Archive pour décembre, 2015

Le nouveau programme politique

31 décembre, 2015

« Qu’est-ce que je pourrais bien leur promettre pour qu’ils m’élisent ? Une hausse des salaires ? »

« Ce n’est pas crédible. Tout le monde sait que les affaires vont mal et qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses. Et puis, une hausse des salaires, ça n’intéressera pas vraiment les chômeurs. »

« Ou alors une baisse des prix ? »

« Non plus. Vous allez les priver d’un motif de pleurnicherie. Les prix grimpent, c’est un fait admis comme Noël est au 25 décembre. Il ne faut pas aller contre des contre-vérités qui sont devenus des légendes. »

« Et la baisse du chômage ? »

« Trop dangereux. Avec la parution mensuelle des statistiques, vous allez être critiqué tous les mois ! »

« De l’amour pour tout le monde ? »

« C’est déjà mieux. Il n’y a pas de chiffres mensuels sur le problème. Le problème, c’est que ça ne dure pas. Au bout de deux ou trois ans, les gens vont être déçus et ce sera encore de votre faute. »

« Je ne peux tout de même pas leur refaire le coup de la poule au pot. Henri IV a déjà épuisé le sujet. »

« Ouais…. Finalement est-ce bien utile de promettre quelque chose ? Vous pourriez vous contenter de dire que vous les comprenez et que vous allez faire ce que vous pouvez. La perfection n’est pas de ce monde, mais vous les assurez de votre bonne volonté. »

« Un programme électoral honnête ? Vous n’y pensez pas. Mes adversaires politiques vont en profite pour se marrer. »

« On ne sait jamais. L’honnêteté est une valeur morale qui peut vous porter jusqu’au triomphe. Certes, ça va surprendre un peu… »

«C’est vrai que je serai le premier à être élu avec un programme complètement vide.  Je suis tenté. Je pourrais ajouter que je ne promets rien, comme ça je tiendrai tout. »

« Et puis, ça vous permettra de critiquer tranquillement les propositions des autres. Même si elles sont excellentes, vous pourrez affirmer benoîtement que personne ne tiendra ses promesses comme d’habitude. Tandis qu’avec vous, ça ne risque rien. »

« Ils vont me demander comment j’entends mettre en œuvre mon programme vide ? Avec quel parti politique ? »

« Dites que vous êtes pour l’union des forces démocratiques. En général, ça suffit. S’ils insistent, ajoutez que vous êtes un homme de rassemblement. »

« Je vais essayer, mais je ne vous promets rien. »

Répétition

30 décembre, 2015

Le facteur livre son colis avec mélancolie.

Il le remet à l’esclave qui se lave

Tandis que le concierge dans sa loge, fait l’éloge

Et rend hommage au mage,

Lequel déguste une compote avec ses potes

Ainsi qu’un biscuit bien cuit.

Quelqu’un s’est entaillé le doigt, c’est l’enseignant saignant

Qui est un homme bohême qui aime

L’ananas et Anna.

Se faire plaisir

29 décembre, 2015

« Vous imaginez une vie qui ne serait faite que de plaisirs ? »

« Bin… non ! Si vous n’avez que du plaisir, vous ne savez plus ce que c’est que le plaisir. Il faut souffrir pour connaitre le plaisir. »

« Ah bon ? C’est vrai, il faut boire du mauvais vin tous les jours pour apprécier le bon de temps en temps. »

« Ou alors écouter de la mauvaise musique pour apprécier la bonne »

« Mais moi, je voudrais le plaisir rien que le plaisir, tout de suite. »

« Il  vous faut trouver des gens qui aient envie de vous faire plaisir, vous n’y parviendrez pas tout seul, mais ils voudront soit le partager soit que vous leur fassiez un plaisir aussi. »

« C’est ennuyeux. Si je comprends bien, c’est encore un effet du libéralisme. Il faut forcément qu’il y ait de l’échange. »

« Oui, c’est mieux d’autant plus que vous pouvez tirer un plaisir de faire plaisir. »

