Archive pour février, 2017
Euh… euh… !
17 février, 2017Mon autobiographie
16 février, 2017« Je n’écrirai pas mon autobiographie. »
« Ah bon ? Pourquoi donc ? »
« Je n’ai pas envie de ressasser mes échecs, ni même de parler de ce que j’ai fait de bien. »
« Ce n’est pas très sincère. »
« Pour les échecs, sans doute. Mais ça vous plairait vous de penser à tout ce que vous avez raté ? Et de réfléchir aux raisons pour laquelle vous les avez ratées ? Tout ça pour trouver à la fin que vous vous êtes conduit de manière minable. Merci bien ! »
« Oui, mais on peut tirer des leçons profitables d’un échec. »
« A part que je n’ai pas été à la hauteur, je vois pas bien… En plus, je vais avoir tendance à attribuer la responsabilité de mes défaites à d’autres que moi. Alors autant m’éviter cette lâcheté calomnieuse. Je ne veux pas avoir d’histoires avec des gens qui pourraient être encore vivants et dire du mal de moi dans leurs autobiographies. J’en connais plein qui voudraient régler des comptes au lieu de raconter les choses honnêtement. »
« C’était peut-être de la faute des autres ! Peut-être étiez-vous mal entouré ! »
« C’est sans doute exact, mais enfin quand même, soyons prudents… »
« Et pour ce que vous avez fait de bien. Vous n’avez pas envie de raconter, non plus ? »
« Non. Parce que ce que j’ai fait de bien, je ne suis même pas sûr que ça n’aurait pas pu être encore mieux. Et puis, je ne suis même pas sûr de m’en souvenir. Un bienfait vous laisse moins de traces qu’une bonne paire de claques. »
« Dommage, si ça ne vous intéresse pas, ça pourrait intéresser les autres. »
« Je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant à savoir que j’ai été à l’école, puis au collège, au lycée et en fac. Une grande majorité des gens en ont fait autant. »
« Mais vous pourriez le raconter de manière intrigante. »
« En fait, le vrai problème, c’est que je me demande si j’ai réellement décidé de quelque chose. Ne me suis-je pas laissé pousser par les vagues de l’existence, tel le radeau de fortune perdu au milieu de l’océan ? Encore heureux que je ne me sois pas retourné. »
« Eh bien, vous pourriez raconter l’épopée de votre naufrage. »
« Bin, non. Je n’ai pas tellement envie de savoir que je me suis laissé balloter par les vents et la mer, sans me donner le courage de me prendre en mains. C’est mon autobiographie tout de même et pas la confession d’un imbécile. Il me reste quelques années à vivre, j’aimerais bien être un peu fier de moi, surtout qu’il n’y a pas de quoi. »
« Tout compte fait, il vous reste la possibilité d’écrire un livre pour expliquer pourquoi vous n’écrirez pas votre autobiographie. Ce serait plus simple. »
« C’est une très bonne idée. »
L’histoire de Ninon, demoiselle d’Avignon
15 février, 2017Retards
14 février, 2017« Je suis en retard, je vous prie de m’excuser. »
« Ce n’est pas grave, nous avons commencé sans vous. »
« Comment avez-vous fait pour commencer sans moi, alors que nous ne sommes que tous les deux au rendez-vous ? »
« Je m’en fous. Moi, j’ai dit ce que j’avais à vous dire. »
« Oui, mais je n’étais pas là pour l’entendre. »
« Pas de souci, vous allez pouvoir me répondre, mais je dois vous quitter, j’ai un autre rendez-vous auquel je n’ai pas l’intention d’arriver en retard. »
« Vous êtes conscient que pour un vrai dialogue, il faut être deux, de manière à pouvoir interclasser nos répliques respectives. »
« Bin… Oui, notre dialogue va être constitué de deux longues répliques qui vont s’interclasser naturellement. L’avantage, c’est que nous ne parlerons pas en même temps comme dans la plupart des réunions d’affaire. »
