Les beaux jours
11 décembre, 2016« J’ai horreur des samedis. »
« Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils vous ont fait les samedis ? »
« Dans mon classement, ils sont les derniers. En tête, je mets le mercredi parce que c’est le tournant de la semaine, on aperçoit la dernière ligne droite. »
« Et en second ? »
« J’aime bien le lundi. »
« C’est curieux. D’habitude, les gens n’aiment pas le lundi. »
« Le lundi, il faut bosser. C’est clair et net. Le lundi est un jour franc du collier. On ne bulle pas, le lundi. »
« Mais le mardi aussi, ce n’est pas mal, non ? »
« Oui, je le mets en troisième position. Le mardi, on a le temps de parler de ce qu’on a fait le lundi et ce qu’on va faire le reste de la semaine. Il ne donne pas des idées de congés. C’est un jour loyal. Je n’en dirais pas autant du jeudi. »
« Qu’est-ce qu’il vous a fait le jeudi ? »
« C’est un jour faux-jeton. On croit que c’est la fin de la semaine et qu’on va pouvoir ralentir. Et puis, on s’aperçoit que ce n’est pas tout à fait le cas, puisque le vendredi se tient en embuscade. »
« Effectivement, c’est une attitude assez lâche de la part du jeudi. Je suppose que vous détestez le vendredi. »
« Absolument. C’est le jour qui fait semblant d’annoncer le repos du week-end, mais qui vous glisse quelques dossiers urgents que vous devez traiter justement parce que le week-end arrive et que vous n’avez aucune envie de les emmener chez vous. »
« Vous n’avez pas encore parlé du dimanche. Le dimanche est le jour préféré de tout le monde. »
« Vous plaisantez ! Le dimanche, c’est la cata. Un peu moins que le samedi, mais quand même… le dimanche, c’est pourri. Figurez-vous que c’est la veille du lundi ! »
« Et alors ? »
« Vous n’avez jamais entendu parler du spleen du dimanche soir ? Moi, j’en souffre atrocement. A partir de 17 heures, je me torture l’esprit à l’idée qu’il faut retourner le lendemain. »
« Bon d’accord, mais alors pourquoi vous mettez le samedi en dernière position, c’est le début du week-end. »
« Parce que toute la semaine je repousse au samedi tous les problèmes qui me cassent les pieds. Le samedi, je suis donc obligé de faire les courses avec Josiane et les enfants. Vous parlez d’un plaisir ! »