Archive pour août, 2016

Leçon de gentillesse

21 août, 2016

« Comment ? Tu es gentil avec moi ? »

« Bin…oui…ça te dérange ? »

« Oui, un peu. Je suis obligé de te remercier au lieu de me méfier de toi, c’est très déstabilisant pour moi. Tu ne tiens pas compte du fait que je me construis dans l’adversité ! »

« Je vais redoubler de gentillesse à ton égard ! »

« Non, par pitié ! J’ai besoin d’ennemis ! Il faut absolument que je puisse dire du mal de toi, d’autant plus que tu ne m’es pas très sympathique. Tu ne pourrais pas me faire une crasse, bien dégoutante ? »

« Désolé, je ne sais pas faire. »

« Par exemple, au lieu d’aller me cherche un café, tu pourrais me dire : t’as qu’à aller te le chercher ton café ! »

« Ce n’est guère civil ! T’apporter un café ne me dérange pas beaucoup puisque je vais prendre le mien. »

« Et voilà ! J’en étais sûr ! Tu n’arrêtes pas de te préoccuper de mon bien-être ! Si ça continue, je vais être obligé de me préoccuper du tien, alors que ça m’est complètement égal. Tu te rends compte dans quel pétrin tu me mets ? »

« Désolé, mais je ne peux pas m’empêcher de penser aux autres. C’est une vraie maladie, mais la médecine n’a pas trouvé la parade. »

« Et si j’étais très méchant avec toi ? »

« Ça va être encore pire pour toi. Tu vas accroître ton degré de culpabilisation. Pense un peu à ta santé qui ne me semble déjà pas très vaillante. D’ailleurs, je t’ai apporté un cachet. »

« Bon, alors qu’est-ce qu’on fait ? »

« Prends l’air content quand je m’occupe de toi. Essaie de ressentir du plaisir. Moi, ça me fait plaisir de faire plaisir. »

« Nous y voilà ! Tu es gentil pour toi, parce que tu te sens bien en te préoccupant du bien-être des autres. C’est très égoïste finalement. Tu es un gentil méchant ! Vu comme ça, tu commences à m’intéresser. »

« Se faire du bien à soi-même en s’occupant du bien-être des autres, ça demande beaucoup d’entrainement. »

« Tu pourrais avoir la gentillesse de me servir de coach ? »

« Pas de problème : tu pourrais commencer par aller me chercher un café sans me répondre va te le chercher toi-même. »

« C’est dur ! C’est un véritable entraînement de commando ! On ne pourrait pas faire plus simple pour commencer. Je veux bien être gentil avec les autres, tout en restant un peu méchant pour ne pas me perdre de vue. Tu vois ce que je veux dire ? »

« Non. »

Réhabilitons le Z

20 août, 2016

C’est un zéro,

Un zombi.

Avec zèle,

Il zone,

Zen,

Sur le zinc

Du Zaïrois.

Puis il zigzague

Comme Zidane.

Drôle de zèbre.

Tutoyons-nous !

19 août, 2016

M’aimes-tu

Dans mon tutu ?

Ne soit pas obtus,

Ni têtu.

Je ne suis pas un fétu

Ni courbatue.

J’ai encore ma vertu.

Rien n’est pas foutu.

Le sais-tu ?

Les défauts

18 août, 2016

« Il parait qu’il y a 187 défauts humains. »

« On peut choisir ?

«  Oui, voici notre carte. »

« Je prendrais bien le 31 : capricieux. »

« Faites attention, tous ne se valent pas. Il y a des défauts qui sont mieux considérés que d’autres, ce sont quasiment des qualités ! »

« Vous devriez faire une liste des défauts convenables »

« Moi, je vous conseille le numéro 16 : autoritaire ! Dans une entreprise, un mec autoritaire se fait sa place sans problème. Avec lui, on est sûr de ne pas être embêtés par les revendications du personnel ! »

« Bon d’accord, je prends le 16 en entrée. Je peux avoir un peu de 93 : intéressé. »

« C’est-à-dire que le 93, c’est très demandé, il ne nous en reste plus. Je vous conseille le 95, il est bien en ce moment le 95 : intransigeant. Avec ça, vous pouvez aller partout. On sent que vous êtes un type qui ne rigole pas. »

« Je vois qu’il vous reste beaucoup de 122 : misogyne ! »

