Archive pour mai, 2016

Les amis

31 mai, 2016

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Un formulaire. »

« Pour pouvoir devenir ami avec vous, il faut remplir un formulaire ? »

« Oui, je n’ai pas envie de laisser entrer n’importe qui dans mon territoire amical. »

« Vous voulez savoir si je suis de gauche ou de droite ? »

« C’est indispensable, pour savoir si je peux vous payer un verre ou un repas. Je ne vais pas investir pour qu’on s’écharpe. »

« Et là, vous voulez savoir où je compte passer mes prochaines vacances ? A quoi ça vous sert ? »

« J’ai aucune envie que vous me preniez la tête avec vos vacances exotiques chez l’habitant au fin fond de la Thaïlande. Ce que j’ai à raconter de mes congés doit être prioritaire. »

« Et le nombre de mes visites chez le médecin, en quoi ça vous regarde ? »

« Je veux savoir si vous êtes bien entretenu. Je ne veux pas me payer la liste de vos maladies à n’en plus finir. »

« Et mes enfants ? Qu’est-ce que ça peut vous faire ? »

« C’est-à-dire que, certains mercredis, ça m’arrangerait de vous amener les miens pour qu’ils jouent avec les vôtres, comme ça j’aurais la paix pour une journée. »

« C’est tout ? Je vous signale que je n’ai pas de maisons de campagne pour vous inviter pendant les week-ends ou les vacances. »

« Ce n’est pas grave, je vais les passer dans le chalet des Dumollard. J’ai l’impression que vous sous-entendez que je profite de mes amis ? »

« Euh… c’est tout de même la première fois qu’on me demande de remplir un formulaire. »

« C’est une garantie. Les gens changent. Ils peuvent connaître des revers de fortune, devenir acariâtres. C’est très embêtant. »

« Vous ne voulez pas ma photo, par hasard ? »

« Si justement, il m’en faut même plusieurs. Je tiens à avoir un regard confiant en face de moi, avec une petite lueur amusée dans le fond de l’œil gauche. »

« Dans l’oeil droit, ça peut aussi faire l’affaire ? »

« Oui, et en plus, vous devez savoir m’écouter. C’est une grande qualité que de savoir écouter son ami, sans porter de jugement évidemment. Je supporte très mal les remarques désobligeantes, même sous forme de plaisanteries. »

« Bon, je crois que je ne vais pas remplir votre formulaire. »

« Alors nous ne sommes pas amis. Par contre, j’ai là un autre formulaire qui permet de savoir si nous pouvons être ennemis, ça vous intéresse ? »

L’histoire de Jean

31 mai, 2016

A Abidjan

Jean

Gagne de l’argent

Grâce à son entregent

Auprès des gens.

C’est un agent

Intelligent

Et diligent.

Arrêtons cette histoire : c’est urgent !

Gla-Gla !

27 mai, 2016

Germain ne fait pas de frais.

Il n’est pas complètement givré.

Le matin, il est un peu dans le brouillard.

Il mange de la gelée de fraises.

Puis, il se regarde dans la glace

Et passe du gel coiffant dans ses cheveux.

Il fait la bise à Marthe,

Car ils ne sont pas en froid.

Puis il va vendre de la neige.

L’intérêt de procrastiner

26 mai, 2016

 

« Il ne faut pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même. »

 

« Moi, quand j’ai quelque chose à faire qui me casse les pieds, je le remets facilement au lendemain, voire au surlendemain. »

 

« Mais vous ne devez pas avoir l’esprit tranquille. »

 

« Si, car ce petit délai offre la possibilité de voir cette tâche disparaitre comme par une opération du Saint-Esprit. »

 

« Encore faut-il que le Saint-Esprit se penche sur votre paresse. »

 

« C’est vrai qu’il n’y met pas toujours du sien. Quand j’ai repoussé un pensum au lendemain, il s’arrange souvent pour que ce soit encore plus pénible à réaliser. »

 

« Le mieux, c’est d’accomplir les corvées le plus rapidement possible. »

 

« Non, le mieux serait de ne pas les accomplir du tout ! »

 

« Mais enfin, on a tous des corvées à réaliser ! »

 

« Il faut les faire faire ou alors faire semblant de s’en occuper en bâclant un peu l’affaire.»

