Dispute impossible
21 juin, 2016« Je vous ai attaqué et vous ne me répondez pas. »
« Non, je suis au-dessus de vos insultes. J’ai de la retenue et de la noblesse de caractère. Vous n’avez pas remarqué ? »
« Je m’en fiche un peu de votre noblesse. Je constate qu’il n’y a pas le moyen de s’engueuler si vous ne me répondez pas. »
« Ayons plutôt une discussion loyale. Ne soyons pas médiocres. »
« Moi, j’ai envie d’être médiocre. Si on dialogue avec des arguments, c’est encore moi qui vais perdre et me sentir humilié. Vous ne pouvez pas savoir à quel point, ça me contrarie. »
« Si je vous injurie, c’est moi qui vais me sentir humilié. Je n’ai pas l’habitude de m’abaisser à ce point. Il faut comprendre que j’ai une certaine classe. »
« Vous pourriez au moins me dire que je suis un petit con, ça se fait chez les gens normaux. A partir de là, je pourrais commencer à envisager des représailles physiques. En clair de vous casser la figure. »
« Ce qui ne fera pas avancer la résolution de notre problème. Pour vous contenter, je pourrais éventuellement vous traiter de paltoquet ? »
« Comme je ne sais pas ce que ça veut dire, je ne peux pas me sentir insulté, donc je vais avoir des hésitations pour vous flanquer mon poing dans la figure. »
« Bon ! Négocions : à part ‘petit con’, quelle injure me conseillez-vous pour vous vilipender ? »
« Je n’en connais pas beaucoup : ‘connard’, peut-être. »
« Voilà ce que c’est quand on sort de l’école avant le bac : on manque de vocabulaire. Vous devriez prendre des cours de rattrapage de langage grossier pour vous battre noblement avec votre prochain. Si je vous traitais de foutriquet, en attendant ? »
« C’est bien ça, foutriquet ? »
« C’est un peu familier, ça signifie : homme insignifiant. »
« On a beau dire, ça ne vaut pas ‘connard’ qui sonne beaucoup mieux. J’aime bien quand ça claque. »
« Bon, vous m’avez dit connard, mais vous, vous êtes un maroufle. »
« Il faut me traduire pour que je vois si je dois m’énerver. »
« Maroufle, c’est un homme qui manque d’éducation, ça correspond assez bien avec votre faiblesse en vocabulaire. »
« C’est un peu faible. Certes vous me reprochez de m’être barré de l’école sans rien y apprendre, mais je ne me sens pas insulté pour autant. Au contraire, je me suis marré dans la rue tandis que vous vous coltiniez des devoirs de maths et de français. »
« Bon, je regrette, mais nous ne pouvons même pas nous chamailler tranquillement dans ces conditions. »