Archive pour septembre, 2016
Conversation romaine
29 septembre, 2016« Ave, belle Julia, mes esclaves ont ramassé ce beau bouquet de fleurs pour toi. »
« Tu remercieras tes esclaves, Marcus. »
« Non, ça ne se fait pas tellement chez nous…Ce ne sont que des serviteurs… Nous pourrions sortir, ce soir. Il y a de très beaux gladiateurs au cirque et quelques lions affamés de mendiants récalcitrants. En prime, quelques prisonniers seront joliment torturés. »
« Je n’aime pas beaucoup tous ces meurtres donnés en spectacle, on ne peut pas faire plus délicat ? »
« J’aime beaucoup tes idées humanistes. Je peux demander à mes esclaves d’organiser un spectacle comique. Ceux qui ne seront pas drôles seront fouettés. Ce sera du dernier drôle, nous rirons beaucoup. »
« Je me gondole déjà. »
« Je pourrais aussi exiger que mes gens préparent un festin digne d’une reine. Nous nous roulerons dans la nourriture et le vin jusqu’à l’aube avant de nous retrouver nus et complètement bourrés dans une couche commune. Il y a longtemps que je n’ai pas fait une telle orgie. Mes esclaves s’occuperont des détails bien entendu. »
« Je suis désolée, mais j’ai oublié de dire à tes esclaves que je ne couche pas le premier soir. Je ne voudrais pas les déranger pour rien. »
« Déranger des esclaves ? Je ris, belle Flavia. »
« Non, moi c’est Julia »
« Soit, mais permets moi de te dire que l’idée ne me serait jamais venu de « déranger » un esclave ! Enfin, bref… Nous pourrions peut-être nous promener la main dans la main le long du fleuve à la clarté de la lune. Mes domestiques nous ramèneront en char. J’ai fait attelé une paire de bœufs. »
« Je suppose que ce sera l’orgie en rentrant ? »
« Comme tu es impatiente, belle Lucia. Non, j’ai beaucoup mieux. Nous pourrions aller aux thermes. La chaleur enveloppera nos corps nus, excitant nos sens enflammés, puis mes esclaves nous masseront à l’aide d’huiles rares et nous parfumeront d’essences voluptueuses, enfin lorsque nous n’en pourrons plus de désir inassouvi, nous connaitrons le pays des mille merveilles jusqu’au matin. A l’aube, le chant du coq te surprendra dans mes bras, abandonnée, repue de tant d’amour. »
« C’est complètement ringard, ton truc, mon pauvre Marcus. »
« Alors, on fait quoi ? J’en ai marre de me casser pour trouver quelque chose. Ne serais-tu pas un peu capricieuse, belle Augusta ? Ta coquetterie n’est-elle pas destinée à me faire attendre plus longtemps ton corps pulpeux ? Ne sois pas si cruelle belle Agrippa ! Commande et mes esclaves obéiront ! »
« Eh bien, justement Marcus, comment s’appelle ce bel esclave égyptien, là-bas ? »
Allo !
28 septembre, 2016Mauvaise nouvelle ?
27 septembre, 2016« J’aime bien annoncer des catastrophes ou des évènements fâcheux. »
« C’est un goût un peu pervers ! »
« Oui, mais les gens m’écoutent au moins. Ils préfèrent de loin les mauvaises nouvelles aux bonnes. Quand vous dites que tout va bien, on vous regarde à peine, ou alors comme un pauvre demeuré. »
« Et quand le catastrophe n’arrive pas, vous avez l’air malin. Vous n’avez pas honte ? »
« Non, pas du tout, je peux dire qu’on l’a échappé belle grâce à des esprits éclairés comme le mien qui ont su prévoir l’avenir. Et puis les gens m’écoutent encore. C’est comme dans les films d’aventure : d’abord le spectateur a peur pour le héros, et puis à la fin, il est soulagé quand le héros s’en sort. »
« Et quand la catastrophe se réalise ? »
« Là par contre, ça me pose un problème. D’abord, parce que les gens auront tendance à croire ce que je dis, et ensuite par ce qu’il va falloir que je trouve un autre désastre à annoncer que personne ne connait. Le problème c’est qu’avec Internet, beaucoup de personnes sont au courant de tout ce qui nous menace. »
« Je trouve que tout cela n’est pas très sain. Vous faites peur inutilement aux gens. »
« Non, ils ont déjà peur avant. Par exemple, tout le monde sait que nous risquons de souffrir du réchauffement climatique. Si j’en parle autour de moi, ce ne sera pas une découverte. Il suffit de dramatiser un peu pour se rendre intéressant en captant l’intention de mon auditoire. »
« C’est complètement idiot comme principe. A force de crier au loup, le loup arrive et dévore tout le monde. Après ça, vous ne pourrez pas leur annoncer grand-chose. »
« Certes, il y a des risques, mais dire que tout va bien, ce n’est pas mieux. On n’a plus de chance de se tromper qu’en disant que tout va mal. »
« On pourrait ne rien dire ou alors dire des choses intéressantes qui n’excitent pas la peur des citoyens. Bref, être intelligent ! »
« C’est compliqué. Il faut être un vrai pro pour remplir l’espace de paroles sans intérêt. A la télé, ils y arrivent très bien. Il faut voir la profondeur des questions lors des reportages sur les plages en été : alors, pas trop chaud ? elle est bonne (l’eau) ? »
« Il faut reconnaître qu’il y a une espèce de concours de la conversation la plus nulle possible. »
« Vous voyez, finalement je suis un journal télévisé à moi tout seul : j’ai le choix entre annoncé de mauvaises nouvelles ou lancer des discussions désespérantes de platitude. »
« Et quand les autres font leurs journaux télévisés à eux, qu’est-ce que vous faites ? »
« Je change de chaîne ou bien je leur demande s’ils n’ont pas aussi des bonnes nouvelles d’un air un peu sarcastique. »
Un cas !
