Un grand projet
« Il faudrait une économie où tout est gratuit pour tout le monde. »
« Ça ne marchera jamais votre truc. »
« Si on n’essaie pas des trucs nouveaux, on ne se sortira jamais de la panade. Vous vous rendez compte : la gratuité totale réglerait plein de problèmes. Plus d’accumulation d’argent : fini le capitalisme ! Plus de chasse aux profits : fini les ravages sociaux du libéralisme. »
« Oui, mais enfin, il faut bien que les choses rares aient un prix pour réguler l’offre et la demande. »
« Non. Lorsque la demande excède l’offre, il n’y a qu’à produire plus. »
« C’est complètement irréaliste ! »
« Vous n’avez pas vu tous les avantages. Dans ma nouvelle société, il n’y a plus de vol : si quelqu’un pique ma bagnole, je la remplace facilement. D’ailleurs plus personne n’a intérêt à me voler ma voiture, puisqu’il suffit d’aller chez un concessionnaire pour prendre le volant. »
« C’est tout ? »
« Non, vous pourriez aussi choisir de faire le métier qui vous plait puisque vous ne seriez plus attirer par l’argent qu’on vous propose. De plus, je terrasse le chômage car le travail devient gratuit lui aussi. »
« Il n’y a peut-être plus de chômage, mais plus de raison de travailler dans votre économie. Qui va faire le travail d’éboueur ? »
« Quand les citoyens en auront marre de leurs poubelles, ils seront bien obligés de s’y mettre. Ce serait une façon de développer le sens du collectif ! »
« Vous ne seriez pas un peu socialiste ? »
« Si, un peu. Il faudrait diviser la Terre en lopins égaux en surface pour que chacun puisse y poser sa maison. »
« C’est ça ! Et quand je meurs, mes deux fils se disputent mon territoire ! On retourne au Moyen-Âge, mon vieux ! »
« Non, parce qu’il y aura surement des gens qui décèdent sans enfants ou alors des gens qui veulent cohabiter. Il suffit de s’organiser. »
« Bon, alors là, on revient au régime soviétique. »
« Non, parce que, puisqu’il n’y a pas d’argent, il n’y a pas de corruption possible. »
« Oui, mais il y aura toujours des passe-droits. Si vous êtes copains avec celui qui répartit la terre, il vous donnera le plus joli coin. Votre boucher réservera ses meilleurs morceaux à ses potes. Votre plombier passera moins de temps chez vous s’il ne vous aime pas. Quand l’argent n’est pas là, il reste la faveur. L’homme n’est jamais vertueux, mon pauvre. La femme non plus. »
« Si je comprends bien, l’argent permet de remplacer des injustices par une autre. »
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