« Peut-être, mais rechercher ce qui fera plaisir aux autres va me provoquer un stress inutile. »

« C’est comme ça, vous ne pouvez pas vivre une vie de plaisir tout seul. »

« Bon d’accord. Alors au lieu de se définir par leur profession, je suis partisan que les gens se définissent par ce qui leur ferait plaisir. Par exemple, ça donnerait : Maurice Dugenou, les éclairs au chocolat et le chant grégorien. On saurait tout de suite à quoi s’en tenir. »

« Et le plaisir de la recherche, qu’est-ce que vous en faites ? Prendre du temps pour savoir ce qui me fait plaisir, c’est une grande marque d’intérêt pour moi, ça me fait encore plus plaisir. »

« Mais si je ne trouve pas au bout du compte ce qui vous fait plaisir ? »

« C’est l’indice que vous n’avez rien compris à ma riche personnalité. Et donc, je suis dans un profond déplaisir. »

« Donc, c’est risqué. Il vaudrait mieux que ce soit vous qui me fassiez plaisir. Moi, je suis prêt à vous dire tout de suite ce dont j’ai envie. Je peux vous épargner de vaines recherches qui vous tortureront l’esprit. Ne me remerciez pas. »

« Ce n’est pas comme ça que nous allons faire connaissance. J’aimerais mieux deviner. Et me tromper éventuellement. Ce ne sera pas grave, je me serais intéressé à vous. Je ferai mieux la prochaine fois. »

« Donc, selon vous une vie consacré uniquement aux plaisirs serait impossible ? »

« Oui, je le pense. D’autant plus que ça vous priverait du plaisir de râler parce que vous n’atteignez aucun de vos objectifs. En plus, vous susciterez l’envie des autres. Je vous rappelle que l’envie est l’un des sept péchés capitaux. Vous vous rendez compte de la responsabilité que vous prenez ? »

« Vous avez raison ! Je vais vite me chercher des emmerdes. »

Des femmes actives

28 décembre, 2015

La Comtesse

Et la Duchesse

Sortent de leur séance de fitness.

Elles ont du se remuer les fesses

Sans détresse

Pour entretenir leur jeunesse

Malgré leur vieillesse.

Elles doivent dominer leur stress

Pour tenir leur rôle de maîtresses.

C’est ça, leur business.

Un spécialiste pointu

27 décembre, 2015

« J’ai un poste très important dans l’entreprise. J’assume une lourde responsabilité : je suis chargé de l’inefficacité. »

« Vous voulez dire de l’efficacité ? »

« Non, non ! Tout le monde se trompe, il s’agit bien de l’inefficacité. En quoi cela consiste-t-il ? Eh bien, je vais vous le dire. Pour que chaque employé soit efficace, il faut qu’il ait sous les yeux ce qu’il serait s’il tombait dans l’inefficacité. Par contrecoup, il devient automatiquement particulièrement performant. »

« Concrètement, vous faites quoi ? »

« Rien. C’est le meilleur moyen de ne pas avoir de rendement. En plus, je prends des airs surbookés, pour implanter l’idée que je remue beaucoup de vent sans objet. Je m’arrange pour qu’on sache que je n’en fous pas une rame, tout en me donnant l’air important. »

« Ce n’est pas un peu fatigant de ne rien faire ? »

« Si ! C’est pourquoi je suis souvent absent pour me reposer. Je m’arrange pour donner des motifs que chacun saura parfaitement futiles à mes absences. Il faut que les salariés se rendent compte du niveau de leur médiocrité lorsqu’ils posent des congés maladie-bidon. Je leur rends service. Comprenez-vous ? »

« Et vous êtes fier de votre boulot ? »

« Très. C’est compliqué d’avoir l’air complètement nul. Parfois, pour accentuer le désastre, j’essaie de faire quelque chose de constructif et je fais exprès de me tromper, ce qui permet à mon voisin de bureau, Dumollard, de se valoriser en récupérant mes erreurs et de dire qu’il vaudrait mieux que je continue à ne rien faire plutôt que de faire des conneries. »