 

« Vous n’êtes qu’un vieux cynique. »

 

« Chacun fait ce qu’il peut. Vous vous avez une vision punitive de la vie. Il faut toujours être sanctionné pour avoir le droit de profiter de l’existence. Par exemple, vous passez votre temps à trier vos poubelles, pendant que je vais au spectacle. Vous trouvez ça amusant ? »

 

« Non. Je souffre, mais je suis un bon citoyen. »

 

« Il faut trouver le moyen d’être un bon citoyen sans souffrir. »

 

« Ce n’est guère possible. Pour être un bon citoyen, il faut consacrer un peu de son temps à travailler dans l’intérêt collectif, qui ne correspond pas forcément à votre intérêt particulier. D’où un prix à payer. Ceci dit, vous pouvez compenser ce coût par le sentiment d’immense satisfaction que vous tirez du fait de vous être un peu préoccupé du bien-être de la collectivité dans laquelle vous vivez. »

 

« Figurez-vous que j’ai accompli une corvée aujourd’hui même. J’ai passé l’aspirateur chez moi, alors que j’aurais pu dire à ma femme que ça aurait pu attendre demain ! Vous savez ce qu’elle m’a dit ? »

 

« Non. »

 

« Que c’est entièrement normal que l’homme partage les tâches ménagères. »

 

« Ce qui est vrai… »

 

« Peut-être, mais elle aurait pu m’encourager au lieu de trouver ça normal et puis même si c’est l’homme qui passe l’aspirateur, il devrait avoir le droit de programmer ce travaille dans le temps en fonction de son planning. Les femmes n’ont pas conscience de notre besoin de planifier nos activités. »

 

Nos mauvais poèmes

25 mai, 2016

Louise élève des autruches

Elle a aussi des ruches

Et vend des peluches.

Ce n’est pas une cruche.

Ni une nunuche.

Mais elle a attrapé la coqueluche.

Voilà une sale embûche.

Elle aurait dû mettre sa capuche.

Marketing

24 mai, 2016

  « La société de consommation crée sans cesse de nouveaux besoins pour se survivre à elle-même. »

« Comment fait-elle pour créer de nouveaux besoins ? »

« Il y a plusieurs manières de faire. La plus facile, c’est d’exploiter les faiblesses humaines. Ainsi, elle a fabriqué la salade en sachet, prête à servir, en pensant à tous ceux qui ont la flemme de laver leur salade. Ou encore les aspirateurs autonomes pour ceux qui n’ont pas le courage de tirer leur aspirateur traineau dans leur appartement. »

« Bon d’accord et après ? »

« Elle exploite aussi l’un des sentiments le plus vil de la nature humaine : la jalousie. Elle appelle ça le comportement d’imitation : si votre voisin achète une nouvelle voiture rutilante, vous allez sûrement avoir envie d’en faire autant. Je vous fais remarquer que l’envie est l’un des sept péchés capitaux. »

« Je peux aussi décider de garder mon ancienne guimbarde pour exprimer mon attachement aux valeurs d’économie et de sauvegarde de l’environnement. »

« Mais vous êtes piégé quand même, car la société va exploiter par exemple votre intérêt pour l’environnement en vous vendant très cher des produits biodégradables et en plus, vous serez ravi de participer à la lutte pour la propreté de la Terre. »

« Si je comprends bien, je me fais avoir dans tous les cas de figure. Autant passer mes journées au lit à ne rien faire. »

« Même pas, car la société, qui ne pense qu’à votre bien, va vous parler de la qualité de votre matelas en vous démontrant que l’industrie de la literie, soucieuse de la santé de votre colonne vertébrale, a inventé un nouveau produit qui vous permettra de passer votre journée à ne rien faire en toute quiétude. »

« Bon, alors je fais comment ? »

« Comme les autres, vous vous conduisez bêtement. Achetez ce qu’on vous dit d’acheter. Au final, vous avez le choix entre être prisonnier de votre faiblesse (si vous achetez) ou être frustré par votre intransigeance (si vous refusez de succomber à la tentation). »

« N’y a-t’il pas d’autres perspectives, maître ? »

« Vous pouvez toujours vous retirez du monde. Chez les moines. »

« Je ne suis pas du matin. J’ai peur de devoir me lever avant le soleil pour assister aux matines. »

« Et voilà ! Vous ne voulez tout de même pas que la société de consommation vous mette les matines à l’heure des vêpres. Un peu de respect pour la religion ! »

« Bon, mais après tout, de quel droit doit-on s’opposer au progrès ?

