Archive pour octobre, 2015

Assez !

21 octobre, 2015

D’une bonne soupe, je soupe.

J’en ai ras le bol.

Puis, je mettrai mon béret par-dessus la tête,

J’enfilerai des pulls plein le dos

Et des chaussettes plein les bottes.

J’irai faire un tour vers ma mare : j’en ai une.

Enfin je me rendrai à la banque : j’y ai mon compte.

Le premier qui n’est pas d’accord aura sa claque.

Au zoo

20 octobre, 2015

« Hier, je suis rentré dans la chambre de mon gamin sans escorte. »

« Pff… C’est très risqué.  Vous n’avez pas pris un soulier en pleine figure. »

« Non, il était occupé sur sa console. »

« Qu’est-ce que vous lui avez dit ? »

« Je lui ai fait remarquer que nous pourrions parler entre êtres humains, de père à fils, de temps à autre. »

« Alors là, il vous a lancé un regard de commisération pour bien vous faire comprendre que l’idée d’entretenir un rapport civilisé avec vous est complètement extravagante. »

« Je ne me suis pas démonté. Je lui ai demandé comment ça se passait au lycée. »

« Parce qu’il y va ? Vous avez de la chance : le mien est un intermittent du spectacle lycéen. Et alors qu’est-ce qu’il a répondu ? »

« Mon pauvre père… »

« C’est pas terrible, mais ça vaut mieux qu’un soulier en pleine figure. »

« Alors, je lui ai demandé s’il avait bien avancé ses révisions pour le bac. »

« Là, il vous a dit que le bac ne servait à rien, si ce n’est à fabriquer des chômeurs, ce qui est –soit-dit en passant – pas  complètement faux. »

« Le problème, c’est qu’on ne peut pas dire ça. Alors pour essayer de détendre l’atmosphère, je lui ai recommandé de travailler, mais sans oublier de se décontracter un peu : faire du sport, voir des copains, aller à la piscine… »

« Normalement, il doit vous avoir répété : mon pauvre père …. Et il a ajouté, pour vous remonter le moral : tu es pathétique ! »

« Oui, j’ai failli m’énerver. Je ne vois pas bien en quoi je suis pathétique. »

« C’est-à-dire que, pour se décontracter, les jeunes de maintenant utilisent d’autres moyens qu’une brasse pépère dans la piscine du village. »

« Je m’en doute un peu. J’ai risqué la question de savoir s’il prenait des produits euphorisants. »

« Alors là, il s’est levé et a dit : sors de ma chambre ! »

« J’ai quand même fait remarquer qu’il était chez moi et que les mètres carrés de sa chambre m’appartenaient. »

« Je vois bien la scène : il s’est levé … il a pris un air outré… il a hésité à foutre le camp de chez vous, et comme c’était l’heure du repas, il a secoué la tête d’un air désespéré, s’est rassis et a murmuré : je m’en fous… »

« Comment vous savez tout ça ? »

« C’est normal, je suis zoologiste. »

Espagnolade

19 octobre, 2015

Don Juan

Aime se promener avec son espagnolette.

Ce n’est pas un macho.

Ils ont nourri leur canari

Avec le reste de paella.

Puis, il a enfilé son poncho.

Et elle a passé son boléro.

Ils sont allés danser la salsa dans le stade

Où ils ont déclenché une ola.

L’autre, c’est toujours compliqué

18 octobre, 2015

« Je ne vous aime pas du tout. »

« Je sais, ce n’est pas très grave. »

« Comment ça : pas très grave. Vous méprisez le fait que je ne vous aime pas ? Du coup, je vous aime encore moins ! »

« Non ! Je voulais dire simplement que le fait que vous ne m’aimiez pas n’est pas grave puisque moi je vous aime beaucoup. »

« Mais c’est que ça ne me convient pas. Je n’ai aucune envie d’être aimé par quelqu’un comme vous ! »

« Et pourquoi donc ? »

« Parce que si vous m’aimez, c’est que vous trouvez quelque chose de sympathique en moi, et du coup, je vais me sentir obligé de vous rendre la pareille. Vous ne pourriez pas aimer Dugenou par exemple ? Je crois que lui aussi ne vous aime pas du tout ! »

