Archive pour août, 2016

Prendre l’air

31 août, 2016

Son père

Erre

Dans cette aire

Sans glaire.

Avec son blair

Il flaire

L’air.

Que faire

A l’ère

Du fer ?

Un non-séducteur

30 août, 2016

« Je n’en peux plus. Dans le métro, toutes les femmes me dévisagent d’un air gourmand. Je tombe amoureux de toutes celles qui me sourient. Si vous pouviez me regarder avec un air agressif, ça m’arrangerait. »

« Euh, l’ennui, c’est que vous êtes sympathique et même plutôt séduisant. Je n’ai pas tellement envie de vous agresser. »

« Ah bon ? J’ai pourtant évité de me peigner et de me raser ce matin. J’ai mis un jean crasseux et une chemise non repassée. »

« Justement, ça vous donne un air de sauvage, tout juste sorti de sa grotte. C’est à tomber par terre ! »

« Bon, demain, je me rase, je me peigne, je mets une chemise blanche-cravate, et un costard impeccable bien entendu, ça ira. »

« Oui, ce serait mieux. Vous serez comme tout le monde, c’est-à-dire complètement nul. Vous aurez une bonne chance que les sourires des femmes vous fichent la paix. Mais n’oubliez pas d’avoir une attitude empressée de cadre se rendant à ses rendez-vous. »

« Et si j’avais un ordinateur sous le bras, ce serait pas mieux ? »

« D’accord, ouvrez-le sur vos genoux, mais attention ! N’allez pas regarder un dessin animé, auquel cas vous allez encore passer pour quelqu’un d’original et d’intéressant ! Débrouillez qu’on voit pour qu’on voit que vous travaillez sur des choses compliquées et importantes avec plein de graphiques partout. »

« Parfait ! Et si j’avais l’oreille collé au téléphone. Je n’ai jamais personne à appeler, mais ça aiderait ! »

« Tout à fait, si une femme vous sourit, sortez votre téléphone et parlez. Dites n’importe quoi en lui lançant un regard navré pour qu’elle comprenne bien que vous avez des affaires bien plus importantes à traiter que de prendre en considération son misérable sourire ! »

« Heureusement que je vous ai rencontrée. Comment pourrais-je être sûr que vous ne vous intéressez absolument pas à moi ? »

« Vous pouvez toujours reprendre votre téléphone et faire semblant d’avoir une conversation amoureuse avec une copine hypothétique. »

« Ah bon ? »

« Normalement, je devrais me renfrogner, en pensant que tous les mecs convenables sont déjà pris. »

« Oui, mais je sens que vous pourriez tenter votre chance quand même. C’est bien les femmes, ça ! Elles ne pensent qu’à me mettre dans l’embarras ! »

« Le mieux pour se débarrasser de moi, c’est d’avoir une conversation complètement pourrie. Par exemple : demandez-moi si c’est à moi ces beaux yeux là. »

« Je ne peux pas, je vois bien qu’ils sont à vous, vos beaux yeux. »

« Il faudrait y mettre un peu du vôtre, sinon je vais vous mater. »

Nos mauvais poèmes

29 août, 2016

Sur le pont

Dupont

Tourne en rond

Car il n’a plus un rond.

Il va sortir de ses gonds.

Et changer de ton

Il faudrait lui faire un don.

C’est ainsi que font

Les gens bons.

Un grand projet

28 août, 2016

« Il faudrait une économie où tout est gratuit pour tout le monde. »

« Ça ne marchera jamais votre truc. »

« Si on n’essaie pas des trucs nouveaux, on ne se sortira jamais de la panade. Vous vous rendez compte : la gratuité totale réglerait plein de problèmes. Plus d’accumulation d’argent : fini le capitalisme ! Plus de chasse aux profits : fini les ravages sociaux du libéralisme. »

« Oui, mais enfin, il faut bien que les choses rares aient un prix pour réguler l’offre et la demande. »

« Non. Lorsque la demande excède l’offre, il n’y a qu’à produire plus. »

« C’est complètement irréaliste ! »

« Vous n’avez pas vu tous les avantages. Dans ma nouvelle société, il n’y a plus de vol : si quelqu’un pique ma bagnole, je la remplace facilement. D’ailleurs plus personne n’a intérêt à me voler ma voiture, puisqu’il suffit d’aller chez un concessionnaire pour prendre le volant. »

