Archive pour novembre, 2016

Conspirons !

10 novembre, 2016

« On pourrait conspirer. »

« Pour quoi faire ? »

« Pour prendre le pouvoir. Vous n’en avez pas marre des chefs qui font ce qu’ils veulent sans tenir compte de nous ? »

« Nous sommes en quelle année ? »

« Peu importe, la conspiration est un art intemporel. Tant qu’il y aura des hommes pour prendre le pouvoir sur d’autres hommes, il y aura des gens pour conspirer contre l’ordre établi. C’est humain. »

« Oui, mais c’est risqué. Si nous sommes pris, nous risquons le bannissement à vie, ou alors l’exécution en place publique. C’est très embêtant ! »

« Alors qu’est-ce que vous proposez ? »

« Moi ? Rien ! En fayotant un peu, j’obtiens à peu près ce que je veux des chefs. Il s’agit simplement de les flatter dans le sens du poil. »

« Et du point de vue de la gestion de votre amour-propre, vous vous en tirez comment ? »

« Mal, mais enfin, du point de vue de la gestion de mes intérêts matériels, je ne me plains pas. »

« Je vois ce que c’est : c’est chacun pour soi ! »

« Vous en avez de bonnes. Si votre conspiration réussit, vous voudrez être le nouveau chef et nous voilà renvoyer au même problème que précédemment, après avoir pris des risques insensés. Les révolutions finissent toujours par être récupérées, regardez l’Histoire ! »

« Bon, je vous promets que ce sera vous le chef, si la conspiration réussit. »

« Euh… non. Si je conspire, je préfèrerais ne pas être le conspirateur principal. Je me contenterai d’une place subalterne qui me permettrait de dire que j’ai été manipulé par les conspirateurs-en-chef si ça tourne mal. »

« Un peu lâche, peut-être ? »

« Je suis un lâche, mais je suis en en vie. La figure du lâche vivant, ça aussi c’est intemporel. On a tous traversé des moments de couardise qu’on préfère ne pas se rappeler. »

« Bon alors, qu’est-ce qu’on fait ? »

« On pourrait monter un « collectif de fayotage ». On réunirait nos expériences. On échangerait sur les meilleures manières de fayoter. Ce serait plus efficace. »

« D’une certaine manière, c’est aussi une conspiration. »

« Oui, mais c’est plu subtil. C’est une manière de s’arroger le pouvoir du chef, sans que le chef s’en aperçoive. C’est très jouissif. »

« Finalement, je crois que ce n’est pas une conspiration, tout le monde le fait ! »

Il est toc-toc !

9 novembre, 2016

Je suis en loque.

J’ai pris un poque

En dansant le rock

Avec un phoque

Ce n’est pas du toc.

Les gens se moquent.

Je finis mon bock

Et mange un œuf à la coque.

Une fâcherie

8 novembre, 2016

« Je vous boycotte. »

« Moi aussi. »

« C’est très offensant. »

« C’est vous qui avez commencé. »

« Est-ce que deux offenses réciproques s’annulent ? »

« Non, je ne pense pas. »

« Alors qu’est-ce qu’on fait ? On peut se dire bonjour quand même ? »

« Oui, mais alors d’un air très tendu, pour être sûrs qu’on ne se rabiboche pas. »

« Tout de même… Vous pourriez ne pas me boycotter aussi. J’ai l’impression que je ne vous offense pas assez, puisque vous me renvoyez mon boycott. »

« C’est ennuyeux, en effet. C’est comme qui dirait un match nul. »

« Pour que deux personnes soient fâchées, il faut forcément un offenseur et un offensé. L’offensé ressasse son amertume et l’offenseur subit le démon du remords. Notre fâcherie ne ressemble à rien de connu. »

« On pourrait s’insulter. »

« A condition que vous ne connaissiez pas plus d’insultes que moi. »

« Je connais : connard, mais ça ne va pas plus loin. »

« C’est comme moi, je pourrais vous retourner : connard vous-même, mais ça ne va pas nous avancer beaucoup. Il faut du vocabulaire pour s’insulter intelligemment. »

« Une fois qu’on se sera dit qu’on est des connards tous les deux, qu’est-ce qu’on fait ? »

« On pourrait se casser la figure ? »

« C’est-à-dire que nous risquons de nous faire mal. Je mets du temps à cicatriser. »

« Moi aussi, une fois que je saigne du nez, je ne m’arrête plus. Alors, on pourrait bouder, chacun de notre côté pendant 24 heures, ce serait toujours ça de gagner. Je boude bien. »

« Moi aussi. Le problème de la bouderie, c’est qu’il faut savoir en sortir de manière honorable, sans perdre la face. Vous voyez ce que je veux dire. »

« Oui, si je sors le premier de ma bouderie, c’est que j’admets ne plus avoir de raison de bouder. Ou plus exactement avoir moins de raison que vous de vous bouder. Ce qui me gêne beaucoup puisque vous m’avez fortement indisposé. »

« Pour bien faire, il faudrait que nous sortions de nos deux bouderies en même temps. »

« On pourrait demander à Dugenou de nous sortir de nos bouderies respectives au même moment. »

« Bin… c’est-à-dire que je suis fâché avec Dugenou. »

« Pff… C’est beaucoup de soucis de se fâcher. »

« Oui, on aurait peut-être intérêt à se réconcilier tout de suite. »

Le retour du marin

7 novembre, 2016

Elle déboule dans la houle

Infichue de passer son fichu

Hors d’haleine, elle a passé une laine

De couleur écrue, qui l’eut cru ?

