Archive pour le 22 mai, 2016

La faute du gouvernement

22 mai, 2016

« Je proteste. »

« Contre quoi ? »

« Je ne sais pas encore, mais je proteste. Vous en avez vu beaucoup des gens satisfaits de leur sort ? Qu’est-ce que je vais dire en société, si je n’ai pas de motif de mécontentement, vous y avez pensé ?

« Vous pourriez dire que vous avez tout ce qu’il vous faut et que vous n’attendez rien d’autre ! »

« Je vais avoir l’air de quoi ? Je serai tout de suite catalogué pro-gouvernement. Plus personne ne voudra me parler. »

« Ce sera original. On viendra vous voir pour savoir comment on peut être content de nos hommes politiques. »

« Je ne veux pas les défendre, c’est trop compliqué, d’autant plus qu’ils ne font rien pour me faciliter la tâche. »

« Oui, mais si personne ne les soutient, ils vont être remplacés par d’autres contre lesquels vous voudrez encore protester. On en sort plus. »

« Et alors ! Le métier de politicien, c’est d’être vilipendé par la colère populaire. »

« Vous devriez exercer votre protestation contre d’autres personnes : vos chefs de service, votre voisin, votre femme… »

« C’est bien trop dangereux ! J’aime mieux m’élever contre la politique scandaleuse, je dis bien scandaleuse du gouvernement. Ça permet d’affirmer mon courroux sans risque. »

« Je vois ce que c’est. En fait, vous avez besoin de coupables, même quand vous n’êtes pas agressé. »

« Surtout quand je ne suis pas agressé. Quand tout va bien, je suis angoissé par l’idée que ça pourrait cesser et que tout pourrait aller mal. Donc, il faut que je déverse mon anxiété sur quelqu’un : merci le gouvernement ! »

« Et quand tout va mal ? »

« Je l’avais prévu. Le gouvernement ne fait rien pour moi. Ce n’est même pas la peine d’en attendre quelque chose. »

« Si je comprends bien, le gouvernement sert à vous énerver tranquillement sans risque pour votre voisinage. »

« Euh… oui, mais c’est encore mieux quand je peux discuter avec quelqu’un qui soutient le gouvernement.  Là, je peux me défouler à fond. Si tout le monde est d’accord pour critiquer les politiciens, mon courroux fait long feu. Ce n’est pas marrant. »

« Encore faut-il trouver un coupable favorable à la politique gouvernementale. »

« Dans mon quartier, c’est chacun à son tour. Demain, c’est le mien. Vous n’auriez pas des arguments ? »