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Un bon scénariste

6 octobre, 2016

Soyons clairs : être amant ou maîtresse, c’est fatigant. C’est comme s’engager dans une vie en raccourci. Il y a de bons moments, mais on ne peut se défaire de ce sentiment profond que, dans tous les cas, ça va mal se terminer.

Surtout quand on est marié. On devient un parfaitement idiot. La partie théoriquement réservée à l’intelligence du cerveau devient subitement envahie par le recensement des fausses raisons pour rentrer tard à la maison, ou alors la programmation de séminaires professionnels bidons pendant les week-ends consacrés aux orgies. Bref, il devient compliqué de rester ce qu’on a toujours été : un individu raisonnable.

Côté émotionnel, ce n’est guère mieux. Passé le moment de folie heureuse, la culpabilisation reprend facilement le dessus. Les scrupules s’invitent n’importe quand, n’importe comment. La honte de soi n’est pas loin. Le verbe «quitter » et l’interrogation « qui quitter ? » vous passe en boucle dans la tête. On sent que le mot terrible de « lâcheté » va faire son entrée dans les conversations dès qu’on parle de décision à prendre et encore plus rapidement que prévu quand on ne parle pas de prendre une décision.

On se prend à rêver d’un monde où personne ne s’engagerait avec personne, où il serait « normal » de fréquenter plusieurs partenaires dans la même période (ou pas) sans que cela n’entraine de psychodrame lourd à gérer, alors qu’on a tellement de boulot au bureau.

On sait que le moment viendra où l’un, trompé par l’autre, va s’énerver. Se dresse alors devant l’intéressé une hydre à plusieurs têtes : divorce, frais d’avocat, solitude, compassion des copains et plats industriellement préparés pour le dîner solitaire.

Il y a forcément un moment où on est taraudé par l’envie de remonter le temps pour revenir au moment précis où on s’est engagé dans ce qui ressemble à une galère qui – on le savait, mais on faisait semblant de l’ignorer – devait prendre l’eau de toute façon.

Parfois, on se réfugie dans une espèce de philosophie de comptoir. Tout le monde fait pareil. De toute façon, l’homme ou la femme n’est pas fait pour être monogame (toutes les civilisations primitives l’avaient compris). J’ai besoin de m’évader du quotidien (avec tout le boulot que j’ai au bureau, c’est tout à fait compréhensible).

Et puis surgit le dilemme infernal. Je ne suis pas cruel : je ne dois pas faire souffrir mon conjoint légitime. Il faut mieux qu’il ne sache rien, ça m’évitera aussi des histoires… Oh ! Et puis non, je suis un être courageux : je vais tout lui dire puisqu’on s’était juré de ne jamais se mentir. Il ou elle saura sûrement apprécier ma franchise et saura me pardonner ou me laisser partir dignement, selon ce qui m’arrangera au moment de l’explication finale.

Lorsqu’il y a des enfants, il suffit de multiplier par 2 ou 3, les problèmes émotionnels, la capacité à inventer des histoires, le poids de la culpabilité, et la difficulté de se sortir de cette histoire avec dignité.

J’ai listé toutes les situations possibles. Par conséquent, les cinéastes spécialisés dans ce genre de drame me doivent de l’argent.

Demain, je parlerai de l’intérêt de rester célibataire. Ou alors un autre jour.