Archive pour décembre, 2016

Tout contre

30 décembre, 2016

Dans la contrée

L’ennemi contre-attaque

En nous prenant à contrepied.

On s’en contre-fiche.

On va le contrarier

En prenant la tour de contrôle.

Il faudra une rencontre

Pour régler notre controverse.

Deux sérendipiteurs

29 décembre, 2016

« A l’Université, on devrait apprendre à hésiter, à tergiverser, à se tromper. »

« C’est vrai. Quand on pense au nombre de choses qui ont été découvertes par sérendipité : la bande velcro, le post-it, la pénicilline, le Téflon… Il faudrait apprendre à faire exprès de se tromper. » 

« En fait, notre problème, par moment, c’est d’abandonner nos démarches apparemment rationnelles pour solliciter le hasard. »

« Oui, mais si j’abandonne mon travail rémunérateur pour espérer gagner une fortune en jouant au loto, ce n’est pas de la sérendipité, puisque je n’ai rien inventé. »

« Vous avez raison, ne confondons pas sérendipité et paresse. Certes Christophe Colomb a découvert l’Amérique en se trompant, mais il s’était tout de même embarqué pour un objectif bien précis. Ce n’était pas un glandeur. »

« Il n’en reste pas moins vrai qu’il faut savoir fait confiance au hasard. Si je tire au sort des notes de musique, il y a une probabilité non nulle que je crée un chef-d’œuvre musical. C’est rare, mais ça peut exister. »

« Ce n’est jamais que le jeu de pile ou face. »

« Peut-être mais le jeu de pile ou face, lorsqu’on gagne, ne débouche pas sur une création ayant une valeur pour les hommes. »

« En fait, certains disent que le vrai sérendipiteur n’est pas celui qui fait confiance au hasard, mais celui qui sait tirer parti de circonstances imprévues. »

« Voilà un homme qui peut s’appeler un opportuniste, ce qui est en général mal vu. »

« Euh, non. Un opportuniste tire parti des circonstances dans son unique intérêt, sans se laisser embêter par des principes moraux. Un sérendipiteur a une attitude, en général, plus généreuse. »

« Si vous vous cognez contre quelqu’un dans la rue sans le faire exprès, vous pouvez tomber sur quelqu’un qui vous intéresse ou pas. Si votre rencontre est positive, vous pouvez décider instantanément de construire une relation efficace avec la personne (amour, travail). Vous avez alors démontré votre capacité à profiter d’une circonstance inattendue. »

« Il faut donc apprendre aux jeunes qu’il faut chercher rationnellement les chemins de leur vie, mais qu’ils peuvent aussi se présenter à eux de manière inopinée, auquel cas il faut pas lambiner 107 ans avant de les exploiter, même s’ils n’avaient pas pensé à cette voie qui s’ouvre devant eux. »

« C’est une compétence qui pourrait se confondre avec l’adaptabilité, sauf qu’il faut y ajouter une petite dose de chance et une bonne pratique du pifomètre pour sentir les potentialités d’une circonstance fortuite. »

« Exemple : vous et moi. En me prenant dans votre voiture quand je faisais du stop à cause de la grève du bus, nous avons su exploiter la situation en ayant une conversation intelligente au lieu de parler de la pluie et du beau temps. »

Le soupirant de Charlotte

28 décembre, 2016

Charlotte

A la cote

Avec mon pote.

Dans sa hotte

Elle a une belle dot.

Elle n’est pas sotte.

Comme lui, elle vote.

Derrière elle, il trotte.

Il est à sa botte.

Il faut savoir s’adapter !

27 décembre, 2016

Le patron Dugenou a deux adjoints : Mollard et Dumoulin.

Armand Mollard fait grand cas de son micro-pouvoir. Il donne des ordres. Il pense qu’il est courageux puisqu’il n’hésite pas à faire preuve d’autorité. Bien entendu, il est détesté par les salariés, ce qui le conforte dans sa conviction qu’il est courageux, puisqu’il fait front seul contre tous. Personne ne lui dit qu’il est confortable d’être courageux puisqu’en toute circonstance, Dugenou lui donnera raison.

Karl Dumoulin est homme qui aime les autres, ça se voit dans la lueur qui allume son regard lorsqu’il croise l’un des salariés d l’entreprise. Il croit à la vertu du dialogue. Pour tout dire, il pense qu’une bonne discussion peut aboutir à une obéissance de ses subordonnés plus durable qu’un ordre donné. Ses méthodes respirent un peu le soixante-huitard attardé ce qui ne plait pas trop à Dugenou, mais Dumoulin était là avant son arrivée et il a besoin de sa connaissance de l’entreprise. Les simples employés aiment bien Dumoulin qui ne manque pas une occasion de soigner sa popularité.

Moi, comme tout le monde, je préfère Dumoulin à Mollard. Quand Dugenou est trop occupé, chacun va voir Dumoulin. On sait qu’on pourra discuter. A la fin, c’est Dumoulin qui aura raison parce qu’il est malin et manipulateur, mas – avec lui – on aura eu l’impression d’être intelligent pendant 10 minutes. Cependant Mollard ne se gêne pas pour venir me voir et me faire part de ses instructions sans entrée en matière. J’acquiesce pour ne pas avoir d’ennui et ne pas entendre son discours autoritaire. Au final, le résultat est le même, je fais ce qu’on me demande de faire.