« C’est tout ? »

« Non, vous pourriez aussi choisir de faire le métier qui vous plait puisque vous ne seriez plus attirer par l’argent qu’on vous propose. De plus, je terrasse le chômage car le travail devient gratuit lui aussi. »

« Il n’y a peut-être plus de chômage, mais plus de raison de travailler dans votre économie. Qui va faire le travail d’éboueur ? »

« Quand les citoyens en auront marre de leurs poubelles, ils seront bien obligés de s’y mettre. Ce serait une façon de développer le sens du collectif ! »

« Vous ne seriez pas un peu socialiste ? »

« Si, un peu. Il faudrait diviser la Terre en lopins égaux en surface pour que chacun puisse y poser sa maison. »

« C’est ça ! Et quand je meurs, mes deux fils se disputent mon territoire ! On retourne au Moyen-Âge, mon vieux ! »

« Non, parce qu’il y aura surement des gens qui décèdent sans enfants ou alors des gens qui veulent cohabiter. Il suffit de s’organiser. »

« Bon, alors là, on revient au régime soviétique. »

« Non, parce que, puisqu’il n’y a pas d’argent, il n’y a pas de corruption possible. »

« Oui, mais il y aura toujours des passe-droits. Si vous êtes copains avec celui qui répartit la terre, il vous donnera le plus joli coin.  Votre boucher réservera ses meilleurs morceaux à ses potes. Votre plombier passera moins de temps chez vous s’il ne vous aime pas. Quand l’argent n’est pas là, il reste la faveur. L’homme n’est jamais vertueux, mon pauvre. La femme non plus. »

« Si je comprends bien, l’argent permet de remplacer des injustices par une autre. »

A ma main

27 août, 2016

Jean est majeur

C’est un bon joueur au jeu de paume.

Il a la main sur le cœur,

Et une bonne poigne.

Il ne fait jamais de doigt d’honneur.

Personne ne le met à l’index.

Il paie ses dettes rubis sur l’ongle.

Mais il mange sur le pouce.

ViVe le W !

26 août, 2016

Willy et Wendy

Rêvent d’un week-end

Au château de Windsor.

Sur le web

Ils regardent un western.

Puis sur Wikipedia

Ils cherchent la gare de Waterloo

Et s’imaginent déjà dans leur wagon.

Un être irréfléchi

25 août, 2016

« J’ai lu les premières pages de ton livre et je me suis endormi. »

« Tu n’es pas très encourageant. »

« Ce n’est pas de ma faute, je suis complètement superficiel. Je n’arrive pas à creuser un sujet au-delà de ma première impression. »

« Il faudrait réfléchir un peu. »

« C’est un effort trop grand pour moi. Je dis ce qui me vient, mais je ne sais rien dire de plus. C’est comme un blocage. Je ne suis pas capable de voir au-delà des apparences. »

« C’est déjà bien de s’en rendre compte. »

« Peut-être mais c’est un vrai handicap. Je ne sors que des banalités quand on me parle, je ne produis aucune analyse de fond digne d’intérêt. »

« Les autres le font sûrement à ta place. »

« Oui, la plupart des gens ne se privent pas de tenir un discours argumenté, plus ou moins bien argumenté d’ailleurs, mais eux au moins, ils ont l’air d’avoir réfléchi à ce qu’ils disent. »

« Bon, je vais t’aider. Prenons un sujet : le chômage. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je pense qu’il y a des chômeurs. »

« C’est tout ? »

« Bin… oui…. Des chômeurs, c’est des gens qui ne trouvent pas d’emploi. »

« Mais tu n’as pas envie de te poser la question : pourquoi y-a-t’il du chômage ? »

« Bin… non… je ne vois pas pourquoi je me la poserais. Il faudrait que je sois capable de formuler une réponse intéressante, ce qui est complètement hors de ma portée. C’est un peu comme si tu me demandais pourquoi j’aime la choucroute. Je te répondrai que j’aime la choucroute parce que j’aime la choucroute. »

« Donc d’après toi, il y a du chômage parce qu’il y a du chômage. »

« Oui, tu peux même supprimer la proposition causale, je n’en ai pas besoin. Je n’ai aucune force pour m’attaquer à la raison de l’existence du chômage. Je ne suis capable que de constater les choses. »

« Remarque vous êtes nombreux comme ça. Heureusement qu’il y a les journaux télévisés pour vous dire ce qu’il faut penser. »

« Et encore … Il ne faut pas qu’on nos assène des trucs trop compliqués. Moi la crise du Moyen-Orient, il faut me la résumer en quinze secondes. Au-delà, je passe sur une chaîne de télé-réalité. Là au moins, on est entre collègues : il n’y a rien à comprendre, juste à regarder et à constater. »

« Tu ne te sens pas un peu dépassé par la vie ? »

« Non, puisque je ne réfléchis pas. »

Le tour de piste

24 août, 2016

Il sort du ballon.

