Archive pour le 24 mai, 2016

Marketing

24 mai, 2016

  « La société de consommation crée sans cesse de nouveaux besoins pour se survivre à elle-même. »

« Comment fait-elle pour créer de nouveaux besoins ? »

« Il y a plusieurs manières de faire. La plus facile, c’est d’exploiter les faiblesses humaines. Ainsi, elle a fabriqué la salade en sachet, prête à servir, en pensant à tous ceux qui ont la flemme de laver leur salade. Ou encore les aspirateurs autonomes pour ceux qui n’ont pas le courage de tirer leur aspirateur traineau dans leur appartement. »

« Bon d’accord et après ? »

« Elle exploite aussi l’un des sentiments le plus vil de la nature humaine : la jalousie. Elle appelle ça le comportement d’imitation : si votre voisin achète une nouvelle voiture rutilante, vous allez sûrement avoir envie d’en faire autant. Je vous fais remarquer que l’envie est l’un des sept péchés capitaux. »

« Je peux aussi décider de garder mon ancienne guimbarde pour exprimer mon attachement aux valeurs d’économie et de sauvegarde de l’environnement. »

« Mais vous êtes piégé quand même, car la société va exploiter par exemple votre intérêt pour l’environnement en vous vendant très cher des produits biodégradables et en plus, vous serez ravi de participer à la lutte pour la propreté de la Terre. »

« Si je comprends bien, je me fais avoir dans tous les cas de figure. Autant passer mes journées au lit à ne rien faire. »

« Même pas, car la société, qui ne pense qu’à votre bien, va vous parler de la qualité de votre matelas en vous démontrant que l’industrie de la literie, soucieuse de la santé de votre colonne vertébrale, a inventé un nouveau produit qui vous permettra de passer votre journée à ne rien faire en toute quiétude. »

« Bon, alors je fais comment ? »

« Comme les autres, vous vous conduisez bêtement. Achetez ce qu’on vous dit d’acheter. Au final, vous avez le choix entre être prisonnier de votre faiblesse (si vous achetez) ou être frustré par votre intransigeance (si vous refusez de succomber à la tentation). »

« N’y a-t’il pas d’autres perspectives, maître ? »

« Vous pouvez toujours vous retirez du monde. Chez les moines. »

« Je ne suis pas du matin. J’ai peur de devoir me lever avant le soleil pour assister aux matines. »

« Et voilà ! Vous ne voulez tout de même pas que la société de consommation vous mette les matines à l’heure des vêpres. Un peu de respect pour la religion ! »

« Bon, mais après tout, de quel droit doit-on s’opposer au progrès ?

« Le progrès soulage les peines – y compris celle de laver la salade à la main – et permet de de vivre plus longtemps en bonne santé. Mais…question à nos téléspectateurs : le progrès est-il un progrès ? »