Archive pour le 26 mai, 2016

L’intérêt de procrastiner

26 mai, 2016

 

« Il ne faut pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même. »

 

« Moi, quand j’ai quelque chose à faire qui me casse les pieds, je le remets facilement au lendemain, voire au surlendemain. »

 

« Mais vous ne devez pas avoir l’esprit tranquille. »

 

« Si, car ce petit délai offre la possibilité de voir cette tâche disparaitre comme par une opération du Saint-Esprit. »

 

« Encore faut-il que le Saint-Esprit se penche sur votre paresse. »

 

« C’est vrai qu’il n’y met pas toujours du sien. Quand j’ai repoussé un pensum au lendemain, il s’arrange souvent pour que ce soit encore plus pénible à réaliser. »

 

« Le mieux, c’est d’accomplir les corvées le plus rapidement possible. »

 

« Non, le mieux serait de ne pas les accomplir du tout ! »

 

« Mais enfin, on a tous des corvées à réaliser ! »

 

« Il faut les faire faire ou alors faire semblant de s’en occuper en bâclant un peu l’affaire.»

 

« Vous n’êtes qu’un vieux cynique. »

 

« Chacun fait ce qu’il peut. Vous vous avez une vision punitive de la vie. Il faut toujours être sanctionné pour avoir le droit de profiter de l’existence. Par exemple, vous passez votre temps à trier vos poubelles, pendant que je vais au spectacle. Vous trouvez ça amusant ? »

 

« Non. Je souffre, mais je suis un bon citoyen. »

 

« Il faut trouver le moyen d’être un bon citoyen sans souffrir. »

 

« Ce n’est guère possible. Pour être un bon citoyen, il faut consacrer un peu de son temps à travailler dans l’intérêt collectif, qui ne correspond pas forcément à votre intérêt particulier. D’où un prix à payer. Ceci dit, vous pouvez compenser ce coût par le sentiment d’immense satisfaction que vous tirez du fait de vous être un peu préoccupé du bien-être de la collectivité dans laquelle vous vivez. »

 

« Figurez-vous que j’ai accompli une corvée aujourd’hui même. J’ai passé l’aspirateur chez moi, alors que j’aurais pu dire à ma femme que ça aurait pu attendre demain ! Vous savez ce qu’elle m’a dit ? »

 

« Non. »

 

« Que c’est entièrement normal que l’homme partage les tâches ménagères. »

 

« Ce qui est vrai… »

 

« Peut-être, mais elle aurait pu m’encourager au lieu de trouver ça normal et puis même si c’est l’homme qui passe l’aspirateur, il devrait avoir le droit de programmer ce travaille dans le temps en fonction de son planning. Les femmes n’ont pas conscience de notre besoin de planifier nos activités. »