Son Riquet est à quai.

Il est amer en mer.

Mais se délivre en ouvrant un livre

Et devient affable en récitant une fable.

Elle fait son éloge dans sa loge

Devant un témoin au moins.

Nos géants

6 novembre, 2016

« Si l’on admet qu’une fourmi fait 5 millimètres de haut. Nous les humains, sommes 300 à 400 fois plus grands. »

« Donc, c’est comme si nous rencontrions des géants de 450 à 600 mètres de haut, disons 500 mètres en moyenne, c’est-à-dire la hauteur d’une tour d’appartements. »

« Le plus fort, c’est que lorsque vous êtes sur le point de mettre le pied sur une fourmi, elle ne dévie pas de son chemin. »

« En fait, elle n’a aucune raison de penser qu’on veut l’écraser. Elle vit dans un monde où tout idée d’agression d’un être vivant sur un autre est exclue. »

« Alors que nous les humains, nous ferions a priori l’hypothèse d’une agression en rencontrant nos géants de 500 mètres de haut. »

« Remarque, je suis sûr que nos hommes politiques entameraient des négociations pour nous protéger en attirant les bonnes grâces des géants. »

« Même si les géants étaient gentils avec nous, ils pourraient nous écraser par mégarde. Si un géant vous marche dessus, ça m’étonnerait qu’il vous fasse des excuses, il ne s’en apercevra même pas. »

« Il faut reconnaitre que les fourmis se laissent écraser sans en faire une histoire, ça nous évite un tas de procès. »

« En fait, elles ont un boulot à faire et il n’y a que ça qui compte. Elle trace leur chemin quoiqu’il arrive. Ce n’est pas le genre à se dérouter pour emprunter un passage clouté. »

« Encore une différence. Moi, je ne poursuis pas mon boulot quoiqu’il arrive. Je peux même inventer toutes sortes d’excuses pour ne pas le faire. Surtout si je croise la route d’un géant de 500 mètres de haut. »

« Ceci dit, on s’en fout parce qu’un géant de 500 mètres, ça n’existe pas. »

« Oui et puis, un tel être aurait des pieds de 70 mètres de long au moins, ce qui lui poserait des problèmes de chaussures. Nous, on a une taille raisonnable et des souliers normaux pour marcher sur les fourmis. »

« En fait, je crois que les fourmis sont tellement absorbées par leur job qu’elles n’ont même pas remarqué notre présence. Comment voulez-vous qu’une fourmi chemine avec la tête en l’air ? »

« Nous, nous serions bien obligés de constater la présence de géants de 500 mètres nu-pieds. Encore la preuve que nous sommes plus prudents qu’une fourmi. »

« Je remarque au passage que nos géants seraient obligés de construire des tours de 250 kilomètres de haut pour se loger. Vous vous rendez compte, celui qui habite au dernier étage et qui prend l’ascenseur rentrer tranquillement chez lui, il en a pour deux jours de voyage. »

« Et lorsqu’il rentre à la maison, il doit mettre un masque à oxygène.»

« Voilà une preuve supplémentaire que les géants n’existent pas et ne peuvent exister. Nous sommes des fourmis qui peuvent dormir tranquilles. »

Les anciens sont là

5 novembre, 2016

Romain est un romain

Il vit avec un Saxon qui joue du saxo

Et un Franc qui est franc.

Son tonton est Teuton,

Il est goal chez les Mongols.

Son père, Aztèque, cultive des pastèques

Et se bat contre les brusques Etrusques.

Contre les Huns, ils sont tous un.

De l’or

4 novembre, 2016

Alors,

Il sort

Du fort

En jouant du cor

Puis dort

Dehors

Sur le port

Avec Médor.

Il n’a pas tort,

Victor.

Qui commande ?