« Ouh la ! je vous arrête, c’est pourri en ce moment ! Prenez plutôt du 147 : pointilleux. Un homme pointilleux, c’est quelqu’un qui ne se contente pas de superficialité. Il sait que le diable est dans les détails. On ne la lui fait pas. »

« Mais j’aimerais bien aussi un défaut qui me donne un air humain. »

« Alors là, nous avons le 169 : rêveur. C’est excellent pour donner l’impression de quelqu’un sensible à la beauté et à l’imaginaire. Et puis quand vous voulez être tranquille, vous pouvez toujours dire que vous rêvez. »

« Bon, d’accord. Pour ma femme, je vais prendre une bonne dose de 147 : critiqueuse. Elle adore ça ! »

« Bon choix, madame sera contente ! Je vous signale que les femmes adorent aussi le 99 : jalouse ! Nous avons une promotion en ce moment ! »

« D’accord pour le 99 ! Je voudrais aussi quelque chose que je puisse lui reprocher amèrement : le 51, par exemple : dépensière. »

« C’est bien aussi, ça ne tire pas à conséquence. Mais je permets de conseiller quelque chose de plus original. Quelque chose qui distinguera madame, le 186 : versatile. »

« Vous êtes sûr qu’elle ne va pas mal le prendre ? »

« Certain. Et puis, c’est charmant une femme versatile. On ne connait jamais son humeur à l’avance. Monsieur se réservera beaucoup de surprise. Un jour, ce sera blanc, le lendemain noir, sans qu’il sache pourquoi ! »

« Parfait ! J’ai aussi un cadeau à faire à ma belle-mère. Je verrais bien le 166 : sans gêne. Elle adore. »

« Je note. Madame la mère de madame a bon goût. Elle sera bien servie. »

Nos mauvais poèmes

17 août, 2016

Le tennis

Du novice

N’a pas de vice.

Son service

Est sans malice.

Il faut lui serrer la vis.

Il est rouge comme une écrevisse.

Il ne jouera pas la coupe Davis.

Liberté ?

16 août, 2016

« Moi, j’aime la liberté. »

« Pas moi, j’aime bien être prisonnier. »

« C’est curieux. Prisonnier de quoi ? »

« Des contraintes sociales. Par exemple, je suis obligé d’aller bosser tous les matins. C’est très agréable … Quand je pense  à tous ceux qui ont la liberté de pointer au chômage ! »

« Euh… non, c’est un mauvais exemple. Les chômeurs sont aussi enchaînés à leur chômage. Tout le monde est prisonnier. Etre libre, c’est tout larguer d’un seul coup et faire le tour du monde. Ou aller ouvrir un dancing à Djakarta. »

« Vous l’avez déjà fait ? »

« Bin… bon, avec ma femme et mes enfants, vous comprenez… »

« Donc la famille est une prison. »

« Euh… je préférerais qu’on ne dise pas une horreur pareille devant Marie-Charlotte. Dans mon couple, chacun est libre, c’est elle qui me l’a dit. »

« Il y a donc, selon vous, d’autres liberté que celle de quitter son pavillon de banlieue. »

« Oui, bien sûr. Moi je parlais de la liberté de l’esprit. Par exemple, je suis libre de ne pas croire ce qu’on dit au journal télévisé. »

« Comme ils disent tous la même chose, vous devez avoir de la difficulté à vous forger une autre idée. »

« Vous n’êtes pas obligé de vous cultiver devant votre téléviseur. Vous pouvez aussi lire, aller au cinéma… Bref, vivre. »

« Marie-Charlotte est d’accord ? »

« Bien sûr, à condition que je partage aussi les tâches ménagères. »

« Donc votre liberté est limitée, si je comprends bien. »

« C’est pour ça que je l’aime. C’est une femme libre. Elle n’hésite pas à me dire ce que je dois faire.»

« Moi, j’aime mieux être prisonnier, comme ça je suis moins frustré que vous. C’est difficile d’avoir envie de faire ce qu’on veut tout en étant obligé de passer l’aspirateur. A mon avis, la seule façon de s’en sortir, c’est  de s’intéresser au fonctionnement de l’aspirateur. S’intéresser aux murs de sa prison, en quelque sorte. »

« C’est une idée. Mais moi, j’en ai une autre. Comme vous m’avez démontré que je ne suis pas complètement libre, je suis aussi un frustré. Je vais donc me passionner pour ma frustration. Personne ne me disputera cette liberté. »

L’histoire du roi

15 août, 2016

Le roi a dormi sous la tente avec sa tante.