« Ecoutez : je vous aime bien parce que vous vous donnez beaucoup de mal pour ne pas m’aimer. Si tout le monde m’aimait, je me poserai des questions graves sur moi-même ? Ne serais-je pas le Bon Dieu en personne ? Grâce à vous, je sais que j’ai des défauts ou un abord qui peut paraitre odieux à autrui ! »

« Si je comprends bien, je vous rends service ! Mince, alors ! Je n’avais aucune envie de vous être agréable en vous disant que je ne vous aime pas. »

« C’est ennuyeux en effet. Si vous voulez m’être désagréable, essayez de dire que vous m’aimez. Parmi ceux qui disent m’aimer, il y a beaucoup de personnes qui me sont hautement antipathiques par leur capacité à flatter ma vanité en espérant que je ne m’en aperçoive pas. »

« Je vous aime. Je vous trouve beau. Vous êtes le meilleur. »

« Vous vous foutez de moi ?»

« Oui, ça marche !  Je me fous de vous, donc vous ne m’aimez pas. Je vais en parler à Dugenou, je suis sûr qu’il va vous aimer aussi. »

« Bon, ça ne va pas. Si vous dites que vous m’aimez comme ça, je vois tout de suite que vous ne m’aimez pas, ce que je savais dès le début. »

« Le mieux serait peut-être que je ne vous dise rien. »

« Ce serait mieux en effet. Les gens qui s’aiment ont le droit de se le dire, par contre les gens qui ne s’aiment pas ne se disent rien. Si votre silence est d’une bonne qualité agressive, je comprendrais tout de suite. En plus comme vous m’agresserez par votre indifférence, je ne vous aimerais pas beaucoup. »

« Parfait, je me tais. »

« Vous n’êtes pas très intéressant. Je vais voir Dugenou, il veut bien me parler, lui. »

Un travail de romain

17 octobre, 2015

Alléluia !

Il a fait son mea culpa.

Il a trouvé un emploi dans l’intérim.

A priori,

Il n’y a pas de hic.

Il saura dire amen à son patron

Qui le paie au pro rata de ses heures.

Rien n’est gratis.

Il n’aura pas besoin d’ultimatum.

Ce n’est pas le nec plus ultra des employés.

Mais il s’accroche mordicus.

Nos mauvais poèmes

16 octobre, 2015

César

Est un gars bizarre.

Il a fait les beaux-arts.

Il écoute Mozart.

Il tient un bazar.

Mais il n’y a pas de lézard.

C’est aussi un thésard

Qui fait un travail sur le tsar.

Ce n’est pas dû au hasard.

Savoir attendre

15 octobre, 2015

« C’est long. »

« Oui, il faut attendre. »

« Vous avez remarqué ? On passe sa vie à attendre. Il faudrait ajouter les temps qu’on passe à attendre à la caisse du supermarché, au péage de l’autoroute, dans la salle d’attente du dentiste, à l’entrée du cinéma, à l’arrêt de bus….  On obtiendrait sûrement un résultat impressionnant. »

« Qu’est-ce qu’on fait de tout ce temps ? »

« Rien. Mais c’est bien ainsi. Qu’est-ce que serait notre vie si on utilisait toutes les secondes du temps à faire quelque chose ? »

« Ce serait infernal. »

« Vous avez raison, si les temps d’attente n’existaient pas, il faudrait les inventer. Il y aurait une loi pour rendre un temps d’attente obligatoire pour chacun. Finalement, c’est une question de santé publique. »

« Il faudrait qu’un article de la loi interdise de s’énerver durant ce temps ou de prononcer des phrases à la con comme : quel temps perdu ! C’est ce genre de réflexe qui engendre des maladies nerveuses. »

« Le pire, c’est que c’est contagieux. Quand quelqu’un s’énerve dans un groupe, ça atteint tout le monde et les gens finissent pas se casser la figure entre eux. »

« Pensez-vous qu’on puisse autoriser le droit de penser pendant cette attente  obligatoire ? »

« Non, pour que l’attente soit un moment reposant, il ne faut pas penser. Penser au passé provoque des regrets ou des remords. Penser à l’avenir est susceptible d’entraîner des crises d’angoisse ou au minimum des appréhensions injustifiées. »

