Leçon d’histoire

« Dans le temps on apprenait à l’école. Des choses dont on a retenu quelques anecdotes. En orthographe, il y avait les sept mots avec un X au pluriel, dont la liste très rythmée se  chantait très bien : choux, bijoux, cailloux… « 

« En parlant de mélopée, il faut aussi louer les tables de multiplication qui « passaient » la rampe grâce à leur accompagnement rythmique. Maintenant, les jeunes ont des calculettes à leur disposition sur le moindre téléphone. Mais allez donc demander à un smartphone de chantonner la table de 9. »

«En fait la matière la plus prisée, c’était l’Histoire. On nous apprenait des trucs plus ou moins vrais, mais c’était comme un livre d’aventures. On savait qu’au début, il y avait des types qui vivaient dans des cavernes et qui se faisaient courser par des monstres dès qu’ils mettaient les pieds dehors. »

« Après, c’est certain, il y eu les romains qui s’habillaient entortillés dans des draps de lit. On était triste quand on apprenait qu’ils avaient vaincu les Gaulois à Alésia. L’image de la reddition de Vercingétorix jetant son épée aux pieds de César reste le cauchemar de ma vie en école élémentaire »

« Après les romains, on ne savait pas trop ce qui s‘est passé jusqu’au Moyen-Age. Sans doute que les gens avaient perdu le sens de l’aventure. A l’époque des châteaux-forts par contre, c’était marrant : on s’attaquait pour un oui ou un non. Il y avait des courses de chevaux, des vêtements somptueux. Et puis des stars : Duguesclin, Bayard, Jeanne d’Arc… »

« Vous avez oublié Charlemagne avant… »

« C’est exact ! Heureusement qu’il y a France Gall pour s’en souvenir.  Il avait la barbe blanche ! Déjà à cette époque, on savait qu’il fallait avoir un look pour passer à la postérité. »

« Bon, on apprenait aussi la Renaissance. On ne savait pas trop ce que ça voulait dire. On préférait retenir 1515 et la bataille de Marignan. »

« Dans le domaine de l’horreur à ne pas montrer aux enfants mais qu’on nous montrait quand même, il y eut le massacre de la Saint-Barthélémy. J’en fais encore des cauchemars. Heureusement à la page suivante du bouquin d’histoire, on pouvait voir ce farceur d’Henri IV qui promenait ses gamins sur son dos, à quatre pattes parterre. »

« Après, on avait droit aux Trois mousquetaires qui ont inspiré pas mal de bagarres dans les cours de récréation. Quant à Louis XIV et sa cour de fainéants à Versailles, il a sans doute inspiré pas mal de souverains despotiques d’aujourd’hui. »

« Quant à la Révolution, il fallait dès dix ans avoir les nerfs et l’estomac bien accrochés pour assimiler des histoires sanguinolentes de coupage de têtes et de bourreaux épouvantables. Enfin bref… ils ont fait ça en 1789. On dirait que les gens s’énervaient qu’à des dates faciles à retenir. »

« En fin d’année de CM2, la cerise sur le gâteau, c’était Napoléon. L’image du corse faisant son malin, drapeau tricolore en main, sur le pont d’Arcole a fait le tour de plusieurs générations. Encore un film d’aventures qui faisait passer le temps… »

« Après Napoléon, je me souviens de rien jusqu’à la guerre de 14. Là, on commençait à trembler. On ne rigolait plus parce qu’on sentait que ça ne faisait pas si longtemps que ça. »

« Ensuite…. Ensuite, c’était le mois de juillet. On n’apprenait plus rien parce qu’on jouait en classe. L’Histoire s’arrêtait. »

Laisser un commentaire