Il y a 40 ans le jeune Mollard était en CM2 à l’école primaire de la rue Voltaire. Pendant les récrés, il était chef de bande. Il n’était pas très costaud, mais avait recruté des affidés, dotés de peu de moyens intellectuels, mais de gros poings. Pour les autres, il s’agissait de prêter allégeance à Mollard pour ne pas être embêté. C’est ce que j’ai fait.

Dumoulin était aussi en CM2. Il était le seul qui ne reconnaissait pas Mollard comme suzerain. Il disposait d’une envergure physique nettement supérieure aux seconds couteaux de Mollard et ne craignait donc rien. Il pouvait passer ses récréations à lire ou à faire ce qu’il voulait sans être dérangé.

Moi, petit gringalet sans personnalité, je suivais Mollard, bien entendu. Lorsqu’il ordonnait de régler son compte à un réticent, je m’arrangeais pour participer à la bastonnade en ne tapant pas trop fort l’intéressé. Dans un reportage à la télé, j’avais appris comment des acteurs de cinéma faisaient semblant de se casser la figure.

Le week-end, j’allais chez Dumoulin pour faire des choses intelligentes. On lisait les mêmes histoires, on faisait nos devoirs, on se racontait ce qu’on ferait quand on sera grand. Le lundi, je reprenais ma place dans la bande de Mollard.

Demain, il y a des élections. Les candidats de droite ne veulent pas que les salaires soient augmentés. Il faut plutôt aider les entreprises à investir pour créer de l’emploi et préparer l’avenir.

Les candidats de gauche pensent qu’il faut élever le niveau de vie des salariés. En dépensant leurs salaires, c’est eux qui assureront la richesse des entreprises et leur développement économique.

Moi, comme d’habitude, je vais m’adapter. Mince ! Il n’y a pas de candidat du centre.

Madame Gaga

26 décembre, 2016

A Bergame,

Elle fait ses gammes.

Mais ça la gave.

Elle devient gaga.

Elle part à la gare

Sans attraper la gale

Car elle fait gaffe.

Pour elle ça gaze,

Elle rentre à Gap.

Anatomie

25 décembre, 2016

« Moi, je n’ai pas le pied marin. »

« Peu importe, vous avez un beau pied. C’est ce qu’on appelle le pied beau ? »

« Non, pas vraiment. Vous, vous avez la main verte. »

« En effet, j’ai de beaux pieds de géranium. »

« C’est bien ce que je pensais car j’ai le nez creux bien que camus. »

« Tant mieux ! Si vous aviez eu le nez épaté, ça m’aurait épaté ! »

« Et mes oreilles, qu’en pensez-vous ? Parfois, elles sont un peu distraites. »

« Ce n’est pas grave puisque vous m’en prêtez une. »

« N’oubliez pas de me la rendre, parce que l’autre se décolle facilement. »

« Il ne faudrait pas que vous perdiez la tête. »

« Non, c’est bon, pour le moment elle est sur mes épaules, mais parfois elle est en l’air. »

« Ne vous la prenez pas, parlez-moi de vos yeux. »

« Méfiez-vous, moi c’est œil pour œil, dent pour dent. »

« Pas de problème, je vous surveille de coin de l’œil. »

« Vous m’enlevez les mots de la bouche. »

« L’essentiel, c’est que nous parlions la même langue. »

« Oui, mais vous, vous vous prenez pour le nombril du monde. »

« Alors là, je ris à gorge déployée. »

« Puisque c’est comme ça, je vais lever le coude à votre santé. »

« Attendez-moi, je ne vais pas faire le pied de grue. »

« Votre femme va vous taper sur les doigts. »

« Je lui dirai que je vous ai donné un coup de pouce. »

« Nous revenons de l’usine, nous sommes donc deux chevilles ouvrières »

«… Qui ont besoin de s’en jeter une derrière le gosier. »

« L’essentiel, c’est que nos femmes ne se fassent pas des cheveux blancs ! »

« Nous, on est des hommes, on n’a pas du sang de navet. »

« On n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter, mais enfin tout de même ! »

« Oui, nous avons de la moelle… »

« J’en ai même plein le dos. »

« Faisons front contre l’adversité. »

« Ne jouons pas petit bras ! De l’honneur ! »

Un casseur

24 décembre, 2016

« Est-ce que je pourrais caillasser votre voiture ? »

« J’aimerais mieux que vous vous en dispensiez, elle est toute neuve. Mais pourquoi vous en prendre à ma voiture ? »

« Parce que vous êtes supporter de l’OM et moi, du PSG. Vous comprenez ? C’est normal. J’ai tagué la boite aux lettres des Dugenou puisqu’ils sont plutôt thé que café au petit déjeuner. »

« Si je comprends bien, quand on n’est pas de votre avis, vous devenez violent. »

« Oui, maintenant, c’est comme ça que ça se passe. Je suis un ultra moi ! »

