Archive pour octobre, 2015

Comparaison n’est pas raison

11 octobre, 2015

« Vous me regardez avec mépris. »

« Ah bon, comment vous voyez ça ? »

« Un petit rictus au coin de vos lèvres pincés, un regard arrogant, un mouvement de tête excédé… tout y est… »

« C’est peut-être mon attitude habituelle. »

« C’est encore pire. Je me demande si c’est du mépris ou du dédain. Qu’en pensez-vous ? »

« Ah bon, il y a une différence ? »

« Oui, le dédain, c’est pire. C’est le mépris orgueilleux. Non seulement, vous me considérez comme un être sans intérêt, mais en plus vous êtes convaincu de votre supériorité sur le genre humain. »

« C’est comme vous voulez. Vous préférez être dédaigné ou méprisé ou les deux ? »

« Je veux bien être méprisé, je pourrais répondre à votre mépris par du mépris. Je n’ai pas le petit rictus au coin des lèvres, mais je peux m’entrainer. »

« Moi, je préfère dédaigner, c’est plus sympa ! »

« Comment ça : plus sympa ? »

« Oui, quand je dédaigne, je me crois supérieur à tout le monde, donc vous n’êtes pas le seul visé. En plus, comme je n’examine même pas la valeur de votre personne, l’éventualité qu’elle soit grande subsiste. »

« De toute façon, dédain ou mépris, c’est toujours votre orgueil qui vous pousse à vous croire supérieur à moi ou au monde. »

« C’est exact. D’ailleurs, je ne suis pas fier car l’orgueil est un péché capital. »

« Je ne vous le fais pas dire. »

« C’est un peu de votre faute. Vous pratiquez l’humilité, donc vous vous considérez comme inférieur aux autres. A partir de là, je suis donc supérieur. »

« C’est tordu comme raisonnement. Vous me dites que c’est moi le coupable ! Dites tout de suite que c’est l’humilité qui est un péché. J’aurai tout entendu. »

« En fait notre souci commun, c’est que l’on ne peut s’empêcher de se comparer aux autres, soit avantageusement, soit désavantageusement. Pour bien faire, il faudrait vivre en ne se comparant pas. »

« C’est compliqué votre solution. Si on ne se compare pas, on ne peut plus progresser. Il faudrait se comparer à quelque chose d’inhumain, sinon on tombe facilement dans l’envie ou la jalousie. »

« Je ne vois pas bien de solution. On ne peut pas se comparer aux dinosaures tout de même. Ni à Dieu. Encore que dans mon cas, c’est peut-être possible… »

Qu’est-ce que vous buvez ?

10 octobre, 2015

C’est un peu fort de café.

Elle est toujours chocolat.

Elle n’est pas une vache à lait.

Bref ! Elle en a soupé.

Elle va le mater.

Il mettra de l’eau dans son vin.

Il boira le bouillon.

Après ça, il ne viendra plus la têter.

Alphabet

9 octobre, 2015

Jules ne sort pas de l’X.

Il n’a pas découvert E=MC2

Il est caissier chez système U.

Il aimerait conduire une F1.

Il se contente de mener sa voiture dans des virages en S.

Pour séduire Marie : trouvera-t-il son point G ?

Avant le jour J et l’heure H.

Pour le moment il signe d’un Z qui veut dire Zorro.

Je ne suis pas un héros

8 octobre, 2015

« Je ne veux pas être un héros. »

« Ah ! Pourquoi ? C’est intéressant d’être un héros : la gloire, la considération, l’admiration ! »

« Non ! Pour être un héros, il faut prendre des risques. A partir de là, il y a deux solutions : ou bien l’action se termine mal et le héros meurt, cas qui ne m’intéresse pas tellement, ou bien le héros reste vivant et il est couvert d’éloges, ce qui me gêne terriblement, compte tenu de ma modestie naturelle. »

« D’accord, mais il faut bien qu’il y ait de temps en temps de grands homme ou de grandes femmes pour accomplir les exploits qui sauvent le monde. »

« Je suis d’accord, ce sont des héros. Ils se fichent de mourir ou d’être couvert de gloire. En plus, ils ont du courage. Pas moi. »

« Vous n’avez pas de courage ? »

