Archive pour le 3 novembre, 2016

Qui commande ?

3 novembre, 2016

« Dans les civilisations anciennes, c’étaient les anciens qui dirigeaient la communauté. Ils étaient respectés pour leur sagesse et leur connaissance des traditions. »

« Bon, aujourd’hui, on les met plutôt à la retraite. Ils ne sont plus considérés, si ce n’est comme des boulets. Les traditions n’intéressent plus grand monde. Les vieux ne dirigent plus rien. »

« Alors ce sont les jeunes qui ont pris le pouvoir ? »

« Encore moins, ils ont toutes les difficultés du monde à trouver un job. Alors, le pouvoir, ils n’y songent même pas. »

« Bon, alors, ce sont les quadras qui sont aux commandes. »

« Apparemment, mais en fait, ils baissent la tête et bossent, puisqu’ils sont commandés par d’autres hommes qui se pavanent dans leurs bureaux à l’autre bout du monde. C’est ce qu’on appelle la mondialisation. »

« Alors qui exerce le pouvoir ? Le Président ? »

« Non, il se fait engueuler dès qu’il ouvre la bouche. »

« Alors qui ? Il y a bien quelqu’un qui commande ? Les financiers ? »

« Ils pourraient, mais tant qu’ils peuvent spéculer et se voler entre eux, ils fichent la paix aux autres. »

« Les syndicats ? »

« Il faudrait qu’il y ait plus de syndiqués. Pour le moment, ils arpentent le pavé avec l’aide des casseurs en fin de manifs. »

« Si je comprends rien, personne ne commande. »

« Si, tout le monde, c’est la même chose. »

« De toute façon, si le pouvoir c’est obliger quelqu’un d’autre à faire quelque chose, moi ça ne m’intéresse pas tellement. J’ai déjà beaucoup de mal à m’obliger moi-même à faire du sport. »

« Vous n’avez qu’à faire comme tout le monde. Dire ce qu’il faudrait faire aux autres et n’en faire qu’à votre tête pour vous-même. C’est ça le pouvoir. »

« Moi, j’aime mieux obéir que commander. C’est moins culpabilisant. Je n’ai pas l’impression d’attenter au libre-arbitre de mon prochain. »

« C’est plus compliqué. Quand vous obéissez, vous donnez l’impression à celui qui commande qu’il a le pouvoir. Finalement, vous le manipulez un peu. Vous disposez d’une certaine forme de pouvoir : sans vous, il n’est plus rien. »

« Et si je décide de ne plus travailler ? »

« C’est encore pire, le chômage inquiète tout le monde. Sans emploi, vous détenez le pouvoir de culpabiliser tous ceux qui ont un job. »

« Vous êtes en train de me dire que si les chômeurs sont si nombreux, c’est parce que leur existence oblige les autres à se tenir à carreaux ? »