26 septembre, 2016Conversation préhistorique
25 septembre, 2016Cromagnon rencontre Néanderthal.
- Salut, Néant, ça va ?
- Bof ! Léon est mort hier ! Mangé par un lion.
- Si jeune, c’est triste.
- Il avait tout de même déjà 16 ans et il ne courait pas assez vite.
- Oui, mais enfin tout de même. Il faut que nous portions le deuil !
- Ce n’est pas la peine. Les trois-quarts des femmes de la horde sont enceintes depuis la Grande Orgie de l’été dernier ! Léon sera facilement remplacé.
- Oui, mais c’était Léon. Tu es d’un cynisme !
- Que veux-tu que je te dise ? Dans 2000 ans, on aura peut-être les moyens de pleurer nos morts. Pour le moment, je fais de la gestion démographique.
- Mais tu ne crois pas que tout le monde pourrait s’aimer, prendre soin de son voisin, construire de vraies relations.
- Tu rêves, Croma ! Pour le moment, il s’agit de boire, de manger et de copuler pour remplacer les idiots comme Léon qui s’aventurent n’importe où.
- Tu as raison, mais je pense qu’un jour les hommes se lèveront le matin sans se demander s’ils seront dévorés avant la fin de la journée.
- Moi, je parie qu’il n’y aura peut-être plus de dinosaures, mais qu’ils trouveront toujours un chef pour leur pourrir la vie. Ils resteront vivants, mais déjà bien entamés en rentrant chez eux le soir.
- Pff… Tu n’es pas très encourageant comme tous les gens qui font de la gestion. Moi, je crois que nous avons besoin d’une raison pour vivre et qu’elle ne se trouve pas dans les livres de compte.
- Sois concret, Croma ! Tu n’as pas le choix. On n’a pas besoin de théoriciens, on a besoin de gens qui courent vite et qui savent monter aux arbres.
- Tout de même ! Tu te souviens de Balthazar qui est mort à 31 ans à l’automne, piétiné par un mammouth.
- Celui qui réfléchissait ?
- Tout à fait. Il se demandait toujours qui nous avait mis sur Terre, et en plus, il se demandait pourquoi nous étions les seuls à pouvoir nous poser la question.
- C’est vrai que les lions ne réfléchissent pas beaucoup, mais réfléchir n’est-ce pas notre handicap par rapport au lion ? Un handicap intéressant, mais un handicap tout de même.
- A court terme peut-être ! Je reconnais que les lions courent plus vite que nous, mais à moyen terme, on peut espérer qu’un de nos théoriciens trouvera un moyen de nous déplacer plus rapidement.
- Si je comprends bien, tu opposes ma gestion du lendemain et une vision stratégique de l’avenir imaginée par nos théoriciens. Sauf qu’à long terme, comme dira quelqu’un on sera tous morts, y compris nos théoriciens.
- Décidemment, Croma, nous ne nous comprenons pas. Moi, je vais dans l’atelier d’Antoine : il vient d’inventer la roue.
- Ah ! Ah ! Encore un machin qui servira à rien. Il ferait mieux de s’entraîner à la course à pied.
Horreur !
24 septembre, 2016Histoire penchée
23 septembre, 2016La belle Annabelle
22 septembre, 2016« Voilà, je vous ai apporté l’application pour séduire la belle Annabelle. Vous ouvrez votre tablette ou votre smartphone et hop ! Vous vous laissez guider ! »
« Là, il y a une icône musique… »
« Oui, vous avez la liste des groupes à la mode, leurs dernières prestations et des commentaires. Bien entendu, tout ça est automatiquement mis à jour, moyennant un abonnement trimestriel pas cher du tout. »
« Et pour le sport ? »
« Aucun problème, vous avez toutes les déclarations de Didier Deschamps et vos performances personnelles ainsi que l’adresse de votre club. »
« Euh… mes performances sont peut-être un peu surestimées… »
« Pas de problème, vous avez un curseur qui vous permet de les moduler. Il va de « honnêteté » jusqu’à « athlète de compétition ».
« Bon et alors pour mon côté générosité, on fait comment ? »
« Vous avez la liste des associations caritatives auxquelles vous avez fait un don, plus une lettre de remerciements des Restos du cœur pour votre dévouement. »
« Vous croyez que ça va marcher avec Annabelle ? »
« Absolument. Vous avez l’arme fatale : la liste des 206 qualités et des 187 défauts humains. Il suffit de rentrer le profil de la belle, et l’application vous sort la liste de vos défauts et qualités. »
« Et si la belle s’aperçoit de la supercherie ? »
« Aucun problème, vous cliquez sur ce petit bouton rouge et l’application vous donne la bonne réponse. Ça peut être : ah ! ah ! c’est fou ce qu’on peut faire avec les nouvelles technologies, c’est même très dangereux pour les relations humaines ! Ou alors : c’était pour rire, je savais qu’avec vous ça ne pouvait pas marcher, vous êtes beaucoup trop intelligente. Euh… il y a quand même un risque dans tout ça : c’est qu’elle dispose de l’application anti-dragueur lourdingue. »
« Qu’est-ce que je fais dans ce cas ? »
« Pas de panique : vous souriez d’un air entendu, vous dites que vous êtes entre spécialistes des nouvelles technologies et que vous n’auriez jamais cru avoir autant de points communs avec elle. Normalement, ça marche, et ça vous fait 99 euros. »
« Il y a une garantie ? »
« Non aucune. »
« Remarquez, on pourrait aussi laisser nos smartphones au vestiaire ? »
« Oui, ou alors laisser les smartphones discuter entre eux. »