« Et si je vous cassais la figure. Entre supporters de deux camps ennemis, ça se fait. »

« Non, c’est interdit. Ne vous avisez pas non plus de caillasser ma voiture, sinon je vous accuse de racisme anti-PSG. »

« Bon, alors qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Continuer à supporter l’OM, ça m’arrange. Je ne me voie pas continuer à soutenir le PSG sans passer mes nerfs sur nos adversaires. »

« Euh… on a un problème ! Vous nous cassez les oreilles toute la journée avec Francis Cabrel. »

« Et alors ? »

« Et alors, moi aussi j’aime bien Cabrel, donc on est dans le même camp. Donc, vous ne pouvez pas caillasser la voiture d’un fan de Cabrel. »

« Ah, mince, vous avez raison ! A qui vais-je casser quelque chose ? Chez les Dugenou, j’ai déjà tout casser. C’est normal : ils écoutent Patrick Bruel. »

« Il y a bien les Mollard. Ils sont végétariens et en plus, ils sont supporters de Saint-Etienne. »

« Vous avez raison ; allons caillasser leur bagnole. »

« Euh… il y a un petit problème : ils n’ont pas de voiture ! »

« Ils le font exprès ou quoi ? On ne va tout de même pas caillasser leurs vélos ! »

« Nous pourrions nous en prendre aux Bigniou ! Ils préfèrent les films de Belmondo à ceux de Delon. »

« C’est intolérable ! Prenons les armes ! »

« C’est-à-dire que Max Bigniou mesure 2 mètres et pèse 100 kilos ! Nous aurions peut-être intérêt à discuter cinéma au lieu de nous énerver tout de suite. »

« Alors, on fait comment ? »

« Bon, il reste, les Patachon ! »

« Qu’est-ce qu’ils ont ceux-là ? Avec un nom pareil, je me sens déjà des fourmis dans les poings. »

« Eux, ils sont partisans de la tolérance et du respect des opinions d’autrui. »

« Ouh… alors là, ça va chauffer ! »

Une histoire de toute beauté

23 décembre, 2016

Le beau

Mignon

N’a rien perdu de sa superbe.

C’est un prince charmant

Qui vit dans un manoir coquet

Avec sa chouette.

Il plante des choux

Et entretient ses canons.

Le silence

22 décembre, 2016

« Muet comme une carpe. Je me demande qui a pu dire ça ? »

« Je n’en sais rien, mais c’est idiot. Aucun poisson ne parle. On peut s’interroger à propos de la raison pour laquelle c’est tomber sur cette pauvre carpe. On pourrait dire, muet comme une truite, comme un merlan, comme une sardine… »

« A vrai dire, on se fout du fait que les poissons ne parlent pas, moi ce qui m’intéresse, c’est la fonction du silence dans le lange humain. »

« Il faut reconnaître que le silence, c’est assez pratique. Il devrait y avoir des cours de silence, comme il y a des enseignements pour bien parler. »

« C’est vrai que les gens qui se taisent ont facilement la réputation d’être intelligents. Quand on entend les bêtises qu’on entend dans les conversations courantes, on se dit que certains feraient mieux de se taire. »

« Oui et puis, le silence peut exprimer de nombreux sentiments : admiration, agressivité, indifférence, etc… »

« Mais alors comment faire la différence entre ces diverses expressions puisqu’on ne parle pas ?»

« Nous parlons par nos yeux. La carpe ne sait pas faire non plus. Il y a un langage du regard dont l’alphabet n’existe nulle part. »

« Oui, mais il y aussi des gens qui sont muets des yeux. »

« Ce sont les regards vides. C’est très dangereux puisqu’eux ne parlent Vraiment pas. C’est le silence absolu. »

« Je connais beaucoup de gens que le silence inquiète et qui ne peuvent vivre qu’au milieu du bruit. Comme ceux qui passent leurs week-ends en boite de nuit. »

« Moi, quand je ne veux pas parler, Josiane s’énerve. Elle dit que je fais exprès de faire silence pour l’embêter. »

« La crainte du silence, c’est presque une pathologie : le bruit rassure les gens et notamment Josiane. Le silence oblige à réfléchir puisqu’on n’a plus que soi-même comme interlocuteur. Tous les gens n’ont pas forcément envie de réfléchir surtout sur eux-mêmes : ils risquent de mauvaise surprise. »

« Moi, je trouve que le silence, c’est reposant. D’ailleurs, personne ne se repose au milieu du vacarme. Le bruit fatigue, en particulier le bruit de la conversation puisque ça oblige à écouter l’autre et à trouver des trucs intelligents à lui répondre. »

« Si ça vous fatigue, vous pouvez aussi répondre n’importe quoi. »

« Au risque de passer pour un imbécile. »

« Ce n’est pas grave, il vaut mieux être un imbécile en bonne santé plutôt qu’un intellectuel fatigué. »

Gaspard a perdu son guépard

21 décembre, 2016

Avant leur départ

Pour quelque part,

Elles se préparent.

De bijoux, elles se parent

Puis se comparent.

Ensuite, elles passent les remparts

Et se séparent

Pour retrouver le guépard

De Gaspard.

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