Archive pour octobre, 2015

Le chant du méchant

31 octobre, 2015

Le méchant

Doit partir sur le champ.

Il nous ennuie à tout bout de champ.

Il n’est pas touchant

Ni attachant.

Pour la bouteille, il a un penchant.

Du départ, entonnons le chant.

Qu’il aille à Auchan.

C’est tout faux !

30 octobre, 2015

Le faux monnayeur

N’aime pas les faux-semblants

Ni les faux-fuyants.

Il faut dire

Qu’il s’est procuré un vrai-faux passeport

Pour ne pas se trouver en porte à faux.

Il ne veut pas être condamné pour faux et usage de faux.

Cette histoire est vraie de vraie.

Savoir insulter

29 octobre, 2015

« Il y a des métiers dans lesquels on peut facilement se faire insulter. »

« Le mieux, si on aime ça, c’est de travailler dans une service après-vente ou alors d’être instit de CM2. »

« Pourquoi CM2 ?… »

«  Parce qu’avant les élèves n’ont pas assez de vocabulaire. »

« Oui, mais enfin, il n’y a pas besoin d’être professionnel pour être bien insulté. Il n’y a qu’à se jeter dans la bagarre au moment des soldes. »

« C’est sûr. Moi, je n’y vais pas parce que je n’ai pas assez d’insultes en réserve. »

« Ne vous en faites pas. Avec connard ou connasse, vous faites déjà pas mal de dégâts. Vous pouvez aussi mettre en doute la bonne moralité de la mère de votre assaillant. Il y a peu de risque qu’il ou elle vous dise qu’il est d’accord avec vous. »

« Je trouve quand même que les batailles d’insultes d’aujourd’hui manquent de classe. Certains s’abaissent même à critiquer mon automobile : je ne supporte pas qu’on la traite de tas de tôle dans les embouteillages. »

« Que voulez-vous ? Personne ne vous traitera de paltoquet ou de jeune foutriquet si vous bouchez la rue avec votre voiture. Une bonne insulte doit claquer comme un coup de fouet. Lorsqu’on s’insulte, on ne fait pas de la littérature. »

« C’est dommage. Qu’est-ce que vous me conseillez pour moderniser mon vocabulaire ? »

« Enfoiré, c’est très bien. Pas trop vulgaire, mais apte à faire comprendre votre mécontentement et le peu d’estime dans laquelle vous tenez votre interlocuteur. »

« Mais en général, mes opposants ne se gênent pas pour employer des termes à connotation nettement sexuelle. »

« Euh… vous pouvez aller jusqu’à tête de nœud. Si le ton monte encore, ‘vas-te-faire-foutre’ peut être dégainé. Mais il faut savoir que cette éventualité exaspèrera votre adversaire, au point qu’il pourra – la bouche tordue de fureur – vous demander de répéter ce que vous avez dit alors qu’il a très bien entendu. »

« Euh… là, on est au bord de la violence physique. Alors qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Si vous êtes en voiture, vous bloquez portes et fenêtre, puis vous essayez de prendre un air dégagé. Sinon, vous le regardez dans les yeux, et vous dites : mais bien sûr que je vais répéter ! Et là, vous sortez : va donc ! Eh ! »

« Vous croyez que ça suffit ? »

« Oui, l’autre va vous regarder méchamment pour sauver l’honneur, et puis – comme il n’a pas été assez insulté – il va relâcher la pression en haussant les épaules, tout content de vous avoir impressionné sans même en venir aux mains ce qu’il redoutait autant que vous.»

Petit poème

28 octobre, 2015

Le mousse

A l’aimable frimousse

Se trémousse

Sur la mousse

Avec son pamplemousse

Et son couteau qui s’émousse.

Il boit une petite mousse.

Sur sa tête, son shampoing mousse.

Bonne journée !