« Vous pensez que ça va durer ? »

« Il n’y a pas de raison. Mon job marche très bien. Les salariés s’apitoient sur mon sort. Ils n’ont aucune envie de me ressembler. »

« Quand même, vous pourriez vous faire licencier pour que le salariés comprennent bien ce qui arrive à des employés incompétents. »

« Non, ce n’est pas possible. Ils se retrouveraient entre personnes efficaces. Comment voulez-vous vous sentir efficace dans votre boulot si tout le monde l’est ? »

« C’est une opinion bizarre. »

« Le seul danger qui me guette serait que la direction embauche quelqu’un d’encore plus nul que moi, auquel cas je deviendrais quelqu’un d’efficace. Je perdrais la raison d’être de mon job. »

« En même temps, trouver quelqu’un de plus nul que vous, c’est compliqué. »

« Vous avez raison. Il faudrait imaginer des formations spécifiques. Il y a des débouchés. On a besoin partout de faire –valoir. »

La dèche légumière

26 décembre, 2015

Je n’ai rien dans la citrouille !

Je suis dans les choux.

Les carottes sont cuites.

C’est la fin des haricots.

Je n’ai plus d’oseille.

Plus un radis

Pour payer mon avocat

Et mes lentilles.

Revoilà la marquise !

25 décembre, 2015

La marquise

Exquise

Par la loi avait été requise

De rendre la banquise

Qu’elle avait acquise

Et conquise

Sans la compétence requise.

Mais depuis, elle l’a reconquise.

Se faire un nom

24 décembre, 2015

« Je m’appelle Paul Durand, ça vous fait penser à quoi ? »

« A rien de spécial, pourquoi ? »

« Eh voilà ! C’est mon drame, j’ai un nom qui ne fait penser à rien. Si je m’étais appelé Zidane, vous auriez tout de suite pensé ‘foot’, à cause du Z qui a le dessin d’un dribble d’un grand joueur. »

« De même, des noms brefs laissent augurer d’une grande carrière politique. Ce sont les plus faciles à huer dans des manifestations. Essayez donc de scander en rythme : ‘A bas Moulinot-Duboudin ! »

« Effectivement, c’est gênant. Mais du coup si un ministre se nommait Moulinot-Duboudin, il serait tranquille. »

« J’aurais aimé être artiste, mais il m’aurait fallu un nom harmonieux, quelque chose qui fasse rêver. Tout le monde n’a pas la chance de s’appeler Dujardin. Je suis sûr que j’ai loupé une grande carrière cinématographique à cause de mon patronyme. »

« Eh bien justement, faites comme les artistes, choisissez un pseudo. Voyons… je vous verrais bien vous nommer Aristide Kanabé. »

« Vous m’avez bien regardé ? Est-ce que j’ai la tête d’un coureur à pied Kényan ? Non, il me faut quelque chose qui sonne bien et qui m’ouvre toutes sortes de perspectives. Par exemple, Johny Halliday. Certes, il ne pouvait faire que chanteur de rock, mais avec son nom, il peut s’imposer partout ailleurs. »

« Je vois ce qu’il vous faut. Un truc original, mais pas trop exotique. J’y suis : Lenny Boucamol ! Vous auriez un prénom artistique et un nom de citoyen. Chaque français aurait l’impression de reconnaitre en vous son propre voisin. »

« Non, ça ne va pas du tout. Les noms qui finissent par ‘ol’ ressemblent à des noms de produits pharmaceutiques. Je n’ai rien d’un cachet d’aspirine. »

« Bon, c’est compliqué. Mais dans le fond pourquoi voulez-vous changer de nom ? Certes le votre d’inspire rien, mais ce n’est pas un handicap. »

« Vous trouvez ? On voit bien que vous ne vous appelez pas Durand. Au bureau, je suis complètement transparent. Au moment des promotions, mon nom n’émergent pas contrairement à Lewandoski ou Bertolini qui raflent tout. Même Alfred Dugenou est plus populaire que moi. »

