Archive pour le 26 novembre, 2015

Réforme fiscale

26 novembre, 2015

« Moi, je suis pour l’impôt négatif. »

« Qu’est-ce à dire ? »

« Ce serait un système où l’Etat nous donnerait de l’argent au lieu de nous en prendre moins. »

« Je ne vois pas bien ce que ça change. »

« Ça change tout. C’est comme lorsque je fais des courses. Si j’achète une robe à 50 euros et qu’on me fait un rabais de 10 euros, le résultat est toujours le même : j’ai la même robe. »

« Plus 10 euros dans ton porte-monnaie. »

« Ca fait bien longtemps que je les ai dépensés ces 10 euros. Je suis allé boire un coup par exemple, ou m’acheter un petit fichu. Je n’ai absolument pas l’impression d’être plus riche. Je peux continuer à râler contre le coût de la vie. »

« Et si tu reçois un chèque de 10 euros ? »

« Alors là, la sensation est tout à fait différente, j’ai l’impression d’enrichir mon compte en banque. Et en plus, je peux très bien ne pas aller acheter la petite robe en question. »

« Donc, si je comprends bien, il faudrait que l’Etat ne baisse pas les impôts, mais te renvoie un chèque d’un montant équivalent à la baisse. »

« Ce serait plus sympa pour ma psychologie. »

« Ah bon ? Qu’est-ce qu’elle vient faire là-dedans ta psychologie ? »

« Je pourrais avoir une réflexion de riches, tout en tripotant ce chèque. L’aspect tactile de la question doit être pris en compte. Il y avait un rapport affectif avec le billet de banque ou même le chèque qui disparait depuis que l’argent est virtuel. »

« Et une réflexion de riches, c’est quoi ? »

« Par exemple : que vais-je faire de ces dix euros que le Trésor Public me retourne si généreusement? Vais-je le mettre sur mon livret, acheter une petite action ou alors des cookies pour mon petit déjeuner ? Au lieu de ça, ma baisse d’impôts ne m’inspire rien, je ne peux même pas la tripatouiller langoureusement..  »

« C’est fait exprès. Il faut soutenir la croissance. Si tout le monde tombe amoureux de son porte-monnaie, on ne consommera pas assez. Tu n’as pas à te rendre compte de l’argent que tu dépenses. »

« Euh…. ou, mais mon banquier s’en rend compte, lui. »

« Aucun problème, tu lui demandes un crédit et c’est réglé. »

« Je ne vois pas comment je vais tomber amoureuse de mes mensualités de crédit. »

« Tu mélanges tout. L’essentiel, c’est que tu continues à dépenser. C’est pourquoi on te fait cadeau d’un argent que tu ne vois pas, comme ça tu n’es pas tenté de le garder pour toi. Qu’est-ce qu’on dit ? »

« Rien. »