Il n’a plus un rond.

Il n’a plus de cercle d’amis.

Il est dans sa bulle.

Mais la roue tourne,

Il va se refaire une pelote,

Car il a une bonne bille.

Il enregistrera un disque.

Et lui offrira un anneau de fiançailles.

C’était mieux avant (2)

23 août, 2016

« Et voilà, maintenant le mail remplace tout. »

« Tout de même, recevoir du courrier dans sa boite aux lettres, ça avait une autre allure. J’aimais ce moment où l’on déchirait vivement l’enveloppe pour prendre connaissance de la lettre. »

« Sans compter qu’on pouvait collectionner des timbres intéressants. Qu’est-ce que vont devenir nos philatélistes ? Il n’y a pas grand-chose à collectionner dans un mail. »

« En plus, l’art épistolaire se perd. Si Madame de Sévigné avait eu une adresse mail, Madame de Sévigné n’existerait pas dans la littérature. »

« C’est vrai. Dans un mail, les gens s’expriment n’importe comment. Il y a une sorte de consensus pour admettre que les fautes d’orthographe n’ont pas d’importance. Je ne vous parle pas des ceux qui tapent trop vite, dont il faut reconstituer les mots pour comprendre leur pensée. On dirait Champollion découvrant les hiéroglyphes égyptiens. »

« Je vous passe tous les messages publicitaires que je ne lis pas, ce qui n’empêche pas les vendeurs de bourrer ma vraie boîte aux lettres de papiers qui vont directement à la poubelle. »

« En plus, les publicistes espionnent votre consommation. Quand j’ai eu acheté ma tondeuse à gazon, j’ai eu des publicités sur les tondeuses à gazon pendant trois mois. »

« Tout de même, le bon temps du courrier… Vous vous rappelez quand on écrivait d’une belle écriture arrondie sur un bloc de papier élégant. Après, il fallait glisser le pli dans une enveloppe et constater qu’on n’avait pas de timbre. D’où la nécessité de mettre son manteau et de pousser jusqu’à la poste, ce qui permettait de papoter avec ses voisins, de vivre un peu quoi ! »

« Maintenant, on est obligé de se lier d’amitié avec son clavier, sinon on est privé de tout. Et puis, on a appris à écrire à la plume à l’école primaire, mais sûrement pas à taper sur un clavier. Les anciennes dactylos tiennent leur revanche. »

« Remarquez, elles sont au chômage maintenant. Elles ont le temps de taper leur CV. »

« Le pire dans les mails, c’est quand je reçois un message adressé à plusieurs destinataires. Je sens que pour l’expéditeur, je ne suis qu’un numéro parmi d’autres. Je n’ai plus droit à sa pleine attention. Lorsqu’il m’écrivait à la main, je me sentais tout de même plus considéré. »

« Tout ça, ça fait disparaitre des emplois de facteur. Le métier de messager qui consistait à porter un pli d’une main à l’autre était un métier noble. Il était porteur d’espoir. »

« En plus, la lenteur du courrier par la poste était une période excitante pour celui qui attendait une réponse de son amoureuse ou de son employeur éventuel. Maintenant, quand on est viré, on le sait tout de suite, on le prend en pleine figure. »

« Bon, je vais peut-être arrêter de tchater, mes gamins viennent de rentrer. Ils vont vouloir jouer sur le Pc.»

« Moi aussi. Ma femme n’aime pas que je passe tout mon temps sur les écrans. A la prochaine. »

Nos mauvais poèmes

22 août, 2016

Le vicaire

A un emploi précaire.

Il est aussi docker,

Il décharge des tankers.

Il joue aussi au poker,

Ça lui donne de l’urticaire.

Il n’est donc pas d’équerre.

En plus, il a un découvert bancaire.

Il en parle souvent à son cocker

Auquel il lit les trois mousquetaires.

1234