Souriez !
« Vous souriez tout le temps. »
« C’est mal ? J’essaie d’être d’un abord agréable. »
« Moi, je trouve ça louche. Quand je vous vois sourire, je me dis que vous ne trouvez pas forcément ma compagnie agréable puisque vous décochez le même sourire à tout le monde. »
« Il faut que je vous fasse la gueule ? »
« A la limite, je préfèrerais. Ce serait un signe que vous me distinguez parmi la masse de gens que vous côtoyez tous les jours. »
« Ce n’est pas très simple, car à force de sourire, j’ai une espèce de rictus dont je n’arrive pas à me défaire. Si vous pouviez me faire la tête pour m’inquiéter du premier regard… »
« Même quand vous êtes inquiet, vous souriez encore. »
« Si je suis inquiet, c’est que je ne sais pas ce qui va se passer. Et si je ne sais pas ce qui va se passer, je souris pour parer à une éventualité désagréable. Il est difficile d’agresser un homme qui sourit. »
« Finalement, vous êtes un finaud avec votre sourire. Quand vous souriez à quelqu’un, ce dernier est obligé d’être agréable, voire même souriant lui aussi ! »
« Absolument, un interlocuteur de mauvaise humeur finit par être déstabilisé devant mon sourire. Il pense soit que je suis fou, soit qu’il y a quelque chose de drôle qui lui échappe complètement. C’est très énervant. »
« Vous n’avez jamais rencontré personne qui vous dise : qu’est-ce que t’as à te marrer comme un imbécile ? »
« Si c’est courant. Je réponds d’un air impavide : rien, excusez-moi ! L’individu agressif pense alors que je me fiche de sa figure puisque je ne veux pas lui révéler la cause de mon air joyeux. Je suis encore gagnant. »
« Et quand vous recevez une mauvaise nouvelle, vous souriez encore ? »
« Euh… je peux difficilement m’en empêcher. Si je souris dans la tempête, j’ai l’air d’un homme aux nerfs solides. C’est encore moi qui suis gagnant. »
« Vous pourriez peut-être essayer un sourire plus fin, du coin des lèvres. Ce serait moins exaspérant pour les autres. »
« Oui, pourquoi pas. Mais le problème, c’est que je souris encore du regard. Je ne peux tout de même pas aborder les gens en fermant les mieux, tout en ayant un petit rictus aux coins des lèvres, ça ferait bizarre. »
« Bon, alors mettez quelque chose qui vous déplait devant vous, le portrait de votre belle-mère par exemple, pour que votre regard soit voilé d’une ombre d’exaspération. »
« Je vais essayer. J’espère que je ne souris pas avec mes oreilles ou mon front, parce que là, je n’aurais plus de solution. »
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