« Le progrès soulage les peines – y compris celle de laver la salade à la main – et permet de de vivre plus longtemps en bonne santé. Mais…question à nos téléspectateurs : le progrès est-il un progrès ? »

Grands écrivains

23 mai, 2016

Un bon steak chateaubriand,

Suivi d’un morceau de gorgonzola.

Assise au milieu d’un champ de bruyère,

Près de la fontaine,

La Martine pique-nique.

Elle ne craint pas les marauds,

Mais elle ne prendra pas racine

Car elle baille aux corneilles.

La faute du gouvernement

22 mai, 2016

« Je proteste. »

« Contre quoi ? »

« Je ne sais pas encore, mais je proteste. Vous en avez vu beaucoup des gens satisfaits de leur sort ? Qu’est-ce que je vais dire en société, si je n’ai pas de motif de mécontentement, vous y avez pensé ?

« Vous pourriez dire que vous avez tout ce qu’il vous faut et que vous n’attendez rien d’autre ! »

« Je vais avoir l’air de quoi ? Je serai tout de suite catalogué pro-gouvernement. Plus personne ne voudra me parler. »

« Ce sera original. On viendra vous voir pour savoir comment on peut être content de nos hommes politiques. »

« Je ne veux pas les défendre, c’est trop compliqué, d’autant plus qu’ils ne font rien pour me faciliter la tâche. »

« Oui, mais si personne ne les soutient, ils vont être remplacés par d’autres contre lesquels vous voudrez encore protester. On en sort plus. »

« Et alors ! Le métier de politicien, c’est d’être vilipendé par la colère populaire. »

« Vous devriez exercer votre protestation contre d’autres personnes : vos chefs de service, votre voisin, votre femme… »

« C’est bien trop dangereux ! J’aime mieux m’élever contre la politique scandaleuse, je dis bien scandaleuse du gouvernement. Ça permet d’affirmer mon courroux sans risque. »

« Je vois ce que c’est. En fait, vous avez besoin de coupables, même quand vous n’êtes pas agressé. »

« Surtout quand je ne suis pas agressé. Quand tout va bien, je suis angoissé par l’idée que ça pourrait cesser et que tout pourrait aller mal. Donc, il faut que je déverse mon anxiété sur quelqu’un : merci le gouvernement ! »

« Et quand tout va mal ? »

« Je l’avais prévu. Le gouvernement ne fait rien pour moi. Ce n’est même pas la peine d’en attendre quelque chose. »

« Si je comprends bien, le gouvernement sert à vous énerver tranquillement sans risque pour votre voisinage. »

« Euh… oui, mais c’est encore mieux quand je peux discuter avec quelqu’un qui soutient le gouvernement.  Là, je peux me défouler à fond. Si tout le monde est d’accord pour critiquer les politiciens, mon courroux fait long feu. Ce n’est pas marrant. »

« Encore faut-il trouver un coupable favorable à la politique gouvernementale. »

« Dans mon quartier, c’est chacun à son tour. Demain, c’est le mien. Vous n’auriez pas des arguments ? »

Nos mauvais poèmes

21 mai, 2016

Jean a du style.

C’est un homme subtil.

Il n’est pas futile.

Plait-il ?

Oui, il plait. Personne ne lui est hostile.

Il élève des volatiles.

C’est un métier utile.

Ainsi soit-il.

Double P

20 mai, 2016

Le pape

Et le pope

Jouent du pipeau

Avec papa

Qui a une vie pépère

Tandis que pépé prépare

De la poudre de perlimpinpin

Dans un papier

En agitant son popotin.

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