« Nous pourrions fixer un autre rendez-vous auquel je ne serai pas en retard pour échanger nos points de vue ? »
« Oui, lundi prochain 9 heures, mais j’arriverai en retard, vous pourrez commencer sans moi. »
« Surement pas. Je tiens à entendre ce que vous avez à me dire. Alors disons plutôt 9 heures 30. »
« Je serai en retard aussi. »
« Bon, je vais ruser. Je vais fixer un horaire officiel à 9 heures 30. Vous aurez le droit d’être en retard puisque, pour nous, le vrai rendez-vous sera à 10 heures. »
« Voilà qui me semble cohérent. Nous sommes les gens les plus importants pour notre rendez-vous, il est normal que nous fassions notre entrée en scène un peu plus tard. »
« Mais j’y pense : qui va parler entre 9 heures 30 et 10 heures ? »
« Moi, je vais envoyer Dugenou, il dira n’importe quoi comme d’habitude, ça permettra d’attendre 10 heures. »
« De mon côté, je pourrais envoyer Dutruc, mais il arrive toujours en retard. S’il arrive à dix heures, ça va mettre en retard notre réunion, et le temps que Dugenou lui répète ce qu’il a dit, je serai obligé de partir puisque j’ai un autre rendez-vous à 11 heures auquel je ne compte pas arriver en retard. »
« Vous êtes au courant que nous parlons depuis un quart d’heure et que nous ne sommes encore rien dit ? »
« Dans les réunions officielles, c’est fréquent. Les monologues se juxtaposent sans se rencontrer et tout le monde est content d’avoir pu placer le sien. Nous au moins, nous n’avons pas fait semblant de nous écouter. »
« C’est vrai. Mon retard est honnête. Finalement, ce n’est pas la peine d’envoyer Dutruc. S’il entre en dialogue avec Dugenou, ils pourraient construire tous les deux un dialogue constructif. »
« Ce serait dangereux, en effet. Restons entre gens sérieux. »
Entrez dans la ronde !
13 février, 2017Une promotion professionnelle bien méritée
12 février, 2017« Dugenou, j’ai une bonne nouvelle pour vous ! Vos résultats sont excellents ! Nous avons décidé de vous nommer directeur. »
« Non. Je n’ai pas mérité ça ! »
« Comment ça, non ? Vous refusez une telle promotion ! Qu’est-ce que vous voulez alors ? Mon fauteuil peut-être ? »
« Non, je voudrais redescendre dans la hiérarchie. Je n’ose pas vous demander une place d’agent de nettoyage, mais n’auriez-vous pas un poste d’employé ? Je crois que je pourrais mieux exprimer mes qualités dans un poste d’assistant, par exemple. »
« Vous plaisantez ? »
« Pas du tout. La vie de cadre supérieur me rend malade. Chaque fois que je vois un directeur de quelque chose, j’ai envie de le réconforter. Les responsabilités m’indisposent. Je n’ai plus envie de fayoter pour grimper dans l’échelle et de faire mon malin une fois que j’ai monté un échelon. Les réunions avec le président sont indigestes. »
« Dugenou ! Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Personne ne veut redescendre la hiérarchie ! Ça ne s’est jamais vu ! Ça n’existe pas ! »
« Qu’est-ce que ça peut faire ? Je coûterai moins cher à la société. »
« Mais enfin, si les gens ne se battent plus comme des chiens pour grimper, c’est tout le modèle social qui est mis à bas ! Dites-moi Dugenou, vous ne seriez pas un peu gauchiste ou alors altermondialiste ? Certains s’infiltrent dans nos services ! »
« Pas du tout ! Bon… Négocions ! Je pourrais me contenter d’une place de sous-chef de service dans un premier temps et, si tout se passe bien, devenir employé. Il me semble que ce serait raisonnable comme trajectoire de carrière. »
« Ce serait complètement idiot, vous voulez dire ! Je vous nomme directeur, point barre. Et si vous insistez je vous propulse directeur général ! Faites attention à ce que vous dites : j’ai désigné des PDG pour moins que ça ! »