« J’ai une idée : allongeons votre nom. C’est une façon de le customiser. Et puis, vous ne serez jamais ministre, donc il n’y a pas de risque que vous soyez hué dans la rue. »

« Bon, c’est une idée. Je pourrais prendre le nom de ma mère, ça donnerait Paul Durand-Patissier. C’est bien, tout le monde peut se reconnaitre dans ce patronyme. On pense tout de suite aux paroissiens qui vont chercher le gâteau chez leur pâtissière après la messe. »

« On respire la France profonde. On risque de s’ennuyer avec vous. Essayez plutôt Durand-Gates (comme le milliardaire Bill), vous aurez tout de suite plus d’amis.

Belle, belle, belle

23 décembre, 2015

La belle

Ecoute un bellâtre

Sur le belvédère

C’est un belge,

Un soupirant belliqueux

Qui lui bêle son amour.

Elle le traite de bélître.

Sa mère ne sera pas sa belle-mère.

Déclaration d’amour ou pas ?

22 décembre, 2015

« Je pourrais vous faire une déclaration d’amour. Donc je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vous faire une déclaration de haine. »

« Ce n’est pas la même chose. Si vous me faites une déclaration d’amour, c’est que vous espérez – le cœur palpitant – que je vous dise que je le partage. Si vous me faites une déclaration de haine, vous videz votre sac et vous n’attendez rien de ma part. »

« Vous pourriez aussi me renvoyer votre haine. »

« Non, parce que ça vous arrangerait un peu trop. Si vous me haïssez, je ne vois pas pourquoi je devrais vous faire plaisir en vous assurant que je vous hais également. Ce serait trop facile de haïr quelqu’un qui ne vous aime pas. En mettant les choses au mieux, je vous dirais que je m’en fous. »

« Vous ne seriez pas très sympa. Tout vaut mieux que l’indifférence. »

« Vous pouvez aussi me répondre que vous vous foutez du fait que je m’en fous. Finalement, on devrait inventer une déclaration d’indifférence qui se situerait entre celle de haine et celle d’amour. »

«Il y a quand même un point commun entre les trois cas. Il faut que le même sentiment soit partagé par les deux protagonistes, sinon il y en a un qui est malheureux. »

« Oui… enfin… la différence, c’est que la déclaration de haine ou d’indifférence n’existe pas en tant que telle. Elles ne peuvent être qu’une réponse à une déclaration d’amour. Je me vois mal aborder mon chef de service Dumolard dans un couloir et lui dire tout de go : je vous hais. »

« C’est dommage, ça mettrait de l’ambiance. »

« En fait pour bien vivre en société, on a le droit de se dire qu’on s’aime mais pas qu’on ne s’aime pas, ni qu’on se fout complètement de l’existence de l’autre. Sauf si on a été agressé. »

« Heureusement, parce que si on peut se déclarer la haine, c’est le retour au Moyen-Age, à la guerre privée. Je n’ai pas les moyens de lever une armée pour attaquer mon voisin que je ne peux pas supporter. »

« On peut aussi ne rien se dire. Si je vous aime, les mille attentions dont je vous entoure vous renseignent très bien. Si je vous hais, vous le sentirez dans mon regard noir. Si vous m’êtes indifférent, vous vous en rendrez compte par manière de ne rien exprimer du tout chaque fois que je vous croise. Pourquoi faire des déclarations ? »

« Pour que je sois au courant de vos intentions à mon égard. Je peux très bien me tromper en interprétant votre attitude. »

« Bon, d’accord. Alors déclarez-moi quelque chose. Je ne vois pas pourquoi c’est moi qui devrais me découvrir en premier. A ce jeu, c’est toujours le premier qui prend des risques. Le second joue sur du velours. »

« On pourrait écrire des déclarations secrètes et s’échanger nos papiers de la main à la main. »

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