Au matin, il se rue dans la rue.

Il passe au tabac où il fait un tabac.

Chez le boucher, il prend des bouchées pour la reine.

Pour le théâtre, il va sur le boulevard, voir du boulevard.

Sur l’avenue, il prend un PV, nul et non avenu.

Dans son allée, ça va aller.

Chez lui, il pend sa couronne qui ne vaut pas un clou, à un clou.

Un futur bureaucrate

14 août, 2016

« Quand je serai grand, je voudrais être bureaucrate. »

« Tu es fou. Tu sais que les bureaucrates sont les gens les plus détestés de la planète ? Tu tiens à être la honte de la famille. »

« Je m’en fiche, je serai bien tranquille dans mon bureau pour prendre des décisions qui ne m’engageront pas. »

« Tu vas au-devant de graves ennuis. »

« Je me demande pourquoi les gens n’aiment pas les bureaucrates. Dans chaque société, il faut des gens qu’on puisse haïr. La société a besoin de boucs-émissaires autant que de bouchers ou de boulangers. »

« J’espère que tu seras bien payé pour être haï. »

« Je me dévoue pour le bien collectif. Dans les temps anciens, le bourreau aussi était haï, n’empêche que la foule se précipitait chaque fois qu’il était à l’œuvre. »

« C’est la meilleure, tu veux être un gamin qui veut devenir exécuteur des basses œuvres. Pourquoi pas patron, pendant que tu y es ? »

« Pourquoi pas en effet ? Il faut que quelqu’un fasse respecter l’ordre établi, sinon c’est la chienlit. C’est comme dans le championnat de foot, ce n’est pas celui qui joue le mieux qui gagne, c’est celui qui a le plus d’argent qui fait respecter la hiérarchie des clubs. »

« Et un boulot constructif, ça ne t’intéresserait pas, par hasard. Architecte, par exemple ? Tu ne casseras pas les pieds à la population, au contraire tu enjoliveras leur quotidien. »

« C’est-à-dire que je préfère casser les pieds. Comme ça, on remarque ma présence. Je ne laisse personne indifférent. Et en plus, pour être architecte, il ne faut pas se tromper, tandis qu’un bureaucrate peut faire n’importe quoi, il est protégé derrière son bureau. »

« Ce n’est pas faux. Mais tu n’as quand même pas beaucoup d’amour-propre ! »

« Non pas beaucoup en effet, mais on devrait me couvrir de louanges. Le monde serait beaucoup plus apaisé s’il y avait moins de gens qui se préoccupent de satisfaire leur ego avant tout. Tant que tous les gens voudront être admirés, il y aura des tensions entre ceux qui ne s’estiment pas assez admirables et ceux qui sont satisfait d’eux-mêmes. »

« Si je comprends bien tu rends service. »

« Oui, je permets à ceux qui ont de l’amour-propre, mais qui manquent d’estime, de se dire qu’il y a des pauvres types qui exercent des métiers bien plus méprisables que les leurs. C’est comme dans la cour de récré du lycée, celui qui se fait casser la figure se réconforte en pensant que d’autres prennent des raclées encore plus sévères. »

« Remarque, il peut y avoir des bureaucrates heureux !  Ce sont ceux qui sont assez idiots pour ne pas se rendre compte qu’ils sont haïs par la population. Ou pire encore, ceux qui démontrent leur utilité à leurs administrés ! »

« Ce sont des imposteurs. Un vrai bureaucrate doit être un inutile détesté. »

Il y a de l’écho

13 août, 2016

Rachid aime l’arachide

Il tient une auberge avec une aubergine

Qui cultivait de la chicorée en Corée.

Il boit du pinard avec ses épinards

Et s’asperge de jus d’asperge.

Son avocat qui préfère les avocats

A fait des boulettes en mangeant de la ciboulette.

Quant à sa fille Charlotte, elle épluche des échalotes

A l’ombre des concombres

Répétitions !

12 août, 2016

Charles vit en Arles

Avec Lucas, un cas.

Il attend Nathan

En vain comme Sylvain.

Mais il reçoit un mot de Maude

Qui est à l’océan avec Océane,

Et Benjamin qui leur offre du jasmin.

Charles d’Arles

Préfère la lisse Alice,

Camille qui aime la camomille

Et la fine Delphine.

 

 

1234