Archive pour avril, 2016

Et dix de der !

10 avril, 2016

Pas de dispute !

Discutons.

Discrètement.

Si tu es disponible,

Si tu n’as pas disparu.

Assez de discours.

Soyons disciplinés.

Ne nous dispersons pas !

 

Un interview télévisé

8 avril, 2016

« Si vous pouviez éviter de parler en même temps que moi, ça m’arrangerait. Je ne comprends même plus ce que je dis. »

« C’est normal, je ne vous ai pas invité pour que vous puissiez placer un discours construit, ça ne m’intéresse absolument pas. »

« Ah bon, alors qu’est -ce que je fais là ? »

« Vous me servez à émettre mes propres opinions. Je fais semblant de vous poser des questions qui – en fait- contiennent ma propre réponse. Et si vous vous avez une réponse, je parle sur vous pour vous désarçonner. »

« C’est très pervers. »

« Oui, au final, vous n’avez rien dit d’intéressant et c’est moi qui aie pu m’exprimer. C’est ça la technique d’interview, et moi je suis un grand intervieweur ! »

« Je pourrais aussi m’en aller pour vous laisser parler tout seul. »

« Non, parce que vous signeriez votre défaite. Une interview, c’est un combat, et je serai encore le grand gagnant ! »

« Vous avez remarqué que lorsque vous parlez sur moi, les téléspectateurs ne comprennent plus rien. »

« C’est encore mieux. Ils n’ont pas à comprendre. Il y a une empoignade verbale, ils sont contents comme ça. »

« Vous avez une piètre opinion du citoyen. »

« Qu’est-ce que vous voulez ? Moi, je suis un être dynamique. Les gens m’aiment comme ça. Vous ne croyez tout de même pas que je vais mettre mes invités en valeur. »

« Finalement, vous faites une émission dont on ne retiendra rien d’autres qu’une bagarre entre les acteurs. »

« C’est ça que les gens veulent. Assez de baratin ! Des actes ! Il faut que ça bouge ! »

« Il ne faut pas s’étonner si les téléspectateurs préfèrent la télé-réalité, c’est du même niveau ! »

« J’en étais sûr, un intellectuel ! »

« C’est ennuyeux ? »

« Très, les gens veulent du concret. Ils n’ont plus le temps de réfléchir. Et moi, je ne tiens pas à ce que tout le monde s’endorme devant mon émission. Je défends mon job, vous comprenez ? »

« Bon, alors on fait comment ? »

« Je pense que je vais passer la parole à quelqu’un d’autre. A quelqu’un qui n’a rien à dire, ce sera plus simple. »

Aïe ! Aïe ! Aïe !

7 avril, 2016

Ma caille

Je te prends par la taille.

Sur la paille

Je te raille.

Mais tu bailles !

Ça sent l’ail !

C’est ta faille.

Je ne pense pas que ça m’aille.

Salon de coiffure

6 avril, 2016

Les femmes iroquoises

Mènent des luttes permanentes

En se crêpant le chignon.

Elle se dispute Taureau Furieux, leur chouchou,

Leur favori.

Il pêche la raie

Et le merlan.

Il leur distribue des papillotes

Et leur tresse des compliments.

Nos vacances

5 avril, 2016

« Quand je reviens de mes congés, personne ne me demande si j’ai passé de bonnes vacances ? Tout le monde s’en fout. »

« Remarquez, c’est une question idiote. On connait la réponse. Personne ne se vante d’avoir connu de vacances très mauvaises, ça ne se fait pas. »

« Peut-être, mais les gens pourraient s’intéresser à ce que je fais. On dirait qu’ils ne se sont même pas aperçus que j’étais en congés ! »

« J’ai la même impression. Pourtant, je me donne un mal fou pour bronzer au soleil. Personne ne me dit que j’ai bonne mine ou que j’ai l’air reposé. »

« Après avoir passé une journée sur l’autoroute surchauffée à l’aller, et autant pour revenir, c’est rare qu’on soit très reposé. »

« C’est en effet le principal problème. Les vacances, il faut y aller. Prendre ses vacances chez soi est très mal vu. Et puis, il faut se débrouiller pour prendre des destinations originales. »

« C’est vrai, moi quand je dis à Dugenou, mon voisin de bureau que j’ai passé le mois d’août sur la plage de Grau-du-Roi, je vois comme une lueur de mépris se glisser dans son regard. Lui, s’organise des vacances exotiques, au minimum, l’Inde ou les Maldives. »

« C’est comme ça, il y a un snobisme des voyages. Il faut aller dans des endroits que personne ne connait. Moi, j’ai essayé le Turkménistan. »

« En effet, je ne connais pas, ça existe ? »

« Oui, je suis revenu très fatigué, mais j’ai tenu la vedette trois semaines à la cafeteria. Il suffisait de ne pas parler des trois jours où j’ai couché par terre dans l’aéroport à cause de la grève des pilotes. Ni des tours de reins que j’ai attrapé à cause de la literie d’un hôtel au service très exotique. »

« Pff… ça doit coûter du pognon… »