27 octobre, 2015

« Le soir, tu rentreras et tu t’effondreras sur le fauteuil en disant que tu es crevé. »

« On pourrait faire quelque chose d’intéressant après le boulot. »

« Non, ce n’est pas possible. Nous serons un couple moderne. Tu devras soupirer et moi, je te disputerai en disant que je travaille moi aussi et que je ne vois pas pourquoi c’est moi qui prépare le repas. »

« Parce que tu sais faire ça mieux que moi. »

« C’est une bonne réponse, parfaitement odieuse ! Tu devras grogner quand je te dirai de mettre la table et de tu traineras la patte pour mettre ton couvert dans le lave-vaisselle. »

« Je ne peux pas faire spontanément, avec entrain ? »

« Non ! Ce n’est pas possible. La ménagère doit être énervée par l’apparente mauvaise volonté du mari. Bien entendu, je te crierai dessus à la première erreur ou même sans erreur. Comme je serai fatiguée de ma journée, il faudra bien que je passe mes nerfs ! »

« Bon, soit. Après le repas, nous pourrons passer la soirée en tête-à-tête eu coin du feu. »

« Pas du tout. Tu mettras ton foot à la télé pour que j’aie un motif supplémentaire de faire la tête. Ce n’est pas compliqué. »

« C’est que je n’aime pas tellement le foot. »

« Ce n’est pas normal ! Bon alors, on se disputera pour le film qu’on voudra regarder. Et bien entendu, c’est mon choix qui l’emportera. »

« Et après ? »

« Et après, on ira se coucher. Tu voudras lire encore le journal. Le bruit des pages qu’on déplie m’agacera. Tu devras éteindre et me parler. »

« Parler de quoi ? »

« J’en sais rien, tu n’auras qu’à trouver. Tu as intérêt à préparer des sujets pour quarante ans de mariage. »

« Bon, d’accord. Le lendemain, je me lèverai le premier pour te faire le petit déjeuner. »

« A la rigueur, mais il faudra y aller de mauvaise grâce en trainant la savate, pour que je sente bien que ça t’énerve. N’oublie pas que c’est ta mère qui t’apportait ton café au lit ! »

« Euh… on pourra peut-être se sourire quand tu te lèves. »

« Non, parce que je serai en retard. Il serait bien que tu sois sous la douche au moment précis où j’ai besoin de prendre la mienne. Toute remarque lubrique visant à prendre une douche commune est proscrite. »

« D’accord, après je te déposerai au bureau. »

« Non, tu descendras la poubelle. Puis, l’idée de faire un crochet pour me déposer te fera horreur, puisque tu auras une réunion important avec des japonais. »

L’histoire du fromager et de ses femmes

26 octobre, 2015

Louis vit dans le Cantal

Dans une maison de briques

Au toit de chaume.

Toujours vêtu d’un bleu de travail,

Il est beau et fort.

Il est connu dans tout le comté.

Les femmes, il les rend chèvres.

Pour le voir, elles font des tas de caprices.

Qu’il est bon de se disputer !

25 octobre, 2015

« Je fais semblant d’aimer des choses que tu aimes pour que tu aimes ma façon d’aimer les choses que tu aimes. »

« Je préfèrerais que tu aimes les choses que tu aimes sans te demander si je les aime ou pas. Arrêtons l’hypocrisie. »

« Euh… oui, mais j’aime bien me forcer un peu à aimer les choses que tu aimes pour chercher pourquoi tu les aimes. Ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est de l’intérêt pour toi. Et puis quand j’aurai trouvé les raisons de ton affection, peut-être que je les aimerai aussi. »

« Euh… ça ne m’arrange pas tellement. J’aime bien être la seule à aimer ce que j’aime. Si on est plusieurs, la chose perd de son charme attractif.  Par exemple, si tout le monde aime la choucroute, on va finir par en avoir à tous les repas et on va vite saturer. »

« Bon, alors il y a quelque chose qui ne va pas : nous aimons tous les deux les balades à pieds  en forêt. Voilà un loisir qui ne peut être réservé à personne. »

« Peut-être, mais s’il te faut choisir, je suis sûre que tu préféreras un match de foot à la télé. Les hiérarchies des choses que nous aimons sont différentes. Heureusement d’ailleurs, ça me permet de dire que j’ai des goûts plus romantiques que toi, puisqu’ils ne cèdent pas devant un match du PSG. »

« Mais je suis capable d’annuler un match pour t’accompagner en balade. »

« Et voilà,  tu me copies. Non seulement tu te forces à avoir les mêmes goûts que moi, mais en plus tu veux avoir la même hiérarchie. Moi, j’aime mieux que tu préfères le foot, d’une part ça me permets de râler contre ton manque d’intérêt pour mes goûts et d’autre part, ça me conforte dans ma détestation du foot. »

« Si je comprends bien, il ne faut pas avoir les mêmes centres d’intérêts que toi, mais il faut s’intéresser au fait que tu aies des centres d’intérêt que je ne partage pas. »

