Retrouvailles
8 janvier, 2017« Tu me reconnais ? On était au lycée ensemble. »
« Ah oui, mais c’est normal que tu me reconnaisses, moi je ne vieillis pas, je ne dirai pas la même chose de toi. Tu as dégusté… »
« Tu te rappelles, j’avais pompé tous mes devoirs de maths sur toi. »
« Oui, comme tu étais premier en gym, je ne pouvais pas te casser la figure, tandis que maintenant que tu as maigri… »
« Qu’est-ce qu’on se marrait, tu te souviens ? On jouait à te cacher ton cartable, on t’appelait Razibus, on se moquait de la bagnole de ton père… »
« Oui, mais enfin, maintenant qu’il a la troisième fortune du pays, c’est un peu problématique de se moquer de lui, il ne serait pas très content… »
« Qu’est-ce que tu deviens Razibus ? Ah, ah… »
« Je suis dans la police. Je te signale que Rasibus est une insulte à force de l’ordre. A propos, tu te souviens du fric que tu m’as piqué en cours d’anglais ? »
« Ah oui… On a bien rigolé … Tu es sûr que c’était moi ? »
« Oui. Et quand tu as dit au surveillant général que c’était moi qui avait vidé la poivrière dans la soupe à la cantine, tu t’en souviens ? En droit, ça s’appelle dénonciation calomnieuse. »
« C’était le bon temps, hein ? »
« Non, pas vraiment. Le bon temps, c’est maintenant. Tu as tes papiers d’identité ? »
« Enfin, Razibus, tu me reconnais : je suis Maboul, le premier en gym…. »
« Oui, mais maintenant tu tiens des propos outrageants aux forces de l’ordre et ta carte d’identité est périmée. »
« Et le prof de maths qu’on appelait Polochon ? On jouait à ronfler pendant ses cours et on t’avait fait picoler pour que tu dormes sur ta table. Qu’est-ce que tu avais pris !… »
« Si on allait se souvenir du bon vieux temps au commissariat ? »
« Allons, allons, Razibus…. Ce n’est quand même pas de ma faute si tu étais la tête de turc de tout le monde. »
« Oui, mais alors, maintenant, ce n’est pas de ma faute non plus, si tu as balancé un pavé dans une vitrine en fin de manifestation. »
« Tu es sûr que ce n’est pas toi ? »
« Non, moi j’ai les mains occupées par mon bouclier et ma matraque. »
« Ah, ah ! Je rigole. Si on faisait porter le chapeau à Dugenou. Tu sais, celui qui jouait à t’enfermer dans les toilettes. »
« Et bien, justement, nous allons rejoindre Dugenou, on vient de l’arrêter pour dégradation d’un abri bus. J’espère qu’il m’excusera, je l’ai un petit peu matraqué. »