« Donc, il faudrait une police spéciale qui contrôle le temps d’attente d’une part et les pensées d’autre part. »

« Je reconnais que contrôler les pensées des autres, c’est un peu compliqué. Il faudrait entraîner nos policiers à lire la physionomie des citoyens. Seule serait permise une expression du visage complètement neutre, un peu benoite comme la vôtre. »

« Euh… quand même, nous devrons expliquer au citoyen ce qu’ils attendent. »

« On fera comme d’habitude. On leur dira qu’ils attendent des jours meilleurs. »

« Il ne faudrait pas qu’arrivent ces jours meilleurs. »

« Avec la crise, il n’y a pas de risque. Personne ne sait quand elle s’arrêtera. Il suffit d’attendre patiemment. »

« Je comprends tout : c’est pour ça que le gouvernement n’est pas pressé d’en sortir. »

« Oui. Si tout le monde était heureux dans le pays, on se demande bien ce que les gens pourraient attendre de plus. »

« Finalement : vive les mauvaises politiques…. Tiens, voilà le bus. On le prend ou on attend le suivant ? »

Dans nos petits souliers

14 octobre, 2015

Elisabeth était  Charentaise.

C’était une belle ballerine.

Son amant avait une tête de mule.

Il pantouflait dans une grande entreprise

Après avoir été rangers aux Etats-Unis.

Il dansait comme un sabot,

En se nourrissant de chaussons aux pommes

Et de bottes de radis.

Je suis le directeur de mon quartier

13 octobre, 2015

« Puisque personne ne pense à moi, je me suis attribué une promotion. Je suis directeur. »

« Directeur de quoi ? »

« De rien. Je suis directeur, c’est tout. »

« Et ça se traduit comment ? »

« D’abord, quand je dois aller faire mes courses, je me rase et je mets une chemise blanche avec une cravate. Je sors mon meilleur costard évidemment. »

« Et puis ? »

« Dans la rue, j’ai le téléphone collé à l’oreille. Je n’ai personne à qui téléphoner, mais ça ne fait rien. Je prends l’air important et empressé. »

« Oui, ça fait bien directeur. »

« Dans les magasins, je serre les mains en appelant chacun par son prénom, pour avoir l’air de bien connaître mes équipes. »

« Vous êtes un directeur très sympa. »

« Chez le boucher, je me livre à une analyse du marché bovin. Monsieur Roupillon et sa bouchère sont toujours suspendus à mes directives. »

« Il est vrai que vos compétences économiques font merveille. »

« Chez le boulanger, je prends des nouvelles du petit dernier qui fait des étincelles à l’école primaire du quartier. Un bon directeur doit être capable de s’inquiéter de la vie privée de ses employés, sans en faire trop néanmoins. »

« On voit bien que vous êtes un homme pondéré. »

« Chez le buraliste, je vérifie que tous les journaux sont bien arrivés. Une bonne circulation de l’information, c’est important dans mon entreprise. »

« Tout à fait, grâce à vous mes enfants peuvent lire Le journal de Fripounet de manière tout à fait régulière. »

« Dehors, j’organise le travail des employés municipaux en leur indiquant les endroits où il doivent déployer leur action de nettoyage en priorité. »

« Il vous en sont très reconnaissants. Vous êtes un directeur très populaire. »

« Il faut dire que je suis impressionnant : main ferme dans gant de velours. J’ai également provoqué une réunion de travail avec tous les représentants qui me téléphonent régulièrement pour me vendre quelque chose. Ils étaient trente-deux dans mon salon. ».

« Et alors ? »

« La réunion a été un peu houleuse, mais je suis resté inflexible. Ils ont enfin compris que mon entreprise ne leur achètera rien du tout. Ils sont partis rassurés sur le sens de mes orientations stratégiques. »

Un peu de pisciculture

12 octobre, 2015

Julienne

Est une femme vive.

Avec Jean, il y a anguille sous roche.

Mais celui-ci est muet comme une carpe.

Selon ses amis, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Jean n’est pas un pilier de bar.

C’est un bon sauteur à la perche.

Il va mettre le turbo.

Il va se marier avec elle, ça ne fait pas un pli.

Ce ne sera pas un poisson d’avril.

 

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