3 novembre, 2016

« Dans les civilisations anciennes, c’étaient les anciens qui dirigeaient la communauté. Ils étaient respectés pour leur sagesse et leur connaissance des traditions. »

« Bon, aujourd’hui, on les met plutôt à la retraite. Ils ne sont plus considérés, si ce n’est comme des boulets. Les traditions n’intéressent plus grand monde. Les vieux ne dirigent plus rien. »

« Alors ce sont les jeunes qui ont pris le pouvoir ? »

« Encore moins, ils ont toutes les difficultés du monde à trouver un job. Alors, le pouvoir, ils n’y songent même pas. »

« Bon, alors, ce sont les quadras qui sont aux commandes. »

« Apparemment, mais en fait, ils baissent la tête et bossent, puisqu’ils sont commandés par d’autres hommes qui se pavanent dans leurs bureaux à l’autre bout du monde. C’est ce qu’on appelle la mondialisation. »

« Alors qui exerce le pouvoir ? Le Président ? »

« Non, il se fait engueuler dès qu’il ouvre la bouche. »

« Alors qui ? Il y a bien quelqu’un qui commande ? Les financiers ? »

« Ils pourraient, mais tant qu’ils peuvent spéculer et se voler entre eux, ils fichent la paix aux autres. »

« Les syndicats ? »

« Il faudrait qu’il y ait plus de syndiqués. Pour le moment, ils arpentent le pavé avec l’aide des casseurs en fin de manifs. »

« Si je comprends rien, personne ne commande. »

« Si, tout le monde, c’est la même chose. »

« De toute façon, si le pouvoir c’est obliger quelqu’un d’autre à faire quelque chose, moi ça ne m’intéresse pas tellement. J’ai déjà beaucoup de mal à m’obliger moi-même à faire du sport. »

« Vous n’avez qu’à faire comme tout le monde. Dire ce qu’il faudrait faire aux autres et n’en faire qu’à votre tête pour vous-même. C’est ça le pouvoir. »

« Moi, j’aime mieux obéir que commander. C’est moins culpabilisant. Je n’ai pas l’impression d’attenter au libre-arbitre de mon prochain. »

« C’est plus compliqué. Quand vous obéissez, vous donnez l’impression à celui qui commande qu’il a le pouvoir. Finalement, vous le manipulez un peu. Vous disposez d’une certaine forme de pouvoir : sans vous, il n’est plus rien. »

« Et si je décide de ne plus travailler ? »

« C’est encore pire, le chômage inquiète tout le monde. Sans emploi, vous détenez le pouvoir de culpabiliser tous ceux qui ont un job. »

« Vous êtes en train de me dire que si les chômeurs sont si nombreux, c’est parce que leur existence oblige les autres à se tenir à carreaux ? »

Notre journée espagnole

2 novembre, 2016

L’andalouse

Elève des mérinos.

Elle a mis son boléro

Puis est monté dans sa Fiesta

Pour aller danser la salsa

Avec une armada

De matadors cadors

Buveur de mojito

Amateurs de ola

Et de sombrero.

Besoin de quoi ?

1 novembre, 2016

« Je m’ennuie. J’ai tout ce qu’il me faut. Vous ne pourriez pas inventer quelque chose de nouveau ? »

« Vous pourriez acheter un nouveau modèle de voiture, plus spacieux, plus confortable, plus rapide. »

« En fait, nouveau ou pas, le principe reste le même : 4 roues, un volant, un moteur propulsé par le pétrole … »

« Oui, mais enfin, les nouvelles voitures sont plus belles, plus rapides. »

« Etre beau en voiture, je m’en fous un petit peu. Quant à la vitesse, elle est limitée partout. Et puis pourquoi aller plus vite ? »

« Et une belle montre, ça ne vous intéresse pas ? »

« Une qui donne l’heure ? Comme la mienne, quoi…. Si c’est pour faire le malin en montrant mon poignet, ça m’est aussi complètement égal. »

« Et un nouvel ordinateur ? »

« Pour gagner un demi-millième de seconde en rapidité ? Vous rigolez. »

« Bon, alors, vous voulez quoi ? Un robot qui fait tout à votre place ? »

« Pour que je n’ai plus rien à faire et que je me morfonde encore plus dans mon coin ? Merci bien. On a l’impression que le progrès technique met progressivement les hommes au rancart. »

« Remarquez … Quand on possède tout ce qu’on veut, ce n’est pas une obligation de vouloir accumuler encore plus. »

« Certes, mais on se prive du plaisir d’acheter. Je reconnais que c’est un peu addictif… »

« .. et complètement idiot. »

« Vous ne savez pas comme c’est dur de s’apercevoir qu’on a besoin de rien. C’est un grand paradoxe : on a tout, mais on a le sentiment de n’être plus rien puisqu’on n’a plus envie de rien. »

« Bon… essayez au moins d’utiliser votre matériel pour le mettre au hors d’usage ou le casser. »

« Je ne peux tout de même pas faire dix lessives par jour en espérant que ma machine à laver renonce. D’autant plus que j’ai acheté une machine ‘haut de gamme’ très résistante. »

« Evidemment…. Si en plus, vous avez du bon matériel ! »

« Ah, ça y est, j’ai trouvé un vrai besoin : besoin d’avoir envie. »

« Oui, mais ça ne s’achète pas. »

« Vous êtes sûr ? Ce serait pourtant un marché intéressant. »

« En fait, si vous n’avez envie de rien, c’est que vous êtes déprimé. Là, vous pouvez vous acheter des séances de psychothérapie. »

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