« Vous-même dites que j’ai été méritant et vous refusez de me donner satisfaction ! »
« Enfin Dugenou, si vous ne prenez pas le poste, je vais être obligé de le donner à cet imbécile de Mollard ! »
« Ce serait plus son profil que le mien. Mollard n’a absolument pas les compétences pour devenir employé. Dès qu’il s’agit de gérer un dossier, il se trompe. Nommez le directeur ! Vous ne le regretterez pas ! Et s’il ne donne pas satisfaction … Hop ! Directeur Général des services ! »
« Dugenou, je suis effondré ! Vous n’avez rien compris. »
« Monsieur, je vous explique. Plus je descends l’échelle hiérarchique, moins j’ai de responsabilités, et plus je peux partir tôt de mon boulot pour retrouver ma petite famille. A 16 heures 30, hop ! Je vais attendre mes gamins à la sortie de l’école, au lieu de finir mes réunions à minuit et de les voir le dimanche. En plus, j’arrive frais et dispos chez moi pour prendre soin de ma femme… »
« … au lieu de vous effondrer, comme les autres, sur le fauteuil du salon en disant que vous êtes crevé ce qui l’énerve puisqu’elle aussi s’est coltinée une journée de travail en plus des problèmes domestiques… Dugenou ! Vous me tentez ! Puisqu’il en est ainsi, je me nomme sous-chef adjoint de service. »
Histoire maritime
11 février, 2017J’ai la cosse !
10 février, 2017Campagne électorale
9 février, 2017« C’est bientôt les élections, je ne sais pas pour qui voter. »
« Ce n’est pas très compliqué, votez pour moi. C’est ce qu’il y a de plus simple. »
« Vous êtes de quel parti ? »
« Je suis multicarte. Je représente par exemple le parti des démagogues. Nous allons répondre à tous vos besoins. »
« Je voudrais bien ne pas payer d’impôts »
« Pas de problème, nous augmenterons ceux de votre voisin. Un peu de justice fiscale ne nuirait pas dans ce pays. »
« C’est-à-dire que je souhaite rester en bons termes avec mes voisins Dugenou. Vous n’auriez pas autre chose ? »
« Si je représente aussi le parti des masos. Nous pensons qu’il faut vous punir. Vous avez vécu au-dessus de vos moyens. Nous allons vous serrer la vis au profit d’une classe dominante qui doit continuer à dominer. Si vous votez pour moi, bienvenue au parti des masos. »
« C’est un peu bizarre comme programme. Je ne me sens pas tellement galvanisé. Vous n’auriez pas autre chose ? »
« Je représente aussi le parti de ceux qui disent n’importe quoi, si ça peut vous intéresser. »
« Ah bon ? On peut avoir un échantillon ? »
« Oui, par exemple, on diminue de moitié le nombre d’instituteurs, ça les obligera à bosser un peu au lieu de passer leur temps à se rouler les pouces ou à manifester. »
« Ce n’est pas mal, mais enfin, je suis moi-même instituteur, alors vous comprenez… »
« Vous êtes exigeant, électeur. Bon ! Il me reste une dernière carte, celle du parti des politiciens qui vous foutent la paix. »
« Ah … bin voilà… ça c’est intéressant ! Comment ça marche ? »
« Si vous nous élisez, on ne fait rien. Rien de rien. Comme ça, vous serez tranquille, rien ne changera, ni en bien, ni en mal. »
« Mais ça ne va pas nous coûter un peu cher ? »
« Pas plus que d’habitude. Et puis, vous aurez le droit de nous critiquer, de manifester contre nous, ça ne changera strictement à rien à rien. Nous sommes complètement imperméables. »
« C’est super. Très nouveau. »
« Notre programme est nettement plus intéressant que celui de ceux qui veulent faire quelque chose et qui se trompent tout le temps. »
« Et ceux qui veulent faire quelque chose d’intéressant ? »
« Pas de problème, ils sont très minoritaires, ils ne gênent personne. »