienne est comme elle est. On pourrait le charger de parler des rhumatismes de Josiane ou de la femme de Gérard, il verrait si c’est si facile que ça ! »

« C’est vrai ça, Mollard, il ne se plaint jamais de rien ! Même pas du temps ! On ne sait rien de ses problèmes de couple ou de voiture ! »

« Ce n’est pas très correct de sa part ! J’ai toujours pensé que c’est un personnage sournois, qui nous cache quelque chose ! »

L’histoire du parvenu qui est venu sur l’avenue

4 mars, 2017

Un évènement est survenu.

Avec son haut revenu,

Le parvenu

Est venu

Sur l’avenue.

Je n’en suis pas revenu.

Ce n’était pas convenu.

C’est une déconvenue.

Il n’est pas le premier venu.

Mais il n’est pas le bienvenu.

Encore de la violence !

3 mars, 2017

Le croate

Avec son nez crochu

Avait les crocs.

Il a avalé un croque-monsieur,

Puis a cherché des crosses

Au croque-mort

Qui a marché sur ses crocus.

Il lui a mis un crochet

Puis un croc-en-jambe.

Derrière la porte

2 mars, 2017

« Qu’est-ce que vous faites derrière cette porte ? »

« Je n’ose pas l’ouvrir. On ne sait jamais ce qui peut se cacher derrière une porte que l’on ne connait pas. Il peut y avoir quelque chose d’agréable ou de désagréable. Ou alors rien du tout. »

« C’est la différence entre nous et le règne animal. Nous avons une imagination débordante qui galope dès qu’une question inconnue se pose. On se crée nous-même les raisons de notre propre stress. »

« Si ce qui se cache la-derrière est plaisant, je ne voudrais pas le louper. Mais j’ai peur que ce soit désagréable. En plus, je ne me sens pas prêt à affronter l’inconnu. Il faut que j’arrive à vider mon imagination de toute hypothèse, autrement dit que je me comporte comme un véritable animal. »

« Remarquez que vous pouvez essayer de deviner ce qu’il y a derrière la porte par déduction en analysant d’autres informations.  Comme ça, vous pourriez décider de ne pas l’ouvrir si la chose vous déplait. »

« C’est encore pire, je vais penser que je ne suis pas tellement courageux devant le danger. »

« Vous avez aussi la possibilité de faire semblant de ne pas avoir vu la porte. Mieux encore, vous pouvez attendre que quelqu’un passe devant vous. »

« C’est vrai. J’y pense… vous pourriez l’entrouvrir pour risquer un œil et me dire si ça vous semble sans danger pour moi. »

« J’aimerais mieux ne pas essayer. On ne sait jamais sur qui on tombe. Et puis, je ne vois pas pourquoi je prendrais des risques pour vous. »

« Récapitulons. Face à l’inconnu. J’ai quatre solutions : je l’affronte du regard, je refuse de le voir, je l’ignore ou j’attends que quelqu’un me fasse un rapport sur l’identité de la chose. J’aime bien la dernière solution.»

« Vous avez encore une autre solution. C’est d’ouvrir la porte à la volée et de vite la refermer si la vision vous déplait. Ou alors vous passez un bout de papier sous la porte pour demander que celui ou celle qui est éventuellement derrière veuille bien vous renseigner sur ses intentions belliqueuses ou non. »

« Ce qui m’arrangerait, c’est qu’elle soit fermée à clé. Comme ça, je pourrais partir en maugréant contre ces gens qui s’enferment comme s’ils avaient quelque chose à cacher, alors qu’un bon citoyen comme moi n’est animé d’aucune mauvaise intention. »

« Vous pouvez aussi frapper, quelqu’un pourrait vous ouvrir, vous risquez un œil à l’intérieur et si ça vous déplait vous dites que vous vous excusez, vous vous êtes trompé d’adresse. »

« C’est assez malin, mais si personne ne répond ? »

« Vous pourrez déjà en déduire qu’il n’y a personne derrière la porte. »

« Finalement, une porte, c’est bien autre chose qu’un truc ouvert ou fermé. »

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