C’était mieux avant (2)
« Et voilà, maintenant le mail remplace tout. »
« Tout de même, recevoir du courrier dans sa boite aux lettres, ça avait une autre allure. J’aimais ce moment où l’on déchirait vivement l’enveloppe pour prendre connaissance de la lettre. »
« Sans compter qu’on pouvait collectionner des timbres intéressants. Qu’est-ce que vont devenir nos philatélistes ? Il n’y a pas grand-chose à collectionner dans un mail. »
« En plus, l’art épistolaire se perd. Si Madame de Sévigné avait eu une adresse mail, Madame de Sévigné n’existerait pas dans la littérature. »
« C’est vrai. Dans un mail, les gens s’expriment n’importe comment. Il y a une sorte de consensus pour admettre que les fautes d’orthographe n’ont pas d’importance. Je ne vous parle pas des ceux qui tapent trop vite, dont il faut reconstituer les mots pour comprendre leur pensée. On dirait Champollion découvrant les hiéroglyphes égyptiens. »
« Je vous passe tous les messages publicitaires que je ne lis pas, ce qui n’empêche pas les vendeurs de bourrer ma vraie boîte aux lettres de papiers qui vont directement à la poubelle. »
« En plus, les publicistes espionnent votre consommation. Quand j’ai eu acheté ma tondeuse à gazon, j’ai eu des publicités sur les tondeuses à gazon pendant trois mois. »
« Tout de même, le bon temps du courrier… Vous vous rappelez quand on écrivait d’une belle écriture arrondie sur un bloc de papier élégant. Après, il fallait glisser le pli dans une enveloppe et constater qu’on n’avait pas de timbre. D’où la nécessité de mettre son manteau et de pousser jusqu’à la poste, ce qui permettait de papoter avec ses voisins, de vivre un peu quoi ! »
« Maintenant, on est obligé de se lier d’amitié avec son clavier, sinon on est privé de tout. Et puis, on a appris à écrire à la plume à l’école primaire, mais sûrement pas à taper sur un clavier. Les anciennes dactylos tiennent leur revanche. »
« Remarquez, elles sont au chômage maintenant. Elles ont le temps de taper leur CV. »
« Le pire dans les mails, c’est quand je reçois un message adressé à plusieurs destinataires. Je sens que pour l’expéditeur, je ne suis qu’un numéro parmi d’autres. Je n’ai plus droit à sa pleine attention. Lorsqu’il m’écrivait à la main, je me sentais tout de même plus considéré. »
« Tout ça, ça fait disparaitre des emplois de facteur. Le métier de messager qui consistait à porter un pli d’une main à l’autre était un métier noble. Il était porteur d’espoir. »
« En plus, la lenteur du courrier par la poste était une période excitante pour celui qui attendait une réponse de son amoureuse ou de son employeur éventuel. Maintenant, quand on est viré, on le sait tout de suite, on le prend en pleine figure. »
« Bon, je vais peut-être arrêter de tchater, mes gamins viennent de rentrer. Ils vont vouloir jouer sur le Pc.»
« Moi aussi. Ma femme n’aime pas que je passe tout mon temps sur les écrans. A la prochaine. »
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