« Ce n’est pas ma priorité. Je me contente de bosser pour nourrir ma famille tous les jours. Je paie mes impôts, je vote, je fête Noël… Bref, je fais tout ce qu’il faut faire pour passer pour un bon citoyen. »

« C’est déjà pas si mal que ça. On pourrait dire de vous que vous êtes un héros de l’ombre. Un héros pour vos enfants. On est tous le héros de quelqu’un. Finalement, le concept de héros est très relatif. »

« C’est ennuyeux ce que vous me dites. On ne peut donc pas vivre tranquillement. On est quasiment obligé de faire quelque chose de bien sans vraiment le vouloir, comme élever ses enfants. »

« C’est plutôt quelque chose de normal, mais comme votre gamin n’a jamais vu d’autres pères, il est bien obligé d’héroïser le sien. Méfiez-vous, vous êtes peut-être un héros pour votre patron. Enfin… tant qu’il a plus besoin de vous que vous de lui. »

« Le problème du héros, c’est qu’il ne peut pas être héros 365 jours par an. Il a forcément des petites faiblesses  un moment ou à un autre. A ce moment-là, les autres – ceux qui ne sont pas des héros – se gaussent de lui. Et le pauvre héros tombe de son piédestal. D’autant plus haut qu’il s’est montré plus héros que héros. »

« Vous avez raison. Le problème n’est pas tant d’attendre les sommets que d’y rester. Il vaut donc mieux être un héros de montagne à vaches. On tombe de moins haut. »

« Vous n’encouragez pas les vocations. Les héros sont indispensables. On a tous besoin d’admirer, de s’identifier et en fin de course de de critiquer. Moi, j’aime bien les héros, à condition que ce ne soit pas moi. »

« Si tout le monde dit la même chose, on fait comment ? »

« Il faudrait rémunérer mieux le poste. »

« Non, un héros ne s’intéresse pas à l’argent »

« Alors le rémunérer moins. »

L’histoire d’Esther

7 octobre, 2015

Elle s’appelle Esther

C’est une femme austère.

Elle a réussi son mastère.

Elle vend du munster.

Et du bois par stères.

Par une sorte de mystère

Elle a été nommée au Ministère

Alors qu’elle préférait un monastère

Dans le Finistère.

Conseils cinématographiques

6 octobre, 2015

« Le soir, je n’aime pas les films tristes. J’ai beau savoir que ce n’est que du cinéma, ça me sape le moral. Et le résultat, c’est que je ne peux pas aller me coucher avec l’esprit tranquille. »

« Vous êtes émotif. »

« Oui, ça vous plait vous, de savoir que l’héroïne vient de perdre son mari dans un accident de voiture ou son enfant des suites d’une longue maladie ? »

« Pas tellement, je préfère des films d’action, avec des bandits et des policiers qui font respecter la loi. »

« Et les morts ? Dans ce genre de films, on se tire dessus toutes les cinq minutes. Du sang jaillit dans tous les sens. Je vous passe les assassinats à l’arme blanche. Moi, j’ai trop peur pour regarder ça. »

« Peut-être des aventures avec un monstre intergalactique ? »

« Vous plaisantez. Un monstre arrive sur terre pour dévorer les gens vivants. Ou alors ce sont des êtres en métal avec des armes qui crachent pleins de rayons mortels. Merci bien pour l’ambiance. »

« Je vois ce qu’il vous faut. Un film dans un milieu moderne et réaliste. Le mari trompe sa femme tranquillement. Celle-ci s’en aperçoit, forcément elle n’est pas très contente. Une des rares actions du film se produit quand elle fiche le mari à la porte. Pour corser un peu l’affaire, les enfants pleurent, et la maîtresse se révèle un peu traitresse. Ça ne vous flanque pas le bourdon, ça ? »

« Euh… c’est proche de la vraie vie, au moins. »

« C’est peut-être réaliste, mais c’est d’autant plus affligeant. Avec mes monstres, au moins, je suis sûr que personne n’est cocu. »

« Il n’y a pas que des histoires de couples qui finissent mal. »

« Ah oui ! Il y a des drames sociaux. Le cadre vient d’être licencié. Il a du mal à s’en remettre. Il boit ou alors il braque une banque. Et après, il se réfugie chez sa maîtresse. Nous voilà ramener au cas précédent. »