« Ne m’en parlez pas, je suis encore en train de payer mes vacances de l’an dernier sur l’ile de Sakhaline. Au retour, j’ai quasiment été porté en triomphe à la cantine. Je n’ai pas raconté qu’on y mange très mal, essentiellement des patates. J’ai été très malade, mais j’ai quand même battu Mollard à l’applaudimètre qui s’était contenté du Tyrol Autrichien. »

« Ce n’est pas le tout de partir en vacances, il faut aussi réussir à parler de ses activités sportives et culturelles. Moi, ça ne dépasse pas le niveau du tour en pédalo. Pour le parachute ascensionnel, j’ai la trouille. Sur le plan des vestiges historiques, j’ai bien essayé de parler de l’église du Grau-du-Roi, mais ça n’a pas intéressé. »

« Oui, il ne faut pas se tromper. Moi, je n’ai pu parler que des gisements de pétrole sur l’ile de Sakhaline, il n’y avait pas grand-chose d’autre. »

« Au final, les vacances sont une occasion de manifester son niveau intellectuel et financier et de le comparer à celui de son voisin. »

« C’est pour ça qu’il ne faut pas les supprimer, sinon sur quel critère allons-nous nous comparer ? »

De l’eau coule sous les ponts

4 avril, 2016

Le roi trône dans le Rhône.

Il envoie son héros dans l’Hérault.

Puis, il se couvre de gloire dans la Loire

Tandis que la misère se répand en Isère.

Son fils qui vit de rente dans la Charente,

Monte sur scène dans la Seine,

Puis poursuit son frère de haine dans l’Aisne.

Enfin il Somme

Sa sœur Aude

De poser son Arc.

Pendant ce temps, les vilains se baignent dans la Vilaine

Et la baronne barbote dans la Garonne.

Nos conflits

3 avril, 2016

« Chérie, on peut parler tranquillement de l’égalité entre les hommes et les femmes ?»

« Non ! En parler tranquillement, c’est déjà accréditer l’idée du statu quo, c’est-à-dire de la domination masculine. »

« Mais moi, je suis pour l’égalité des droits, des salaires et tout ça. . Ce n’est pas tout, je considère que le père doit s’occuper des enfants, du ménage …. Partager les tâches ménagères quoi ! »

« Tu vois ! Tu m’énerves tout de suite ! Si on est d’accord sur tout, je ne vais pas pouvoir exprimer ma révolte ! »

« Ah bon, désolé ! C’est ennuyeux parce que je trouve beaucoup de qualité aux femmes : courage, intuition, intelligence… »

« Tu aggraves ton cas. Je vais être obligé de trouver des qualités aux hommes.  Voyons… voyons…. J’ai du mal. »

« Bon, on pourrait prendre le problème autrement. On n’est pas obligé de se battre pour la première place, on peut aussi coopérer. »

« Il va falloir trouver une autre manière de s’empoigner. »

« On pourrait opposer ceux qui sont pour une approche intelligente du problème de l’égalité des sexes et ceux qui tiennent absolument à se battre. »

« En général, les gens intelligents et sereins sont exaspérants. Le conflit va être encore plus sanglant. »

« Bon d’accord, moi je suis un homme, je veux bien être du côté des femmes, mais enfin je ne peux pas être trop violent contre moi-même. »

« Les hommes qui sont avec nous sont un petit peu des traîtres. Nous ne les considérons pas beaucoup. Si on ne peut pas se déchaîner contre eux, ils ne sont pas très intéressants. On va les mettre en arrière garde, avec mission de ne rien faire. »

« Du coup, je vais m’ennuyer. »

« Je ne te le fais pas dire. Il faut se trouver des combats. Il y a bien les supporters du PSG contre ceux de l’OM. C’est complètement nul, mais enfin c’est mieux que rien. »

« Dans le temps, c’était plus simple de se trouver des adversaires, ça s’appelait la guerre. »

« C’est pareil maintenant, sauf que ça ne s’appelle plus la guerre, ça permet de faire durer le conflit plus longtemps. »

« Et si j’ouvrais un conflit contre les conflits ? »

« C’est pire. Si tu fais ça, moi je déclare la guerre aux pacifistes. Secoue-toi un peu. Tu pourrais au moins arrêter de bien t’entendre avec ta belle-mère. »

« Moi, je l’aime bien ta mère. Ça t’énerve que je m’entende avec elle, et ça t’énervera que je sois en conflit avec elle. »

« Tu vois ! Tu mets en évidence mes contradictions, donc toi aussi tu cherches la bagarre ! »

Salade de fruits

2 avril, 2016

A Cassis

Clémentine

A la banane

Elle ne reste plus dans son coin.

Elle est mûre.

Elle a pris date.

Elle épouse l’avocat

Au chapeau melon.

Il a la pêche

Et ne se fiche pas de sa poire.

Nos mauvais poèmes

1 avril, 2016

Sophie ne veut plus de son chauffard

Soiffard

Ni de son gyrophare.

En haut de son phare,

Elle a le cafard

En regardant son nénuphar.

Soudain, la fanfare

L’effare.

Elle pique un fard

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