Bonjour !
« Vous pourriez me dire bonjour. »
« Mais je ne vous connais pas ! »
« Raison de plus pour être poli avec moi. Je pourrais très mal prendre votre indifférence. Puisque vous ne me connaissez pas, vous prenez un grand risque en m’ignorant. »
« Vous vous rendez compte du bazar, s’il fallait dire bonjour à tous les gens que l’on croise sur le trottoir. »
« Ce serait plutôt sympa et puis ça attirerait les touristes. Rendez-vous compte : nous serons la ville où tout le monde dit bonjour à tout le monde. »
« Et puis d’abord, pourquoi ce n’est pas vous qui me diriez bonjour en premier. »
« Bon d’accord ! Disons que c’est le plus jeune qui doit saluer d’abord. »
« Oui, mais il faudrait que je connaisse votre âge. Je suis peut-être plus vieux que vous ou plus jeune. Ni vous ni moi n’en savons rien. On ne va tout de même pas se promener avec sa carte d’identité en bandoulière. »
« Pourquoi pas ? On pourrait avoir une pancarte sur la poitrine avec son âge, son état-civil, son histoire, ses centres d’intérêt. Comme ça, tout le monde se connaitrait. »
« Euh… vous connaître ne m’intéresse pas forcément. J’ai déjà du mal à m’intéresser à moi-même. »
« Donc, vous vous fichez de moi ! »
« Chacun ses problèmes. Si je m’intéresse aux vôtres en plus des miens, je ne m’en sors plus. Je veux bien vous saluer, mais pas me charger de vos difficultés. »
« Je pourrais me charger des vôtres. »
« Si on échange nos problèmes, je ne vois pas où est le progrès. Je serai toujours aussi embêté qu’avant par la vie. »
« Bon, vous avez raison. Ma vie n’est pas terrible, mais je n’ai pas envie de partager votre existence pourrie. Vous pouvez ne pas me saluer. »
« Bin… si, maintenant, j’ai changé d’avis. J’ai envie de vous dire bonjour. »
« Ah ! Excusez-moi j’ai un appel au téléphone. «
« Ce n’est pas vrai, vous avez fait exprès de le faire sonner pour vous débarrasser de moi. »
« Bon, d’accord. Alors finalement, on se dit bonjour ou pas ? »
« Après cet échange, on se connait un peu. Donc on peut se dire bonjour. »
« Je préfèrerais : bonne journée ! Si ça ne vous dérange pas. Comme ça si on se croise dans l’après-midi, nous pourrions nous dire : bonne fin de journée ! Et puis alors ce soir : bonne soirée. Et cette nuit : bonne fin de nuit ! »
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