« Vous êtes marrant. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne vais pas aller voir les exploits de Donald le Canard pour me distraire. »

« J’oubliais les comédies romantiques. Au début, les deux protagonistes se détestent, mais ils vont finir dans le même lit. Tout le monde le sait sauf eux. Voici que l’un devient amoureux de l’autre, mais ce n’est pas partagé.  A la fin du film, l’homme ou la femme amoureux, tente d’oublier l’autre en s’envolant pour le Pôle Nord ou le Sahara. Et au dernier moment, celui qui n’est pas amoureux se dit qu’il l’est quand même et il rattrape son partenaire à la dernière minute dans la salle d’embarquement. Ouf ! On a eu chaud. »

« On peut aussi aller voir les films rigolos »

« Non depuis Laurel et Hardy, il n’y en a plus. »

A ma guise

5 octobre, 2015

Le Duc de Guise

A sa guise

Aiguise

Sa lame grise.

Il se déguise

En Kirghiz.

Il raiguise une nouvelle fois son épée.

Et son adversaire agonise.

Taillons une bavette

4 octobre, 2015

« Tout ce que je dis est un ramassis de banalités affligeantes. »

« C’est à ce point ? »

« Oui. Je vous passe mes remarques sur le temps qu’il fait ou qu’il devrait faire en cette saison. Je n’ose pas vous le répéter. Mais je fais pire ! »

« Ça doit être difficile. »

« De faire pire ? Pas tellement. Par exemple quand je croise un gamin, je ne peux pas m’empêcher de lui demander : alors, ça va l’école ? »

« Ce n’est pas grave : de toute façon, le gamin se fiche de votre question et accessoirement se fiche de l’école. »

« Et quand je parle politique, je ne manque jamais de commencer par : tous des pourris ! Ou alors, je fais remarquer habilement qu’ils se foutent bien de nos vies. »

« En effet, c’est courant. Vos analyses manquent de nuances et de profondeur, mais la plupart des électeurs en sont au même point. »

« Et la télé ! Je ne peux pas m’empêcher de dire que les émissions sont débiles. Je les regarde assidûment pourtant. »

« Ne vous en faites pas. Dans tous les ménages, c’est pareil. On regarde la télé pour être sûr de ne pas manquer les émissions débiles. »

« Je parle aussi souvent de ma santé. J’essaie toujours de me trouver quelque chose pour ne pas subir le bulletin de santé de mes voisins. Nos conversations sont d’une médiocrité consternante. »

« Oui, mais vous pourriez peut-être faire part de goûts originaux en matière littéraire par exemple, ça pourrait agrémenter votre discours. »

« Je ne peux pas, je ne lis que les quatrièmes de couverture, ou alors les critiques dans les journaux de télévision. »

« Effectivement, ça ne va pas très loin. Et si vous parliez de vos dernières vacances ? »

« Non plus. Mes collègues de bureau ont toujours été dans des endroits plus exotiques que les miens. Ils ont forcément des choses plus intéressantes que moi à raconter. Il est vrai que sur la plage de Palavas-les-flots, il ne se passe pas grand-chose. »

« Et les jeunes ! Vous pourriez parler intelligemment de la jeunesse !»

« Pensez-vous ! Tout ce que je sais dire, c’est que les jeunes ont perdu leurs repères, que c’est plus comme de notre temps, qu’on était mieux élevés, etc… etc… Vous voyez le tableau ! »

« Le mieux, ce serait que vous ne disiez rien. Votre avis ne manquera à personne. Parfois quand on ne dit rien, on peut dire qu’on pense, ça peut impressionner. »

« Vous croyez ? Mais il ne faudrait pas que j’ai le silence banal. »

Contre

3 octobre, 2015

Dans cette contrée

Le contremaître

Se contrefiche

De ses contraventions.

Il contre-attaque

En roulant à contresens

Contre tout bon sens,

Ce qui contrarie

Ses contradicteurs.

Nos mauvais poèmes

2 octobre, 2015

Madeleine

Est une châtelaine.

Dans son châle de laine.

Elle accueille Solenne

Hors d’haleine.

Cette fille est une madrilène

Qui chasse la baleine

Quand la lune est pleine

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