« C’est ça. Il faut que tu me reconnaisses comme une personne originale et que mon originalité te subjugue un peu. »

« Euh… pour simplifier, on pourrait détester les mêmes choses. Par exemple, nous haïssons tous le deux les éclairs au chocolat. Là, il n’y a pas de hiérarchie, le mieux c’est de ne pas en acheter. »

« Oui, mais toi tu n’aimes pas ma mère, cependant tu aimes aimer ce que tu détestes en pensant que je vais aimer cet effort. »

« Oui, ça s’appelle un compromis. Nous y revoilà. On a le droit d’aimer les compromis. »

« Pas trop, sinon ça s’appelle un manque de personnalité. » 

« Avoir de la personnalité, ça consiste donc à aimer des trucs que l’autre n’aime pas, tout en refusant de se compromettre dans ce qu’il aime. »

« C’est bizarre, c’est la même définition que l’épreuve de force. »

« J’en conclus qu’on a le choix entre l’hypocrisie ou l’épreuve de force. »

Chuintantes

24 octobre, 2015

A Chantilly

Le chanteur

Et le chansonnier

N’ont pas eu de chance.

Ils ont perdu leurs chandails.

Dans leur chambre

Ils ont mis le chantier

Et le chambard

Après avoir bu du champagne.

Soufflez !

23 octobre, 2015

Alizée

Nous les brise.

Elle a pris le mistral.

On lui a fait la bise.

On lui a souhaité bon vent.

Dans le train, elle n’a jamais bouffé

Autant.

Puis elle a retrouvé son marin,

Beau – parait-il – à couper le souffle.

Etudions un proverbe

22 octobre, 2015

« On ne change pas une équipe qui gagne. »

« Moi, je pense que c’est un principe idiot. Lorsque l’équipe gagne, c’est le moment de la changer. »

« Ah bon ? Pourquoi ? »

« Pour deux raisons. D’abord parce qu’une équipe qui gagne, perd forcément un jour. Du coup sa défaite jette le doute sur ses victoires précédentes. N’a-t-elle pas été opposée à des équipes trop faibles ? N’a-t-elle pas bénéficié de coups heureux ou d’erreurs d’arbitrage ? L’équipe qui gagne devient suspecte ! »

« Et la seconde raison ? »

« En changeant des membres de l’équipe qui gagne par des remplaçants, vous mettez les titulaires au repos puisqu’ils se sont vraisemblablement surpassés pour gagner. En plus, vous mettez les joueurs nouveaux au pied du mur : ils vont être obligés de se décarcasser pour faire aussi bien que leurs devanciers. »

« Effectivement, je n’y avais pas pensé. Et quand l’équipe perd, je fais comment ? »

« Vous ne la changez pas. Vous commencez par engueuler vos joueurs. S’ils gagnent le match suivant, tout le monde dira que la défaite précédente sera un accident et que vous avez su reprendre votre équipe en mains avec fermeté. »

« Oui, mais les joueurs remplaçants vont râler. Ils s’estiment sûrement bien meilleurs que ceux qui perdent. »

« Pas de problème. Vous pouvez leur dire qu’en entrant sur le terrain, ils prendraient le risque énorme d’être dans l’équipe qui perd. Il vaut mieux être avec les remplaçants qui pourraient gagner. »

« Et si l’équipe qui perd, perd encore une fois. »

« Dites qu’il ne faut pas s’affoler. Vous pouvez aussi affirmer que c’est de la faute des supporters ou de l’arbitre. Mais une nouvelle défait a l’avantage énorme de vous procurer une certitude : vous êtes à la tête d’une équipe de mauvais. »

« Et alors, je fais quoi ? »

« Vous faites rentrer les bons joueurs sur le terrain. Si vous gagnez vous aurez tort de ne pas y avoir pensé plus tôt. Si votre équipe perd, vous avez tort aussi puisque même vos bons sont mauvais. »

« Et donc, qu’est-ce que je fais ? »

« Normalement rien puisque vous avez tort dans tous les cas de figure. Dans ce cas-là, c’est l’entraineur qui est viré. »

« J’ai rien compris, on change une équipe qui gagne ou une équipe qui perd ? »

« En fait, j’en sais rien. Quand on gagne on finit par perdre, et quand on perd, il y a de bonnes chances pour qu’on perde encore. Ceux qui gagnent, ce sont ceux qui mettent le plus de temps pour perdre. »

1234